Forum de FilmDeCulte

Un frère et une soeur malvoyante sont placés chez une nouvelle mère adoptive dans une maison isolée.


Et évidemment la dame est bizarre et ça pue pour nos deux orphelins.

Bon c'est un pitch classique mais il y a longtemps que je n'avais pas vu un film d'horreur avec une telle science pour distiller le malaise. Je préfère prévenir tout de suite, c'est à déconseiller aux ames sensibles. Car niveau angoisse psychologique, ça y va très très fort. Attention, je ne dis pas qu'il n'y a pas de gore ou d'horreur graphique mais la majorité des effets sont à l'opposé. Voir surgir l'angoisse au détour d'une conversation, une table mordue et de multiples petits détails quotidiens, c'est ce que font les frères Philippou et ça remarquablement bien. Ils méritent tous les superlatifs et mon amour.

Déjà sur le rythme et la montée progressive de la tension. En distillant ici et là quelques détails louches dans la première heure avant d'exploser en toute beauté dans son abominable deuxième partie. Abominable, c'est un compliment. Dans le sens que l'horreur du film est diablement réussie. Et ça avec très peu de violence et de sang. Pas de jumpscares, pas d'effets gratuits, il n'y a vraiment rien à jeter. Ce que réussissent les deux frangins, c'est assez fort. Et je recommande absolument de voir le film en salles pour l'immersion.

Et puis ça fait plaisir de voir les cinéastes se concentrer sur quelques personnages et surtout bien les développer. Ce qui est évidemment mieux quand on joue sur le registre de l'angoisse psychologique mais là c'est super bien exécuté. J'aime bien la relation entre le frère et la soeur et l'excellente idée d'avoir infligé un syndrome rare de perte partielle de la vue. Son handicap est super bien utilisé. En fait, c'est une mine d'or en termes d'actions du film. Mais la meilleure idée reste d'avoir confié le role de psychopathe à Sally Hawkins. En total contre-emploi, je ne me souviens pas de l'avoir déjà vu dans ce registre, sa prestation est d'excellente facture. Elle a un coté fragile et instable qui va à merveille au role.

Et en plus le film réussit à etre émouvant et avoir du fond. Ca parle de maternité toxique et de deuil. Et cette morbidité présente à l'écran me fait beaucoup penser au film Simetierre. Bref, je vais me jeter sur le premier film des Bros mais ma vision de Bring her back est un de ces moments chéris de la vie cinéphile. Ceux où contre toute attente, on se prend une bonne claque et on découvre de nouveaux cinéastes au talent grand.

Les frères Philippou viennent tout simplement de signer un grand film d'horreur et un des meilleurs de la dernière décennie.

J'ai pas lu mais je suis chauuuuud. J'espère qu'il sera toujours à l'affiche dans 2 semaines.

_________________
Netflix les gars, Netflix.

Encore un titre français complètement con.

Sinon beaucoup aimé aussi.
J'avais plutôt été séduit par Talk to me sans partager l'enthousiasme de certains et j'ai un peu retrouvé ici ce qui m'avait plu un mystère dans l'établissement d'une mythologie macabre qui dévoile ses règles peu à peu pour se faire de plus en plus glauques et flippant. Et ici il y a une véritable volonté de raconter des personnages, des drames et de ne pas uniquement jouer sur l'horreur. A ce niveau là le film est d'ailleurs plutôt chiche, il ne faut pas y chercher un déferlement de gore ou quoi c'est vraiment un slow burn qui prend son temps pour poser les pièces d'un rituel qui s'avère de plus en plus ignoble. J'aime beaucoup le personnage principal de Piper avec cette belle idée de l'avoir rendue aveugle. Sally Hawkins est démente en mère endeuillée qui dérape, une performance géniale qui la change de ses rôles de gentils madame (Paddington, La forme de l'eau) et elle s'en sort très bien, on sent qu'elle s'est éclatée. La plus grande réussite du film est d'avoir réussi à m'émouvoir plutôt qu'à me faire frissonner (même si les extraits VHS sont vraiment glauquissimes) et la fin est particulièrement réussie. Bref, un deuxième excellent film des frères Philippou et vraiment curieux de voir la suite de leur carrière.

