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MessagePosté: 09 Aoû 2025, 21:43 
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Robot in Disguise
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Yek tasadef sadeh en VO

Après un accident de la route, un homme se rend chez le garagiste. Le garagiste croit le reconnaître...

Le nouveau Jafar Panahi, Palme d'Or à Cannes. Hé bien on comprend pourquoi tant le film coche toutes les cases du film d'auteur populaire: réal exilé, sujet sérieux d'actualité, traitement sur le mode du thriller, radiographie de la société iranienne... Tout y est.

Et on peut dire que le film est en grande partie réussi. La situation de départ est forte, un peu en mode LA JEUNE FILLE ET LA MORT meets TAXI TEHERAN, surtout que Panahi ne l'éclaircit pas tout de suite. Il y a une urgence et une tension inhérente au premier acte qui rend le film immédiatement prenant.

Le parcours du héros nous emmène à travers différentes strates de la société iranienne, où tu vois que personne, ni intello, ni prolo, ni homme, ni femme n'est à l'abri d'être un ennemi du régime. Et c'est touchant de voir ces anciennes victimes loosely connected par ce sinistre point commun, créant une bande de misfits qui n'ont rien à faire ensemble mais se serrent vaguement les coudes.

Et le film est drôle en plus. La situation se prête à l'absurde et Panahi multiplie les clins d’œil amusés à son pays rongé de toutes parts par le bakchich.

Après je trouve que les revirements du héros sont un peu rapides.
Et l'épisode avec la femme enceinte sort de nulle part, ça fait double coïncidence. Surtout qu'on ne comprend pas que le héros ne profite pas d'avoir la fille du suspect sous la main pour lui demander en quelle année son père a perdu sa jambe.

La fin par contre est bien.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 11 Aoû 2025, 12:45 
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Robot in Disguise
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Alors les cannois, personne l'a vu ?

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 11 Aoû 2025, 14:31 
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Siii :

C'est efficace, toujours sur le fil et forcément très fort dans ce que ça dit des traumatismes de la torture (sans que ce ne soit non plus dénué d'humour). Après je ne peux m'empêcher d'y voir une certaine roublardise, presque une fabrication, quelque chose d'un peu trop évident et qui rend le film parfois limite un peu artificiel. Mais ça reste très bien et la fin glaçante est géniale.

En revanche je me souviens déjà plus de cette histoire de
femme enceinte :shock:

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 02 Oct 2025, 17:34 
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Ne sachant strictement rien du film, quelle ne fut pas ma surprise de constater qu'il s'agissait limite d'un high concept?! La Jeune fille et la mort x 12 hommes en colère x Ambulance?

J'exagère mais j'ai trouvé franchement remarquable la façon dont Panahi, qui ne se met plus en scène, parvient à mener ce récit tambour battant...et avec beaucoup d'humour? Ce qui ne l'empêche pas d'être incroyablement vénère. Même quand il épouse l'absurdité de la situation, qu'il s'agisse de cette femme qui restera toujours en robe nuptiale ou de la corruption rampante qui gangrène la ville des vigiles aux infirmières en passant par les pompistes, on reste dans un constat incarné.

L'équipée improbable qui compose la galerie de personnages est à la fois attachante et révoltante, la fonction de chacun en disant long sans qu'il soit nécessaire de palabrer (Goli qui ne peut pas se marier avant d'avoir la réponse, comme bloquée dans le temps ; Shiva, jadis journaliste, aujourd'hui photographe de mariage), à l'instar du véhicule, espace privé et public, vecteur de déambulation sans but et sans issue.

La démonstration est assumée, dès cet accident initial comme acte providentiel jusqu'à l'inversion des rôles, les victimes devenant bourreaux potentiellement aussi injustes. Il n'y a vraiment que cette histoire d'accouchement qui franchit la limite de l'artificialité à mes yeux mais heureusement le film se termine sur deux séquences très fortes qui achèvent de situer le propos du film non pas comme une réflexion sur l'inanité de la vengeance mais un portrait d'une société hantée à vie par le spectre de la répression, le cinéaste laissant une fois de plus les plans durer pour nous laisser spectateur de l'horrible théâtre du régime.

