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MessagePosté: 02 Mai 2022, 11:28 
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Non je trouve intéressant ce que tu dis. Oui il y a une forme de candeur presque énervante dans le film comme un instantanée de bonheur tellement poussé qu'il en devient factice. Mais je crois que c'est un peu le but du film et ce qui lui donne sa singularité aussi.

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MessagePosté: 02 Mai 2022, 22:00 
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Absolument rien à ajouter à ce qu'a dit Art.

Le film est unique. A aucun moment ou presque ça ne se pose pour devenir un "vrai" film (impossible de caractériser dans ma tête le moindre sibling du héros tant ils n'ont pas de temps pour exister en tant qu'individus), restant à dessein au choix A. un souvenir proustien totalement à nu, ou B. une vidéo YouTube genre "20 things that were great about the 60s".
Si la voix-off "Ça c'est moi" m'a irrité au début, quand j'ai compris que Linklater allait assumer le truc jusqu'au bout j'ai rendu les armes et je me suis laissé porter, tant le plaisir de partager est évident chez le réal. C'est hyper communicatif et c'est un film dans lequel on se sent bien.

Après comme Art je trouve la partie spatiale mal gérée, déséquilibrée. Concernant votre débat de la page d'avant sur la réalité des faits, comment peut-on ne fut-ce qu'une seule seconde envisager que ce soit autre chose qu'imaginaire ? Rien que le fait que l'enfant dise les mêmes choses au même moment que le vrai Armstrong, qu'il lui arrive exactement les mêmes couilles, c'est la preuve que c'est juste une transposition du "souvenir" dans la tête du petit.

Mais bon en tout cas hormis cette réserve la partie sur Terre est quand même assez séduisante, surtout que l'absence d'acteurs connus renforce l'identification. Et l'enfant réussit à être étrangement attachant alors qu'il n'a limite aucune caractéristique, c'est juste un écran blanc sur lequel on se projette.

Le tout a ses limites mais on ne peut pas reprocher à Linklater (ce nom prédestiné quand même, Link-later, le lien par la suite - faut que je tweete là-dessus) de creuser obsessivement son propre sillon.

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MessagePosté: 02 Mai 2022, 22:16 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
(ce nom prédestiné quand même, Link-later, le lien par la suite - faut que je tweete là-dessus)

Comme Rose Bosch.


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MessagePosté: 03 Mai 2022, 06:05 
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Art Core a écrit:
Non je trouve intéressant ce que tu dis. Oui il y a une forme de candeur presque énervante dans le film comme un instantanée de bonheur tellement poussé qu'il en devient factice. Mais je crois que c'est un peu le but du film et ce qui lui donne sa singularité aussi.


Sur la sexualité (car je vois pas pourquoi on en parlerait pas, sauf si filmdeculte est le forum de cinéma le plus puritain de la toile dans ce cas il mérite pas son nom), on voit que les deux allusions (les Playboy cachés et trouvés par le père, les gosses qui vont espionner les amants qui s'embrassent au drive-cinéma) sont vraiment sans intérêt, des poncifs de base du film d'ado sur cette époque (voir un film français de l'année dernière avec Casta dont j'ai déjà oublié le nom). Donc ça contredit Bégaudeau qui dit que Linklater aborde le souvenir avec des petits détails singuliers, des bricolages, propres au personnage donc intéressants. Là ça pourrait vraiment être les souvenirs de n'importe qui, voire des trucs récupérés ailleurs plutôt que ds ses propres souvenirs. Il n'y a aucune intention de problématiser la sexualité, comme pour tout le reste, comme tu dis c'est la candeur qui domine.

Cette candeur s'étend sur l'époque c'est aussi mon problème. Je veux bien croire que ça soit conforme à sa jeunesse mais le type a 60 piges et ça me dérange bcp qu'il revienne de cette façon-là sur cette époque, c'est trop facile. Faut pas déconner, c'est pas l'arlequin de Picasso non plus, y'a pas cette universalité de la peinture en raison entre autres justement de tout l'ancrage complaisant dans l'époque. Tout au plus une "globalisation" (je m'y reconnais parce qu'en France j'étais moi-même largement sous influence de la culture us, etc.).


