Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 07 Oct 2025, 06:03

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 52 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4  Suivante
Auteur Message
MessagePosté: 01 Oct 2025, 20:27 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 17 Juin 2021, 13:07
Messages: 2086
c'est sean penn qui relance ça pour effacer les traces de sa liaison avec une femme noire pour pouvoir faire partie du club suprémaciste. mais dans l'absolu ils s'en foutent des révolutionnaires, c'est juste pour pouvoir localiser la fille.


sinon, même sur un imax pourri comme celui de la villette, c'était totalement incroyable. ça remplit donc tout l'écran tout du long, c'est d'une beauté à couper le souffle, et hyper spectaculaire pas d'une manière classiquement spectaculaire pour un truc en imax. juste : incr.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 02 Oct 2025, 14:18 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Oct 2009, 11:34
Messages: 772
FingersCrossed a écrit:
c'est sean penn qui relance ça pour effacer les traces de sa liaison avec une femme noire pour pouvoir faire partie du club suprémaciste. mais dans l'absolu ils s'en foutent des révolutionnaires, c'est juste pour pouvoir localiser la fille.
Oui, c'est ça. Merci.
Je me souvenais de la scène avec Lockjaw et les Aventuriers de Noël et de celle de l'arrestation de l'ex-French 75 qui fait des émissions de radio, mais je ne me souvenais plus de leur ordre. L'arrestation survient juste après la scène où les Aventuriers proposent à Lockjaw de les rejoindre. C'est Avanti (le Comanche qu'on revoit à la fin) qui arrête ce gars, sur ordre de Lockjaw.

Je suis retourné voir le film finalement, pour en avoir le coeur net. Il m'a paru plus simple et lisible que ce que j'en avais perçu la première fois.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 03 Oct 2025, 18:13 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Oct 2009, 11:34
Messages: 772
Ce qui m’a semblé clair, en revoyant le film, c’est que le personnage central, c’est Willa. Toutes les aventures politico-épiques retracées par le film me semblent correspondre au "roman familial" que Willa élabore pour résoudre la question de ses origines et devenir celle qu’elle est. Le concept de "roman familial" vient de la psychanalyse (Freud et Otto Rank). Je ne vais pas faire semblant de m’y connaître, mais pour le peu que j’en sais, il y a plusieurs éléments qui me semblent ouvrir des lectures possibles du film. Me corrigeront ceux qui en savent plus que moi sur le sujet.

:::SPOILERS:::

Le "roman familial", c’est le scénario imaginaire qu’un enfant se raconte pour se libérer de l’autorité parentale. Quand il commence à s’apercevoir que ses parents ne sont pas des dieux mais des humains faillibles, il se rêve une autre parenté : il se croit enfant trouvé, recueilli par une famille de pauvres gens alors qu’il est fils de prince, etc, ce genre de contes par lesquels il cherche à résoudre les conflits naissants vis-à-vis d’eux et à trouver son équilibre. Le truc intéressant ici, c’est que Freud et Rank se servent de ce concept pour expliquer la naissance de héros mythiques. Rank étudie les cas de Romulus, Œdipe ou Jésus, tous des "enfants trouvés" devenus héros fondateurs. Freud, lui, s’intéresse au cas de Moïse, devenu le libérateur du peuple juif : né prince égyptien, Moïse s’imagine qu’il est un enfant juif, et ce renversement d’identification explique qu’il se range du côté des pauvres, des esclaves, pour balayer l’autorité du père-pharaon.

J’ai pensé à l’histoire de Moïse en revoyant le film, à cause de la reprise de ce plan qu’on a déjà vu chez Anderson : le "bastard in a basket", comme dans "There will be blood", qui revient ici avec Willa, bébé abandonné et exfiltré in extremis pour échapper à la police. D’une manière générale, le film m’a semblé baigner dans une atmosphère de fable, un conte de Noël d’aujourd’hui gravitant autour de cette nativité de Willa, qui constitue vraiment l’œil du film : œil du cyclone d’un film qui emporte tout sur son passage par son énergie, mais aussi œil par lequel on voit tout et qui fabule les différents rebondissements de cette généalogie compliquée qui occupe l’essentiel du film. La naissance de Willa coupe vraiment le film en deux : d’abord le prologue qui s’apparente à un long montage-séquence balayant en une trentaine de minutes la tourmente d’événements et de personnages qui précède sa naissance, une brusque ellipse de 16 ans ensuite, puis cette longue course-poursuite de 2 heures, qui s’étale sur 3 jours (pas plus) au bout de laquelle Willa trouve son "vrai" père, sa "vraie" mère, et peut enfin les aimer et les quitter.