_________________
CroqAnimement votre

La fin m'a bien emporté sur le plan de l'émotion.

Faut que je vois La main
mais le texte d'Art est conforme aux retours. Je pense que tu vas bien te régaler.

Trouvé ça plutôt bof. Le film évite le côté pesant de certains films d’horreur actuels : les personnages vivent, rient, discutent, etc. Et effectivement il y a quelques moments flippants. Mais j’ai trouvé ça plutôt chiant, finalement trop alambiqué (même si j’aime le côté « on n’explique rien »), et encore une fois l’histoire se base essentiellement sur des personnages qui ne parlent pas. Par moment t’as envie de leur gueuler « sérieux, accouche, merde ! ». Bon, ça reste pas mal fichu.

_________________
Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Je sais pas si c'est toit ou moi, mais pas plus l'impression que les autres films d'horreur.

J'ai failli l'écrire dans mon texte, j'aurais du le faire. Mais je pense sincèrement que ça va diviser. Le film n'est pas très "tendre" avec le spectateur, dans le sens que c'est une séance éprouvante. Et je comprends autant les enthousiastes que ceux qui rejettent. Je suis le premier étonné des retours excellents sur Allocine.

En bon fan de Talk to Me, j'ai à la fois retrouvé ce qui faisait la force des Philippou et été déconcerté par un récit simultanément plus classique en apparence mais également plus "mature" dans le traitement de l'horreur.

En effet, pendant un long moment, tout en appréciant une fois de plus cette arène avec un certain ancrage social d'Australie un peu lose - on est pas chez Justin Kurzel non plus mais ça reste des foyers brisés et même si on est dans une grande maison avec piscine, y a quelque chose de "sale" - ses protagonistes acnéiques avec appareil dentaire ou malvoyants pas glamour, je me demandais quand ça allait démarrer enfin. Or, les frangins optent délibérément pour une approche différente, moins frontale, plus terre-à-terre. Dès le premier mort, dégueulasse mais tristement banal, on est dans l'horreur du réel et il m'a fallu un certain temps pour saisir qu'ici, les scènes les plus horribles ou tendues n'étaient pas nécessairement les passages fantastiques ou gore.

En vrai, le film auquel j'ai le plus pensé, c'est...Jusqu'à la garde? L'horreur la plus prégnante ici, c'est l'horreur de la maltraitance, du parent toxique, de l'adulte qui manipule. Et si bien évidemment, les cinéastes réussissent toujours leurs moments les plus graphiques, continuant de mettre à mal les dentitions des plus jeunes dans des séquences proprement douloureuses à regarder, je trouve encore plus dérangeants les moments de soumission forcée.
Même sans le titre (le moche français avec son "jeu de mots" faussement malin ou l'original qui résonne avec le titre de leur précédent, comme une autre invocation), on devine plus ou moins où le récit nous emmène, quand bien même le lore se dévoile très graduellement et sans explication superflue, mais l'accent n'est vraiment pas là-dessus et davantage sur l'enfer de la situation au quotidien.

Cela étant dit, je trouve le dernier acte, où forcément il faut que ça réagisse et que ça se résolve, un peu moins convaincant dans ses ressorts classiques et son issue un peu arbitraire, mais c'est rattrapé par des images finales touchantes.

_________________

il est très beau avec son appareil dentaire, allons allons.

vous êtes globalement plus enthousiastes que moi, mais le film confirme quand même que si on ne vit pas l'âge d'or de grand chose, on en vit un du film d'horreur.
donc tu vas voir ça et c'est quand même le genre qui permet à des réalisateurs intéressants, avec un petit style à eux, de lancer leur carrière autrement qu'avec des conneries ou des putes à festivals. c'est le genre qui permet à une non a-lister d'avoir un rôle principal où elle déchire, montre une toute nouvelle facette de son talent, trop bien. c'est une histoire originale. l'économie du genre permet une certaine liberté, un ton, un oeil. c'est pour adultes, pas totalement débile, et si je comprends ce que dit cosmo tout le temps sur le sérieux de pape du genre actuel qui l'agace, le fait est qu'en 2025 des films sérieux, qui ne font pas des wink wink, qui ne désamorcent pas en permanence avec des blagues à la con, qui ne dumb it down tout et se permettent de raconter leur truc sérieusement bah c'est cool. et c'est marrant parce que j'ai vu simples secrets y a 2 jours, et là on est sur un autre drame familial, raconté largement différement mais je suis bien d'accord avec vous sur le fait qu'au final c'est extremement touchant et bien sous cet angle-là, et là encore des films mainstreams avec un drame familial joli et bien écrit en son coeur c'est pas tous les jours.