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MessagePosté: 03 Mai 2022, 08:21 
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Quelqu'un a-t-il vu Waking Life, le premier film de Linklater en rotoscopie, sorti il y a vingt-et-un ans ? Les extraits que l'on peut voir sur le Net sont intrigants.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
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MessagePosté: 03 Mai 2022, 08:47 
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Oui je l'ai vu, je l'ai même en DVD. Quasiment aucun souvenir sinon que ça m'avait pas mal emmerdé et que la hype de l'époque m'avait paru démesurée.

scienezma a écrit:
Sur la sexualité (car je vois pas pourquoi on en parlerait pas, sauf si filmdeculte est le forum de cinéma le plus puritain de la toile dans ce cas il mérite pas son nom), on voit que les deux allusions (les Playboy cachés et trouvés par le père, les gosses qui vont espionner les amants qui s'embrassent au drive-cinéma) sont vraiment sans intérêt, des poncifs de base du film d'ado sur cette époque (voir un film français de l'année dernière avec Casta dont j'ai déjà oublié le nom). Donc ça contredit Bégaudeau qui dit que Linklater aborde le souvenir avec des petits détails singuliers, des bricolages, propres au personnage donc intéressants. Là ça pourrait vraiment être les souvenirs de n'importe qui, voire des trucs récupérés ailleurs plutôt que ds ses propres souvenirs. Il n'y a aucune intention de problématiser la sexualité, comme pour tout le reste, comme tu dis c'est la candeur qui domine.

Cette candeur s'étend sur l'époque c'est aussi mon problème. Je veux bien croire que ça soit conforme à sa jeunesse mais le type a 60 piges et ça me dérange bcp qu'il revienne de cette façon-là sur cette époque, c'est trop facile. Faut pas déconner, c'est pas l'arlequin de Picasso non plus, y'a pas cette universalité de la peinture en raison entre autres justement de tout l'ancrage complaisant dans l'époque. Tout au plus une "globalisation" (je m'y reconnais parce qu'en France j'étais moi-même largement sous influence de la culture us, etc.).


Oui enfin tu reproches au film des choix conscients, la sexualité n'est pas son sujet, il fait le choix de ne pas en parler. Quelque part le film n'a pas la prétention d'être exhaustif sur son sujet. C'est vrai que pour un ado mâle ça peut paraître surprenant de l'occulter mais ça me semble cohérent avec son projet. La nostalgie pure et innocente du narrateur.

Sinon je suis d'accord sur le côté inventé du récit lunaire mais il y a vraiment une articulation mal branlée, je vois mal pourquoi l'adulte narrateur serait dans une espèce de récit mythomane dont il ne tire aucun prestige vu la manière extrêmement elliptique et antispectaculaire dont il le raconte .

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MessagePosté: 03 Mai 2022, 09:28 
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En gros le résultat donne un film gâteux pour vieux nostalgique ayant 10 ans d'âge mental, ça vole pas plus haut...

Je garde un bon souvenir de ses deux premiers films en rotoscopie, surtout l'adaptation de K Dick.


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MessagePosté: 03 Mai 2022, 11:28 
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Art Core a écrit:
Sinon je suis d'accord sur le côté inventé du récit lunaire mais il y a vraiment une articulation mal branlée, je vois mal pourquoi l'adulte narrateur serait dans une espèce de récit mythomane dont il ne tire aucun prestige vu la manière extrêmement elliptique et antispectaculaire dont il le raconte .
Le vrai hic c'est qu'on ne sait pas ce que ça vient combler ou guérir chez lui, ce que c'est censé représenter métaphoriquement ou autre... C'est juste qu'il était fasciné par la conquête spatiale et s'est projeté dedans. OK, super...

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MessagePosté: 03 Mai 2022, 18:01 
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Vieux-Gontrand a écrit:
Quelqu'un a-t-il vu Waking Life, le premier film de Linklater en rotoscopie, sorti il y a vingt-et-un ans ? Les extraits que l'on peut voir sur le Net sont intrigants.


Bon souvenir mais sans précision aucune, pop philosophie existentielle bateau mais qui résonne quand même avec de la pop musique classique, facile elle aussi. La rotoscopie me plaisait bien.


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MessagePosté: 07 Déc 2022, 11:16 
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Beaucoup apprécié le film, bien plus que ce à quoi je m'attendais (et bien plus que l'intérêt moyen que le cinéma de Linklater suscite chez moi généralement). Et j'avoue ne pas très bien saisir les réserves d'Art Core, tant l'intrication de la petite et de la grande histoire me semble être tout le projet du film. Mais ça n'est rien par rapport à ce que dit scienezma.

scienezma a écrit:
A vrai dire c'est surtout ça qui me pose un grave problème face au film, cette espèce de reconstitution de l'époque, cette "immersion" comme on dit, qui semble ne jamais s'adresser à des spectateurs ayant plus de 12 ans d'âge mental. L'absence de prise de recul (sinon pour dire "on était plus libres") très gênante elle est là, comment un type qui a la soixantaine peut revenir de cette façon là sur son adolescence quand bien même il en garde un bon souvenir personnel ?