Vu comme ça, comme le "roman familial" de Willa, le film se déroule sur deux plans : un plan réaliste, où elle est la fille de Bob, un veuf qui passe ses journées à fumer, picoler et écouter du Steely Dan sur du matériel hi-fi vintage. Un père étouffant et décevant, mais un loser aimant malgré tout (il se farcit les réunions parents-profs, ce genre de corvée). Sur un autre plan, qu’on dira fantasmatique, Willa cherche à régler ses conflits avec son père en imaginant qu’elle n’est pas sa fille : les figures parentales se dédoublent et se transforment ; l’ancrage temporel se brouille (à quelle époque est-on ?) ; l’inconscient branche les réalités les plus actuelles (la traque des migrants à la frontière mexicaine) à un imaginaire complotiste de film d’espionnage ringard, peuplé de sociétés secrètes burlesques et de nonnes rebelles fumeuses de joints. Dans ce scénario, la mère Perfidia n’est plus l’héroïne que Willa idéalisait mais une tête brûlée, une balance qui a trahi tous ses amis, et Lockjaw, une pourriture nazie surpuissante et infanticide, prend la place du père comme double inversé – scénario imaginaire qui permettra à Willa, dans l’épilogue, de se trouver elle-même, en reconnaissant Bob comme son vrai père et en remettant ses deux parents chacun à leur vrai rang: ni héros, ni loser.
Les reproches adressés à cette partie du film (selon lesquels elle serait outrée, caricaturale, etc) me paraissent manquer ce que ces outrances ont justement pour but de signaler, à savoir qu'on peut les considérer comme un autre niveau de réalité, celui du "roman" que se raconte Willa sur ses origines pour s’en libérer ; roman d’inspiration composite, disons pop-psychanalytico-biblique pour faire simple, structuré sur le modèle des grands récits mythiques (Moïse ou Œdipe) comme sur celui des origin stories des super-héros de comics, dans un grand mix postmoderne de références nobles et populaires, sans hiérarchie (je n’ai pas vu des masses de films de super-héros, mais j’y pensais régulièrement : à la réapparition cartoonesque de Lockjaw par exemple, ou lorsqu’Anderson utilise le thème musical le plus dramatique de Jonny Greenwood pour accompagner la naissance à l’écran de ses trois characters archétypiques : Perfidia au tout début, Lockjaw quand il sort de la réunion avec les Aventuriers de Noël, et Willa lors de la scène dans l’église avec Lockjaw. Significativement, ce thème musical n’est jamais utilisé pour Bob, signe qu’il existe sur un autre plan). Ce qui résulte de l’articulation de ces deux plans, réaliste et fantasmatique, c’est la naissance d’une héroïne, la jeune femme libre et active qu’on voit au dernier plan décoller dans sa voiture, et à qui la mère dans sa lettre finale confie rien moins que la mission de sauver ce monde (« Maybe you will be the one who puts the world right »).


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 03 Oct 2025, 18:37 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 17 Juin 2021, 13:07
Messages: 2086
merci pour tout ce que tu as écrit...

latique a écrit:
Ce qui m’a semblé clair, en revoyant le film, c’est que le personnage central, c’est Willa.


... tout à fait.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 03 Oct 2025, 22:25 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Oct 2009, 11:34
Messages: 772
OK. Mais sur quel point tu es en désaccord? Vraiment tout ?


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 03 Oct 2025, 23:29 
Hors ligne
Meilleur Foruméen
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
Messages: 88591
Localisation: Fortress of Précarité
Euh non il est d'accord sur tout.

_________________
Image


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 05 Oct 2025, 11:46 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Oct 2009, 11:34
Messages: 772
Sur le forum dvdclassik, un forumeur (smokenmaster) suggère que dans la scène finale
la lettre de la mère a été écrite par Bob lui-même.

Hypothèse invérifiable mais très intéressante. Il me semble que DiCaprio joue à ce moment-là une forme de gêne, d’embarras, qui peut confirmer cette idée – en tout cas, elle donne une autre nuance à ce happy end qui peut paraître un peu forcé.

L’intéressant, c’est que cette idée rejoint quelque chose qu’on a souvent vu chez Anderson, à savoir que ses personnages se divisent entre ceux qui contrôlent et gardent secret leur passé et ceux dont les souvenirs sont contrôlés par d’autres. C’est littéralement le sujet de son tout premier film, "Hard eight", où Baker Hall réécrit/invente le passé de John C Reilly.
D’un côté, il y a ces figures paternelles monstrueuses, comme Plainview, Woodcock ou Dodd, dont le passé est un secret bien gardé – et gare à ceux qui tentent de s’y immiscer, d’en jouer, comme ce frère fictif que Plainview démasque et liquide dans "There Will be blood".
De l’autre, il y a ces fils à la mémoire trouée, comme absents à eux-mêmes et sujets à toutes les manipulations – exemplairement, Freddie Quell dans "The Master".

Dans le scénario de "The Master", le livre de Lancaster Dodd "The Cause", s’ouvrait sur cette phrase : "Shall a man be master of his memories? Or shall his memories be the master?". Si tant des films d'Anderson passent par le désert, c’est peut-être, symboliquement, parce qu’ils sont des enquêtes archéologiques sur les origines familiales – ce qu’est aussi "Une bataille après l’autre".