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MessagePosté: 03 Oct 2025, 16:59 
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Toujours très concept, high ou pas, le cinéma iranien, entre les petites situations qu'on dévide programmatiquement de Farhadi, le plan séquence forme de boucle de Fish and Cat de Shahram Mokr ou simplement celui de Copie Conforme de Kiarostami, le filmage depuis le taxi de Panahi (entre autres), ou le cinéma du neveu de Golestan dont le nom m'échappe.


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MessagePosté: 03 Oct 2025, 22:34 
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Film plus démonstratif et didactique que d'habitude, proche du populisme existentiel et métaphysique (ce qu'on appelle sans doute maintenant "high concept") et becketien (cité ici) de Mohamed Rasoulof - d'ailleurs bon cinéaste lui-aussi, (mais aussi du Cercle, il y a déjà 27 ans ), mais si cela permet d'amener un public plus populaire au cinéma et lui transmettre une bonne partie de la complexité des situation politiques et sociales iraniennes, c'est un mal pour un bien.

Mine de rien, il faut du talent pour transformer le vrai sujet, obessionnel et vite apparent, en faux McGuffin. En simulacre de simulacre en somme*. Car rien n'est métaphorisé ou symbolisé.
L'histoire rassemble différents profils de l'opposition iranienne, à la fois fraternels, et rendus potentiellement rivaux à la fois par les horizons de classes sociales différentes et le jeu des petites différences morales. Les personnage se soustraient à l'épreuve qu'ils se sont eux-mêmes imposée pour conserver le droit d'énoncer aux-mêmes la vérité sur leur situation et leur emprisonnement. Ils renoncent in extremis au Talion, mais aussi aux médiations qui pourraient prolonger leur discours.
Bien aimé la fin où le scrupule moral de Vahid et confondu avec la signature sonore de la terreur, intégriste et fasciste, les deux se ressemblent, sont voisins, simultanées, amsi séparés et irréductibles l'un à l'autres.
L'oppression ressemble aux félures privées préexistantes de leurs victimes, mais le film maintient qu'il s'agit de justes potentiels. Le film est peut-être un prétexte pour filmer les postures à la fois légèrement poseuses et fières, l'endurance sans entrain des gens qui ont survécus à la répression et n'ont pas perdu la guerre ni leur leurs valeurs malgré leur fatigue (les très beaux plans entre Vahid et les photographes dans la camionette), comme si elles étaient à la fois un acquis politique, une force en même temps qu'une honte (ce sont des conversions d'un trauma plutôt qu'un témoignage, comme le cinéma lui-même dans ce contexte sans doute). Panahi a l'intelligence de ne jamais franchir le pas qui sépare un secret (même exhibé avec complaisance) d'une explication, qui reste la part difficile.


*le film a un côté hitchcockien période North By Northwest. La photographe ressemble d'ailleurs beaucoup à Eva Marie Saint, et à la limite le mec dans le coffre à la fois pourri et séducteur, dominant et incertain de son identié jusqu'à la fragilité, qui brouille tous les horizons de fuite alors qu'il est dominé, c'est un peu Charles Manson. Après tout ce sont deux road movies subis par le fait qu'un type est pris pour un autre, la victime chez Hitchcock, le salaud pour Pahani, mais la logique du récit est proche (voir la scène avec les vigiles qui rappelle celle avec les flics dans le train dans le Hitchcock). Et c'est pas pour rien que le lieu de la
(fausse car il ne s'est pas trompé)
confusion sur l'identité du gars est une volière (bon début).


Dernière édition par Vieux-Gontrand le 04 Oct 2025, 08:13, édité 4 fois.

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MessagePosté: 03 Oct 2025, 23:28 
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Film plus démonstratif et didactique que d'habitude, proche du populisme existentiel et métaphysique (ce qu'on appelle sans doute maintenant "high concept")

Non, c'est pas ça.

