Forum de FilmDeCulte

Sonny Hayes était le prodige de la F1 des années 90 jusqu’à son terrible accident. Trente ans plus tard, devenu un pilote indépendant, il est contacté par Ruben Cervantes, patron d’une écurie en faillite qui le convainc de revenir pour sauver l’équipe aux côtés de Joshua Pearce, diamant brut prêt à devenir le numéro 1, et prouver qu’il est toujours le meilleur.

Quand le titre est apparu à l'écran sans son ridicule sous-titre "The Movie", je me suis dit, rassuré, qu'il avait beau adopter ce sigle et le logo de la "marque", il ne s'agirait pas d'un long spot de pub. Deux heures et demie plus tard, je n'en suis pas si sûr.

Il y a quelques années, Joseph Kosinski et Brad Pitt (et Tom Cruise) devaient faire ce qui est devenu Le Mans 66 de James Mangold. Après ça, le cinéaste fut également attaché un temps au projet Gran Turismo finalement réalisé par Neill Blomkamp. En gros, ça le travaillait, le Joe. Et comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, pour la première fois il est crédité à l'histoire. Et c'est pourtant son film le plus impersonnel?

Dès le départ, on retrouve pourtant les grandes qualités du cinéma sensoriel de l'auteur. Épaulé comme toujours du chef opérateur Claudio Miranda et tournant cette fois tout le film en IMAX 1.90, Kosinski signe chaque course de sa ligne claire immersive, l'image numérique cristalline abolissant la frontière de l'écran entre le spectateur et le spectacle. Quand il laisse le temps à la séquence de durer dans une continuité, les vrombissements du moteur, le défilement du paysage à toute vitesse, la musique tonitruante de Hans Zimmer composent une expérience son et lumière enveloppante. Pour peu que la voûte céleste nocturne s'agrémente de feux d'artifice, c'est le must.

Dans ses meilleurs moments, F1 énergise de la sorte. Mais ce qui faisait la réussite des scènes de vol de Top Gun Maverick ne résidait pas dans la seule épate audiovisuelle, il y avait aussi des enjeux narratifs. Même sans Tom Cruise, dont la présence charriait un sous-texte métafilmique enrichissant le film, le scénario faisait le taf. Or, ici il n'y a pas un arc aussi lisible. L'ensemble reste compétent mais incroyablement balisé et sans le gravitas nécessaire pour porter les scènes. Le film semble avoir envie de dire quelque chose sur la place que l'on mérite et que l'on a abandonné, avec ce protagoniste qui se fiche des lauriers et conduit pour conduire mais se révèle vouloir être le meilleur quand même (l'un des titres de travail était Apex, qui donne également son nom à l'écurie) mais son cheminement se fait étrange, d'abord arrogant puis très vite dans la collectif. Il y a aussi ses méthodes de magouilleurs, permettant de se positionner en grappillant des secondes à chaque tour, qui ne sont pas sans rappeler Moneyball (et c'est peut-être Pitt qui a appelé Aaron Sorkin, crédité sur le site de la Writer's Guild aux réécritures et dont on sent la patte sur quelques échanges amusants) et laissent entrevoir un récit sur l'élément rebelle baisant le système...mais ça reste un film siglé du logo de la marque.

Il y avait pourtant quelque chose d'intéressant à développer sur la notion de l'humain dans la machine, au sens figuré comme au sens propre. Ingénieur en mécanique de formation, Kosinski a toujours placé ses héros dans des véhicules extensions d'eux-mêmes (le LightCycle de Tron Legacy, le F-14 de Top Gun Maverick) ou dans un rapport étroit avec eux (Cruise le réparateur de drones dans Oblivion), les appelant à se soulever contre la Machine (Tron c'est littéralement un gars coincé dans une machine, le grand méchant d'Oblivion c'est globalement une grande station spatiale...) et l'espace d'un court instant, quand il est question de construire un nouveau véhicule (on sent l'exorcisme du rendez-vous manqué avec Le Mans 66) ou dans toutes ces répliques un peu bateau entre ce qui fait la victoire, la voiture ou le pilote, on se dit que c'est là qu'est le cœur du film.
Mais pas vraiment.

