latique a écrit:
Vieux-Gontrand a écrit:
superficiel et essentialiste dans la présentation des enjeux communautaires
"Essentialiste" ?
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Le film se passe dans un univers sudiste complètement ségrégué, sans que les terroristes ne remettent vraiment cela en cause. ils viennent d'un milieu rural et la ville représente un lieu de pouvoir visé par leurs attentats, tout comme il elle est celui que l'extrême droite essaie d'investir (et y parvient avec l'immeuble/chambre à gaz), mais elle leur est finalement pareillement extérieure, ce n'est pas un milieu investi pour lui-même, cosmopolite et tangible.
Et exalter durant trois heures, les valeurs d'endurance, de vaillance et de sacrifice attachées aux femmes noires d'une part, et leur franchise sexuelle envers l'homme dominateurblanc de l'autre, ce n'est pas vraiment remettre en question la vision du monde sudiste. Sans parler du fait que la fille qui se libère en conservant l'entrave des menottes, qui rappellent la chaîne ou les fers aux pieds.
L'imagerie de l'esclavage est complètement conservée, et en fait exploitée.
Par ailleurs la mère tue un vigile noir. Dans la logique du film cela explique la clémence dont elle bénéficie, mais ob ne se pose ensuite pas plus de questions que cela: il s'agit d'un conflit racial dans lequel les noirs se tuent entre eux, tout comme les blancs .
Les terroristes s'en prennent principalement à leurs frères porte-flingue de l'autre camp, mais c'est uniquement un ressort, conscient certes, qui rythme le récit, plutôt qu' une impasse ou même une contradiction, les activistes neo-Weathermen ont la même phobie morale envers le subalterne que les comploteurs à la Klux Klux Klan, le souci de la dépendance en moins.
Le regard sur les latinos est lui-aussi extrêmement caricatural, ceux-ci fournissent au récit un seul et même arrière- plan, qu'il s'agisse de les libérer d'un camp ou de les héberger. Ils ne posent jamais la moindre question sur ce qui leur arrive.
La déportation et la fuite sont filmées comme des expériences, voire des phénomènes naturels, traversés avec truculence et dans la bonne humeur collective.
Le seul échange entre Di Caprio et eux (qui pourtant parle espagnol), c'est quand Del Toro leur sort qu'il est
El Zaptero gringo. Le gauchiste Taco Bell en somme, ce qui provoque leur respectueuse et mécanique sidération . Même dans un vieux western de Peckinpah comme Major Dundee ou Joe Kidd de Sturges ils sont plus incarnés.
latique a écrit:
Vieux-Gontrand a écrit:
il n'a pas menti depuis le début à sa fille (il ignore que la mère est une balance avant l'intrigue et a du fuir en panique en oubliant le groupe, il ignore sansd doute aussi la relation entre sa femme et Penn
Le groupe sait bien que Perfidia est une balance puisqu'ils sont identifiés et traqués après son arrestation. Bob raconte à Willa que Perfidia a été tuée par Lockjaw - ce qui est sans doute une manière de dire qu'il sait quelle est leur relation.
"Oublier le groupe", que veux-tu dire? C'est le groupe qui organise sa fuite, même si, après la naissance de Charlene/Willa, il semble s'être mis en retrait (c'est d'ailleurs ce que Perfidia lui reproche). Il n'est pas présent lors du braquage qui tourne mal par exemple.
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D'une part il n'est justement pas traqué et identifié pendant 16 ans (la milice vise avant tout la ville pour l'immigration clandestine, et l'hélicoptère ne déclenche pas sa fuite, ni n'identifie la maison), et il s'est vraiment mis très très en retrait : il a oublié les mots de passe (running gag pesant) et ne semble pas très ouvert aux engagements progressistes actuels, comme en attestent ses sarcasme contre le petit ami
gender fluid (par ailleurs seule vraie balance du film) ou le standardiste, sa sidération devant les smartphones qui l'efface politiquement face à sa fille va dans le même sens).
Enfin la fuite a lieu dès l'arrestation de la mère, pas après qu'elle donne les noms.
latique a écrit:
Vieux-Gontrand a écrit:
le scrupule suicidaire du séide Cherokee et le carton moralement rédempteur partiellement hors champ.
Je ne vois plus à quel carton tu fais allusion. Avanti revient sur ses pas aussi pour répondre aux insultes racistes.
Celui-ci reçoit l'insulte après avoir pris le fusil pour libérer la fille, après qu' un plan l'ait montré pris de scrupules en voyant celle-ci à la fois anéantie et mal gardée. Le racisme est moins dans les mots que la situation (les non aryen manquent du ressort vital permettant de s'évader) et l'insulte vient
à la place du meurtre punitif attendu de la part du boss, et non comme
déclencheur de celui-ci : elle le vexe après son acte car elle renforce le déshonneur. Auparavant il s'agit d'une remise des clés des menottes sur la table, scène pratiquement muette. La contradiction entre son zèle de bon exécutant et le point de vue moral de ses employeurs est présente, mais jamais exprimée, sinon tout au sommet de la hiérarchie des néo-KKK (bien ménagée par le film).
Je n'ai pas envie de me refaire une virginité morale sur le dos du film, cela ne servirait pas à grand chose, mais faut se lever tôt pour y voir un horizon ou même un sous-texte progressiste.