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MessagePosté: 07 Déc 2022, 11:45 
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Je pense sincèrement que tu avais un biais en regardant le film. Lis un peu sur le film tu verras que c'est pas du tout ce qui ressort. Même Bégaudeau a passé son podcast à être nostalgique sur son époque.

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MessagePosté: 07 Déc 2022, 11:46 
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Déjà-vu a écrit:
Art Core a écrit:
On peut le comparer à Armageddon Time et la différence est abyssale. Chez Gray tout suinte la honte et la culpabilité.

Du coup tu passes ta note à 4 ou 5/6 ? :D


4.1 :D

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MessagePosté: 07 Déc 2022, 11:49 
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Art Core a écrit:
Je pense sincèrement que tu avais un biais en regardant le film. Lis un peu sur le film tu verras que c'est pas du tout ce qui ressort. Même Bégaudeau a passé son podcast à être nostalgique sur son époque.

Vu que je ne savais absolument pas de quoi parlait le film et que je n'avais rien lu dessus, je vois pas comment je pouvais avoir un biais. Et ça n'est même pas un angle que j'avais particulièrement relevé chez Linklater auparavant.


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MessagePosté: 07 Déc 2022, 11:54 
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Lohmann a écrit:
La critique de Linklater est bien plus intéressante que celle de Gray, d'une parce qu'elle n'est pas lourdement larmoyante, de deux parce qu'elle est sociétale quand Gray ne sait que se regarder le nombril.

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MessagePosté: 12 Déc 2022, 09:43 
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C'est un peu la loi des rendements décroissants les retours de Linklater sur sa jeunesse . Everybody wants some! était déjà un peu moins bon que Dazed and Confused , et celui-ci est moins bon que Everybody wants some!. Le procédé de la voix-off y est pour beaucoup : incessante, elle se contente de relater ce qu'on est en train de voir ("ma soeur aimait les Monkees" => hop, elle met un disque des Monkees, "on a fait un tour de train fantôme et il y avait un ado déguisé en abominable homme des neiges" => ils sont dans le train fantôme et on voit le mec dans le costume) sans jamais offrir un contrepoint ou jouer avec les images/instantanés nostalgiques. C'est à un point où on a l'impression de se retrouver devant la série Les Années coup de cœur . Les rares moments où ça ferme sa gueule sont dévolus à la sortie dans l'espace fantasmée sur laquelle je rejoins Art Core dans le traitement formel par-dessus la jambe. On a ces décrochages tellement éloignés les uns des autres qu'on en oublie le fil jusqu'à ce que tout s'empile vers la fin dans un mélange au premier abord pas heureux avec le vrai alunissage.

Il reste que j'ai bien aimé le début quand je retrouve ce que je préfère chez le réal : un côté "Ford au chichon" qui dépeint les rites initiatiques et les rituels d'une communauté. Que ce soit les punitions dans la cour, le démontage d'un pneu, la sortie des poubelles, ou forcément les différents sports. Il y en a un en particulier qui résume bien le dilemme du héros chez Linklater (être dans cette communauté mais garder son individualité : un résumé de l'Amérique) : la partie de "statue" où il faut arrêter de bouger pour mimer ce qu'on veut. C'est peut-être là la clé du lien entre les deux récits de Apollo 10 1/2, celui fantasmé et celui factuel : comment un gamin bonimenteur peut s'insérer dans une Amérique qui est encore conservatrice. Un peu comme l'aspirant joueur de baseball qui fricote avec une étudiante en art (avec un split-screen dans la drague : on sépare et on réunit en même temps deux "factions" de la fac qui ne sont pas censés frayer) : on retrouve cette réunion "d'opposants" à la cool avec la famille qui se réunit devant l'alunissage qui parvient même à arracher in extremis un sourire à la sœur branchée hippie. Et on comprend dès lors que
le môme qui est sur le point de s'endormir ait besoin de surcompenser le fait d'avoir raté l'événement, d'où le double-récit
.

Comme j'ai pas vu le Gray, je ne sais pas si il est plus ou moins convaincant à démontrer que le racisme c'est pas bien mais en l'état, je dirais que comme son héros, il y a une prise de conscience d'être à la fois dans une bulle située dans un monde beaucoup plus vaste qui demande qu'on prenne du recul, le voir depuis l'infini de l'espace, pour en saisir la beauté, la fragilité et les possibilités. J'aurais jamais pensé à ça en débutant le visionnage, mais avec cette manière à la cool de considérer la marche de l'humanité comme menant de concert vers les étoiles, Linklater serait un bon candidat pour reprendre Star Trek et le flambeau de la vision de Roddenberry.

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MessagePosté: 12 Déc 2022, 12:54 
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Lohmann a écrit:
Art Core a écrit:
C'est justement parce que ça reste des allusions (et dire qu'il y a un seul enfant noir dans une classe, ce n'est pas critiquer son époque) que le ton du film reste totalement positif. On peut le comparer à Armageddon Time et la différence est abyssale. Chez Gray tout suinte la honte et la culpabilité. Linklater se contente de placer une case ici ou là pour nuancer un peu sans vraiment y toucher.