En fait, le film n'a pas grand chose à raconter. Il y a bien tout ce que je dis ci-dessus mais ce n'est pas convenablement développé, c'est laissé à son niveau le plus fonctionnel. Alors ça fonctionne. Mais c'est tout. Alors spot de pub, je sais pas, le film n'est jamais putassier, mais ça manque clairement de substance.

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Rien qu'à l'affiche on sent que l'enjeu est de foutre un blanc WASP à la place de Lewis Hamilton pour que la F1 redevienne le truc politiquement saumâtre qu'elle a été, entre Ballestre l'ancien SS, le fils d'Oswald Mosley et Ecclestone Hitler-comme-entrepreneur-pourquoi-pas. Film en phase avec l'époque

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He pays penance to the air above him

N.O. - The Him

Haha la fin c'est littéralement (vrai spoiler) :

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C'est absolument dégueulasse.
Surtout que 1) il y a un non dit dans l'establishment F1 qui veut bie qu'il y ai des noirs qui gagnent du moment qu'il n'y en ait qu'un seul (même chose pour les femmes, les juifs et les arabes d'ailleurs) 2) la couleur de l'Apex est reprise sur une livrée Mercedes conçue pour soutenir Black Live Matters (auparavant les Mercos arboraient un gris renvoyant à une convention de l'époque hitlérienne)

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He pays penance to the air above him

N.O. - The Him

Hamilton est prod sur le film, préparateur physique de Brad Pitt... Faut relativiser, nan ?

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I think we're gonna need a helmet.

Ben voilà cela explique tout le film l'a terminé, il aurait dû passer chez Ferrari avant Brad Pitt et Meloni et pas après.

Le propriétaire de la F1 depuis une dizaine d'années (le premier mandat de Trump en fait), Liberty Media, est le truc d'un libertarien pro-Trump , le premier ou deuxième propriétaire foncier des USA, apparemment il possède la superficie de Rhodes Island. Faut bien que cela transparaisse quelque-part.

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He pays penance to the air above him

N.O. - The Him

C'est fun pour un petit de 10 ans ? Ou bien c'est compliqué/violent/ça fait peur ?

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Mmmm...ni l'un ni l'autre ? Montre-lui la bande-annonce.

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Kosinski est un boss visuellement et le film ne déçoit pas. C'est clean, clair, incarné, ça envoie, et la zik te porte. Trop bon de l'avoir vu en salle, certes pas Imax. Y a plein de plans qui envoient du lourd et en même temps ça part pas dans le m'as-tu-vu, Kosinski semble s'astreindre à ce qu'il peut filmer dans la vraie vie. La corollaire c'est qu'on pourrait reprocher à chaque course d'être filmée pareil. Un autre réal n'aurait sans doute pas hésité à faire de chaque course un concept visuel différent. On aurait gagné quelque chose (de la variété visuelle) qu'on aurait perdu ailleurs (sans doute du CGI fuckfest)...

La F1 c'est un peu incompréhensible pour moi donc bravo au film d'avoir su poser des enjeux clairs (merci le commentateur qui explique tout - et merci d'avoir casté un acteur noir parce que sinon on s'y retrouverait juste JAMAIS entre les plans Sonny et les plans Pearce). Le script a le mérite aussi de présenter de vraie stratégies de course au delà du simple "Il faut rouler le plus vite possible".

De ce point de vue là, le film remplit parfaitement son rôle de publireportage qui donne envie de s'intéresser à la F1 (en dépit du côté Empreinte Carbone: Le Film ... Le plan gratuit sur le 787 DreamLiner avec une escort de jets qui survole la course). Et ça réussit à vraiment en faire l'anti-CARS. On est loin, trèees loin, du monde de l'Americana hick. Ça joue la carte du glamour cosmopolite avec cette tour de Babel d'accents et d'acteurs de tous horizons.