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MessagePosté: 03 Oct 2025, 23:47 
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Je sais bien mais je vois pas trop le high concept. La principale force du film c'est qu'il n'y a justement aucun retournement de situation, aucunes imprévisibilité ou donnée cachée. . Sinon peut-être légèrement avec
la petite fille qui devine de quoi il en retourne et couvre Vahid en le présentant comme son oncle à l'hôpital, situation proche du dernier Rasoulof
.

Et aucun obstacle opposé aux personnages (d'où l'amertume politique, ils n'en continuent pas moins à douter, non du succès mais cette fois-ci du sens de leur lutte)

Peu de hors-champ non plus
bon d'accord le chien du début qui justifie le titre, dont le fantôme revient à la fin en CGI, merci d'ailleurs de ne pas avoir fait une scène balourde façon Night Move de Reichardt ou Elle de Verhoeven, il est vrai qu'il ne s'agit pas d'un chien sinon peut-être de "comme si la honte devait lui survivre" du Procès



Le seul film franchement à dispositif méta de Panahi est le Miroir, déjà rattaché à une autre période tant esthétique que politique, le plus kiarostamien
et là encore porté par une fillette du même âge qui se rebiffe tiens, bon il y a une légère réminescence


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MessagePosté: 04 Oct 2025, 08:21 
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Seul film avec un dispositif méta ? Il joue son propre rôle dans plusieurs films si je ne m'abuse, dont Aucun Ours où on le voit diriger un film à distance.


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MessagePosté: 04 Oct 2025, 08:24 
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Ben le film dans le film, au besoin avec l'artiste dans son propre rôle, comme négation paradoxale de la censure, ce n'est plus du dispositif depuis le temps.
Entre le Début de Panfilov, Tout est à Vendre, Séquences de Tatos et j'en passe c'est une situation "classique" qui n'implique pas forcément de rupture du quatrième mur.

Autrement

Qui-Gon Jinn a écrit:

Après je trouve que les revirements du héros sont un peu rapides.
Et l'épisode avec la femme enceinte sort de nulle part, ça fait double coïncidence. Surtout qu'on ne comprend pas que le héros ne profite pas d'avoir la fille du suspect sous la main pour lui demander en quelle année son père a perdu sa jambe.

.


Après qu'elle lui ait révélé, sans doute à dessein, l'isolement total de la famille il n'y a à vrai dire plus guère de doute. Par ailleurs jamais le mec ne parait surpris de ce qui lui arrive ou tente de se disculper ou de retourner la situation (à tel point que c'est Vahid qui en vient à passer pour une taupe). Le principal facteur qui suscitait le doute était finalement la modestie matérielle d'un tel pilier du régime (son seul signe de richesse est une banale Peugeot 405, récompense malgré tout, mais bon quand on pense qu'il a été en Syrie). On retrouve d'ailleurs cette observation dans un Héros de Farhadi et les Rasoulof (je ne sais plus dans quel film les flics d'un tribunal religieux boient du coca à la place d'une bière).


Dernière édition par Vieux-Gontrand le 04 Oct 2025, 11:45, édité 2 fois.

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MessagePosté: 04 Oct 2025, 09:42 
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Là où ce type de cinéma est très bon, c'est pour décrire un système à caractère fasciste, le style de vie et la position sociale des bourreaux sont finalement guère éloignées de celle de leurs victimes. Il s'agit de conflits sociaux dans des couches sociales homogènes dans lesquels l'idéologie et l'esprit de sacrifice limitent les prétentions des cadres policiers. Le sadisme sexuel est un salaire suffisant pour ceux-ci car il reste, pour le pouvoir lui-même, une transgression, le statut social de leur famille est tout juste conservé, ici l'islamisme, au besoin exporté en Syrie comme ici, tente de structurer une classe moyenne intégrée dans l'état, qui ne s'y retrouve pas. Mais la honte reste un facteur de cohérence politique. Au contraire des systèmes communistes de type soviétiques d'ailleurs, dans lesquels le cynisme représente une chance de promotion individuelle.

Je dis cela cyniquement et de façon superficielle, comme s'il y avait une téléogie efficace derrière cela, en mode pata-Michel Foucault -ici les personnages sont préservés moralement par l'idée qu'il faudrait à nouveau tenter une autre chose, mais sans savoir laquelle.


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