Je pense absolument le contraire, mais je ne pense pas que nous trouverons un terrain d'entente. Chaque remarque prise séparément peut effectivement sembler anodine. Mise bout à bout ça donne un tout autre ton au film. La remarque sur le fait qu'il y ait un seul enfant noir dans la classe du héros survient par exemple après un reportage TV où un noir dit qu'il se désintéresse totalement de la conquête spatiale parce qu'à la NASA il n'y a que des blancs. Notre héros de demander confirmation à son père (qui passe globalement pour un réac tout le long), et sa sœur de lui répondre que bien évidemment, cf. le cas de sa classe. La critique de Linklater est bien plus intéressante que celle de Gray, d'une parce qu'elle n'est pas lourdement larmoyante, de deux parce qu'elle est sociétale quand Gray ne sait que se regarder le nombril.


La question n'est pas de savoir qui est plus larmoyant que l'autre. Le film de Gray fait état d'un passé qui n'est pas passé, traumatique, aussi bien individuellement que collectivement avec la mention de Trump. Le film de Linklater est un film ludique qui, même s'il mentionne certains problèmes sociétaux de l'époque, les survole (c'est le cas de le dire) d'une façon un peu désinvolte comme des symptômes de l'époque sans conséquence ou prolongement ni sur lui-même, ni sur le pays.


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MessagePosté: 01 Avr 2023, 16:21 
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Team Lohamnn.
Linklater aurait pu faire un film de boomer nostalgique de la bonne vieille époque ou un brûlot expiatoire pour la génération accusée d'être responsable de la crise climatique, et il a la bonne idée de trouver sa voie entre ces 2 caricatures.

Plus que d'insouciance c'est d'inconscience dont le film parle, de ce progrès technologique à l'échelle d'une génération (cf l'extrait de Kennedy qui rappelle que la traversée de l'atlantique s'est faite 35 ans avant) n'a pas pu être accompagné par un changement des comportement et par une prise de conscience personnelle et collective des ses effets néfastes.

Il y a quand même une critique finalement assez nette du mode de vie productiviste, avec la comparaison du grand père qui a connu la grande dépression et garde tous les objets et redresse ses clous tordus. De même, si la NASA fait rêver les enfants, dans les faits leurs parents ne sont pas astronautes mais en charge de la logistique, et c'est cet écart qui travaille le jeune Stan, qui le pousse à fantasmer son voyage vers la Lune (non mais sans déconner Art Core :D ).

A cela il y mêle un propos sur la fin des illusions et des rêves, symbolisée par la conquête de la Lune par l'impérialisme américain (la vision portée par la SF du film regardé par la famille, qui montrait une sorte de réconciliation USA / URSS, sera définitivement défaite par la réalité).
Si le film ne réussi pas à articuler tous ses axes, il évite de tomber dans la promotion du conformisme ou dans des discours conservateur ou pro technologie, et est au final à la fois une ode à l'imaginaire et aux plaisirs terrestres, un fable douce-amère sur un période de basculement et déjà révolue, qui ne cherche pas de coupables ni de justification a posteriori, mais illustre, sûr de sa force, un changement d'époque.


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MessagePosté: 01 Avr 2023, 19:28 
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Jerónimo a écrit:
le pousse à fantasmer son voyage vers la Lune (non mais sans déconner Art Core :D ).


Toujours la même incohérence fondamentale, pourquoi le personnage adulte nous le raconte comme un fait véridique ? A moins qu'il soit lui même limite débile et bloqué dans l'enfance ce que strictement rien ne laisse supposer...

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MessagePosté: 01 Avr 2023, 19:36 
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Non mais OK le doute est permis lors de la première scène mais on comprend rapidement que c'est du pur fantasme, et la fin ne laisse aucun doute sur l'aspect métaphorique de cet aspect du récit. L'adulte nous le raconte tel que l'ado se l'est fantasmé à l'époque, c'est une pure projection dans l'esprit même du môme, qui s'est rêvé une aventure afin de pallier sa vie terre à terre, une manière de nous mettre à sa hauteur.


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MessagePosté: 01 Avr 2023, 19:50 
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Pour moi ça marche tout simplement pas. Il y a une faille énorme dans le scénario, une espèce d'impossibilité narrative. Tu racontes la vérité ou pas. Où tu l'écris suffisamment bien pour que l'on comprenne la démarche psychologique du personnage (qui ici n'a aucun sens).

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MessagePosté: 01 Avr 2023, 19:50 
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Pour moi ça marche tout simplement pas. Il y a une faille énorme dans le scénario, une espèce d'impossibilité narrative. Tu racontes la vérité ou pas. Ou tu l'écris suffisamment bien pour que l'on comprenne la démarche psychologique du personnage (qui ici n'a aucun sens).

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MessagePosté: 01 Avr 2023, 20:05 
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Je prétends pas non plus que c'est ce qu'il y a de plus réussi dans le film, mais d'une ça devient assez rapidement clair, de deux ça sort un peu des sentiers battus de la narration (on n'est pas dans le petit manuel du scénario quoi), ce qui est quand même appréciable. L'adulte qui narre l'histoire a toujours cet enfant qui vit en lui (comme on l'a tous), c'est quand même ça le fond du truc, non ? Je veux bien que ça ne soit pas immédiatement accessible (ça m'a fait travailler un peu ce dispositif), mais y'a pas juste rien derrière, ça raconte quelque chose je pense et c'est pas là par hasard ou juste par maladresse.


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MessagePosté: 01 Avr 2023, 21:49 
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De mon point de vue si c'est de la pure maladresse d'écriture. D'ailleurs je le dis plus haut mais je m'étais amusé à lire pas mal de critiques sur le film (et écouter des podcasts) et c'était un truc systématiquement omis. Personne ne se pose la question de cet achopement narratif, parce que personne ne sait quoi en faire.

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