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En France rebaptisé Taxi Teheran au cas où tu croirais à un reboot



Installé au volant de son taxi, Jafar Panahi sillonne les rues animées de Téhéran. Au gré des passagers qui se succèdent et se confient à lui, le réalisateur dresse le portrait de la société iranienne entre rires et émotion.

Panahi, toujours assigné à résidence et condamné à réaliser sous le manteau des essais de cinéma en captivité, continue envers et contre tout à reparler de sa condition de cinéaste interdit par le régime iranien (parce que bon, comme dans les deux précédents films à Panahi a tendance à l'auto-citation, les passagers évoquant ces précédents films "tiens ça c'est comme dans le miroir, ça ça me rappelle Sang et or", ce serait Lelouch on le taxerait direct de mégalomanie). Au terne et chiantissime Closed curtain resté inédit en France succède donc Taxi et son dispositif limpide de fausse caméra cachée, débutant comme une comédie radioscopique enlevée, vraiment drôle, une première chez Panahi, qui permet de différencier rapidement Taxi du Ten de Kiarostami.

Panahi embraie rapidement sur la place du cinéma via un personnage de revendeur de films gravés, rappelant que dans cet Iran qui apparaît soudainement si vital et solidaire, la plupart des films indépendants restent invisibles, et que chaque apprenti cinéphile doit souscrire à une sorte de consternante charte sur ce qu'il est autorisé à pouvoir filmer pour voir son film validé. Offrir un lion d'or reste indissociable du geste politique (pas sûr que le film ait bénéficié d'une place en compétition à Cannes, où Ceci n'est pas un film était passé en séance spéciale), mais bon la compétition n'était pas non plus d'un niveau ébouriffant cette année à Berlin, et ce Taxi est sans doute son film le plus plaisant, moins sentencieux et solennel à l'ère où on a l'impression de ne plus voir en salles que des films sur cinéastes plombés en mode survie que ce soit lui ou Rasoulof, voire presque De Palmaesque dans son jeu d'écrans et sa fine brouille entre cinéma et réalité.
4/6

Si on ne peut évidemment qu'être admiratif devant ce geste de cinéma envers et contre tout j'ai été moyennement séduit par le contenu même du film. En réalité je pensais que c'était un documentaire et on réalise très rapidement que ce n'est pas le cas. Dès lors j'ai un peu du mal à comprendre cette espèce de faux jeu, de tentative (parfois assez grossière - le mec blessé) de faire documentaire et surtout de venir faire des incursions de pseudo-réalités pour brouiller les pistes. J'ai le sentiment que l'on perd quelque chose de finalement très simple (un panorama de la société iranienne) pour une construction parfois artificielle dans son discours théorique (la petite fille qui récite ce qui fait un film "diffusable"). Il reste quelques belles scènes (le très beau personnage de l'avocate, le dernier plan) mais j'ai jamais marché totalement à fond. Je crois que j'aurais préféré un truc à la Ten justement, un dispositif plus frontal et plus simple que ces tentatives de micro-fictions moyennement convaincantes (même si parfois touchantes ou amusantes). Assez surpris quand même que le film ait eu le l'Ours d'or, l'impression que l'on récompense plus le contexte du film et la situation de Panahi que l'oeuvre en elle-même qui (je peux me tromper) ne marquera pas vraiment les esprits.

3.5/6

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CroqAnimement votre

Le geste politique est indissociable du projet.

+1

Le film est pas époustouflant en soit mais il gagne évidemment beaucoup à être regardé en sachant pourquoi et comment. Est-ce que ça en fait un grand film ? Peut-être pas, mais ça suffit pour en faire un très bon film en 2015.

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Oui c'est évident mais voilà ça en fait un joli film mais pas grand chose de plus.

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CroqAnimement votre

Je suis avec Art Core sur ce coup-là (et pour le coup j'ai été très déçu car je l'ai vu juste après son buzz et son ours berlinois). Film épatant par son "geste" et par sa raison d'être, après y a rien de ouf non plus. Je ne vois pas du tout le côté crowd-pleaser tant vanté. Je me suis presque fait chier. Heureusement c'est court.

4/6 parce que je suis gentil (et parce que c'est quand même très loin d'être nul)

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

En fait on dirait qu’il est forcé d'appliquer sur lui-même à échelle réduite le dispositif et le point de vue qu'il avait sur la petite fille du "Miroir", qui est un très grand film, que je mets au-dessus de "Close-Up", parce qu'il adopte en fait le parti pris inverse du Kiarostami: refuser et contourner les facilités d'un propos réflexif pour parler d'un contexte politique et social qui s'y prêterait pourtant facilement, mais le transformerait en métaphore.

J'ai trouvé ça remarquable.

Ce n'est pas juste une question de geste politique mais tout simplement de ce que Panahi, de ce que le film dit tout le long, quitte à se faire didactique par moments, sur ce qu'on a le droit de faire ou pas, de montrer ou pas, de dire ou pas, le récit bravant un à un tous ces interdits, en commençant par l'interdiction pour Panahi de sortir de chez lui et de filmer.

C'est aussi ce que ça raconte sur l'incapacité du cinéaste à rester chez lui, à ne pas aller à la recherche de sujets, pour lesquels il suffit de sortir de chez soi, par le biais de cette autofiction, troquant un huis-clos de prison (Ceci n'est pas un film) pour un huis-clos de vie, où la voiture devient le décor de plusieurs petits films, plus bouts de vie, de réel, dans un film qui brouille les frontières entre fiction et réalité parce que le cinéma c'est la vie. #grandephrasenaïve

C'est aussi l'importance constante à travers l'oeuvre de l'importance de l'objet filmé, tantôt un testament, tantôt un DVD pirate, ou un film dans le film, où les gentils portent des cravates et des noms persans et où même les voleurs ne sont pas montrés comme méchants.

Et pour ce qui est du côté crowd pleaser, je m'y suis totalement retrouvé, dans cette galerie de personnages comme autant d'aspects d'une société dont Panahi ne peut nier la noirceur mais persiste à l'envelopper dans l'optimisme de l'artiste idéaliste.

Une petite merveille.

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On tient le film non américain du top 15 de Freak. Comme d'habitude, c'est iranien, mais bon...

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

La dernière fois c'était un film israélien.

(oui, je défends le Freak)

J'ai plus souvent des français dans mon top que des iraniens...

De ma VIE, je n'ai jamais eu qu'un seul film iranien dans un de mes tops. Après, il est évident que ça me touche davantage, mais ce sont davantage les questions traitées (Le Procès de Viviane Amsalem, mon non-américain de l'an dernier, aurait pu se passer en Iran, en effet).

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De toute façon, tout le monde sait que l'Iran et Israël, c'est la même chose.

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"Je me suis mal exprimé, pardon."

Tu veux dire que pour toi ils se ressemblent tous ?

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Dictature religieuse.

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