et, malgré ces deux titres totalement insensés et spoilerish (je ne savais strictement rien de l'histoire ou quoi et donc j'ai quand même logiquement largement grillé au bout de 5 minutes de quoi il retournait, je ne sais pas si ça aurait été le cas sans ces titres absurdes mais enfin en l'état c'est vraiment débile) , l'histoire est bien racontée, efficace, vous avez bien décrit le slow burn du truc, le malaise, l'efficacité du dispositif dans toutes ses facettes.

mais...

spoilers

à 1h, le film multiplie un peu des petites péripéties pour exprimer ce qu'on avait déjà bien compris (la fille cognée dans son sommeil, le petit séjour à l'hopital...). elles sont efficaces, mais on avait compris, quoi. du coup, l'impression qu'il y en avait pour 1 heure d'histoire et qu'il y a vraiment 35 minutes en plus pour tenir la distance. petit problème banal, rien de très grave mais ça nuit quand même à l'efficacité pure.
puis on rentre dans le final, et là outre les facilités qui sont plus au niveau d'une connerie industrielle us (le coup de fil piraté pile au bon moment, la meuf qui nettoie la maison ravagée en 2 minutes...) font apparaître que le film valorise la shock value un peu artificielle. parce que la grosse crise du gamin au final ne sert pas à grand chose. puis la shock value du gamin est complètement disproportionnée par rapport à son véritable intéret dans l'histoire. d'autant que ça n'a pas trop de sens en vérité. tout comme... le simple postulat de départ. elle ne voulait pas faire venir le frère et dans son plan c'est bizarre d'avoir finalement accepté. de glisser la phrase "ton père quand je l'ai tué" à l'hopital est juste génial, mais... vraiment ça n'était pas plus simple de juste enlever une adolescente lambda et de la droguer le temps nécessaire, si c'est déjà ce qu'elle a fait avec le gamin ? sachant que je n'ai pas très bien compris pourquoi elle prenait autant de temps, pourquoi elle se donnait tout ce mal avec le frère - j'ai fini par admettre que dans le rituel il faut du temps machin - complètement artificiel mais ok, admettons...

donc au final, comparé à leur premier, j'ai quand même trouvé que l'histoire générait de belles choses mais restait une construction un peu artificielle, un truc avec des gros trous et qui ne fonctionne pas vraiment de manière organique, ce que l'on comble avec du shock, du gravita, des tralalas (j'appelle ça le syndrome dark knight rises) et tout ça est très efficace mais je ne peux pas m'empêcher de voir une histoire qu'on a cherché et qu'on a trouvé et qu'on a développé avec son cerveau et ses petits outils - plutôt que l'évidence conceptuelle et organique de leur premier (qui était un peu piraté aussi par le boite à outils contemporaine du scénario d'horreur dans sa deuxième partie, mais wathev).

après j'ai quand même passé un bon moment.

C’est pas le sérieux qui me gêne, mais la pesanteur et l’absence de vie. Un peu comme chez Lucas Belvaux où l’on vit dans le noir, où l’on se répond en laissant passer 10sec entre chaque phrase, où l’on parle en se tournant le dos (j’exagère, c’est surtout dans 38 témoins, tout ça). Pour moi il y a un effet Nolan qui marche bien sur ses films (mais que certains lui reprochent, n’empêche) mais qui s’étend à tout un genre. On peut rester sérieux sans être pesant, montrer les personnages bavarder naturellement, rire, boire, manger, etc., vivre tout simplement sans pour autant ajouter des gags, et c’est le bon point de ce Substitution.

_________________
Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

oui je vois très bien et je suis d'accord, mais là-dessus c'est quelque chose de très général la difficulté à faire vivre les personnages en dehors du genre auquel appartient l'histoire qu'ils sont en train de vivre.