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 05 Oct 2025, 11:50 
Hors ligne
Antichrist
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 24399
Oh mais pour moi c'était une évidence, je n'avais pas du tout pensé l'inverse.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 05 Oct 2025, 14:12 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 20 Fév 2008, 19:19
Messages: 10303
Localisation: Ile-de-France
Ah non j'y avais pas pensé du tout. Analyse intéressante.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 05 Oct 2025, 21:09 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
Messages: 29184
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Pareil ça m’a pas traversé l’esprit.

_________________
CroqAnimement votre


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 06 Oct 2025, 00:44 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 23 Juil 2011, 12:46
Messages: 15125
Il n'y a aucun élément qui pousse l'évidence vers l'un ou l'autre. Et ce n'est de toute manière pas important dans l'impact qu'a la scène et le message qu'elle délivre dans cette jolie fin.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 06 Oct 2025, 08:31 
Hors ligne
tape dans ses mains sur La Compagnie créole
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 28 Juil 2005, 10:08
Messages: 23062
Localisation: 26, Rue du Labrador, Bruxelles
Abyssin a écrit:
Il n'y a aucun élément qui pousse l'évidence vers l'un ou l'autre. Et ce n'est de toute manière pas important dans l'impact qu'a la scène et le message qu'elle délivre dans cette jolie fin.

Voilà.
J'y avais pas pensé non plus mais ça ne change pas grand chose à cette belle fin qui m'a fait verser une larme (conclusion parfaite pour parachever l'une des séances les plus génailes de l'année, j'ai pris mon pied de la première à la dernière minute).
Et le fait qu'il cartonne est une excellente bonne nouvelle qui me rend heureux.

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 06 Oct 2025, 09:39 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 25 Oct 2009, 11:34
Messages: 772
On peut aussi être old school et persister à penser qu'il y a une différence entre une vérité et un mensonge.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 06 Oct 2025, 09:44 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 20 Fév 2008, 19:19
Messages: 10303
Localisation: Ile-de-France
Oui pour le coup ça change un peu la teinte de la fin, en gros PTA pointerait là la manipulation inhérente de soi et des autres quand on se lance à la poursuite des idéaux.

Bien envie de le revoir, et en salles. Ca me le fait rarement. Et pourtant c'est pas un 6 loin s'en faut et ce sera sans doute pas mon numéro 1 de l'année, mais c'est vraiment du plaisir.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 06 Oct 2025, 10:07 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 23 Juil 2011, 12:46
Messages: 15125
Baptiste a écrit:
Oui pour le coup ça change un peu la teinte de la fin, en gros PTA pointerait là la manipulation inhérente de soi et des autres quand on se lance à la poursuite des idéaux.


latique a écrit:
On peut aussi être old school et persister à penser qu'il y a une différence entre une vérité et un mensonge.
Ben oui mais quelle importance? Ca change rien au beau message que la jeunesse ne doitt pas hésiter à se battre pour ces idéaux. La fille a déjà cette volonté inscrite en elle. Si c'est un mensonge, c'est juste un joli moyen pour la pousser à libérer et catalyser ce qui réside déjà en elle. Aucune manipulation cynique, si c'est le cas.
et je pense sincèrement qu'on débat sur un point dont PTA se bat les couilles


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 52 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4  Suivante

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. The Master (Paul Thomas Anderson - 2012)

[ Aller à la pageAller à la page: 1 ... 5, 6, 7 ]

DPSR

94

12219

29 Aoû 2025, 06:00

Qui-Gon Jinn Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. There Will Be Blood (Paul Thomas Anderson, 2007)

[ Aller à la pageAller à la page: 1 ... 28, 29, 30 ]

Pandor

438

39827

27 Aoû 2025, 08:41

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Magnolia (Paul Thomas Anderson, 1999)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

deudtens

22

3705

04 Aoû 2025, 09:31

Abyssin Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Hard Eight (Paul Thomas Anderson, 1996)

Film Freak

2

295

03 Juin 2025, 15:54

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Phantom Thread (Paul Thomas Anderson, 2017)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3, 4, 5 ]

Gontrand

60

8105

08 Sep 2025, 12:33

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Boogie Nights (Paul Thomas Anderson - 1997)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

F-des-Bois

21

3326

23 Juin 2025, 18:38

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Inherent Vice (Paul Thomas Anderson, 2014)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3 ]

Art Core

42

6379

08 Sep 2025, 12:15

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Licorice Pizza (Paul Thomas Anderson, 2021)

[ Aller à la pageAller à la page: 1 ... 6, 7, 8 ]

Abyssin

108

7904

09 Sep 2025, 16:44

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Punch-Drunk Love (Paul Thomas Anderson - 2002)

Castorp

1

1938

08 Aoû 2025, 19:37

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. In The Lost Lands (Paul W.S. Anderson, 2025)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3 ]

bmntmp

30

1697

10 Avr 2025, 03:26

Abyssin Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 5 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web