Par contre au niveau de ce que ça raconte réellement je suis perdu. Au début je repensais à RAPIDE et, à la différence de son héroïne, et je me suis demandé si Sonny Hayes serait un héros intéressant. J'ai d'ailleurs regardé les 15 premières minutes en me disant "Si le héros était une meuf, cette scène serait-elle la même ?". Bref on se retrouve avec ce gars arrogant, ancien winner déchu qui cache une fêlure derrière sa gouaille. Ça travaille vite fait un rapport père-fils entre les deux orphelins et au final tout ceci devient flou (film de transmission qui devient un banal film de revanche sur la vie) et ne va nulle part. On est loin de RUSH qui racontait le parcours complémentaire de deux gars qui s'éclairaient l'un l'autre.

Ah oui et sinon c'est l'illustration parfaite du syndrome que je pointais en shoutbox l'autre jour: le film avec un perso secondaire qui est présent seulement dans le prégénérique et qui se retrouve crédité dans le générique de début alors qu'on ne le reverra plus après. Rogntudju.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

j'ai trouvé ça très sympa aussi.

déjà visuellement c'est impressionnant. je ne sais pas si c'est une nouvelle génération de caméra ou quoi mais c'est vraiment spectaculaire. et c'est couplé à une da similaire à celle de la marque qui produit - beaucoup de blanc, lignes épurées, matières luxueuses, hyper riche sans être ostentatoire... la caméra + la da c'est vraiment slick et beau et élégant dans sa manière particulière de dégouliner de pognon.

j'ai aussi trouvé très intéressant le portrait du sport contemporain. c'est ultra financiarisé. du fric partout - mais les équipes sont quand même constituées de gens passionnés dont c'est le destin et un accomplissement d'être là. j'ai aimé la manière de montrer toute l'équipe nécessaire derrière les exploits du champion, que même changer les roues rapidement c'est un enjeu et c'est celui de cette jeune fille blonde qui foire un coup et réussit un autre... il y a aussi tout l'aspect technologique - j'ai adoré le dialogue entre technologie et le talent de savoir s'en servir - qui fait donc écho au talent de ce genre de réalisateurs. la manière dont il montre toute la technologie pour mesurer les perfs du jeune est super intéressante aussi.
et ça s'incarne aussi au portrait du jeune vs le vieux pilote, qui montre l'évolution de tout ça. c'était des destins, parfois brisés, des personnalités fortes et complexes, du potentiel nécessairement gâché et on faisait confiance à l'instinct pour le meilleur ou pour le pire... et la nouvelle génération de sportifs qui baignent dans le fric, la communication, le calcul, la science, les marques partenaires... mais la personnalité finit par ressortir et c'est toujours en se faisant avoir par leur ego. ça correspond à quelque chose de bien réel j'ai l'impression ?

tout ça manque sinon clairement de fond mais à la limite j'ai apprecié de ne pas se prendre la tête avec une histoire pretexte dont on se branle nécessairement. c'est une écurie qui doit gagner la saison, this will do. ma foi...

et on critique les films trop longs mais avec une clim aussi bien reglée que celle du max linder, les 2h30 passaient crême !

par contre

Moins riche que Top gun, moins intelligent que Rush mais quand même un excellent blockbuster avec un scénario simple et carré, une mise en scène nerveuse et précise, des personnages basiques mais incarnés, bref 2h35 de bonheur cinématographique (effectivement à la fraîche).

Vous êtes fous. Le scénario est fait par un IA, c'est un défilé insensé de marques à l'écran, plus un spot de pub pour une dictature... Alors oui Kosinski n'est pas manchot mais bon...

Oui c'est vrai que la fin à Abu Dhabi j'ai tiqué. Pour le reste (la pub, le fric, ...) bah c'est le monde de la F1

Bah on a le droit de trouver que ce n'est plus du cinéma mais une pub géante.