Je trouve au contraire que c'est tout l'intérêt et la justesse du film de Linklater, de nous replonger dans cette période de sa vie en étant au plus proche de son ressenti de l'époque mais sans jamais se leurrer sur la part de fantasme/omission que cela implique. Ça n'est jamais fait de manière appuyé, au contraire toujours intelligemment et part petites touches discrètes, mais le film est aussi parcouru par nombre de détails/remarques qui viennent tempérer l'impression de bienveillance globale qui nimbe l'époque : Linklater critique à la fois l'excessif entre-soit (on ferme la porte de la voiture dès que l'on voit deux beatniks, la grande soeur qui fait remarquer que notre héros n'a qu'un seul camarade de classe noir), la violence institutionnalisé (des profs et des parents), la pollution (les nappes de pétrole quand ils vont à la plage, le DDT utilisé sans aucune précaution, les gaz d'échappements des voitures), l'urbanisme sauvage (l'absence totale d'histoire du lieu qu'ils habitent, les inondations à chaque pluie), le contexte de l'époque (la guerre du Vietnam, la peur du grand méchant soviétique). Ça n'est jamais fait sur un ton larmoyant (coucou James), mais Apollo 10 1/2 n'est surtout pas un film hagiographique, c'est aussi une critique assez virulente de son époque (et de toute nostalgie opérée sans recul).


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MessagePosté: 07 Déc 2022, 11:24 
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C'est quand même ultra léger, je pense pas du tout que ce soit une critique virulente de son époque. Bien au contraire même, j'ai sans cesse eu l'impression d'un film qui représentait d'une certaine manière un certain âge d'or de l'Amérique (parfaitement symbolisé par l'alunissage). La nostalgie y fonctionne à fond même (et presque surtout) pour ceux qui n'ont pas vécu cette époque et ce lieu.

Sinon en ce qui concerne l'intrication très maladroite de la petite et de la grande histoire, je n'ai pas lu un seul article pertinent sur le sujet. Rappel de l'article de Critikat qui a adoré le film mais qui n'en dit pas un mot. Fortiche les mecs.

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MessagePosté: 07 Déc 2022, 11:28 
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Art Core a écrit:
C'est quand même ultra léger, je pense pas du tout que ce soit une critique virulente de son époque. Bien au contraire même, j'ai sans cesse eu l'impression d'un film qui représentait d'une certaine manière un certain âge d'or de l'Amérique (parfaitement symbolisé par l'alunissage). La nostalgie y fonctionne à fond même (et presque surtout) pour ceux qui n'ont pas vécu cette époque et ce lieu.

Dans la manière peut-être, parce que ça n'est jamais lourdement appuyé. Mais vu le nombre très important de critiques disséminées ça et là (j'en liste déjà pas mal, mais la liste n'est pour autant pas exhaustive), pour moi il n'y a aucun doute sur ce point. S'il ne voulait pas critiquer l'époque par la bande, il n'y aurait certainement pas eu autant d'allusion négative dans le film.


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MessagePosté: 07 Déc 2022, 11:32 
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C'est justement parce que ça reste des allusions (et dire qu'il y a un seul enfant noir dans une classe, ce n'est pas critiquer son époque) que le ton du film reste totalement positif. On peut le comparer à Armageddon Time et la différence est abyssale. Chez Gray tout suinte la honte et la culpabilité. Linklater se contente de placer une case ici ou là pour nuancer un peu sans vraiment y toucher.

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MessagePosté: 07 Déc 2022, 11:36 
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Art Core a écrit:
On peut le comparer à Armageddon Time et la différence est abyssale. Chez Gray tout suinte la honte et la culpabilité.

Du coup tu passes ta note à 4 ou 5/6 ? :D


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MessagePosté: 07 Déc 2022, 11:41 
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Art Core a écrit:
C'est justement parce que ça reste des allusions (et dire qu'il y a un seul enfant noir dans une classe, ce n'est pas critiquer son époque) que le ton du film reste totalement positif. On peut le comparer à Armageddon Time et la différence est abyssale. Chez Gray tout suinte la honte et la culpabilité. Linklater se contente de placer une case ici ou là pour nuancer un peu sans vraiment y toucher.

Je pense absolument le contraire, mais je ne pense pas que nous trouverons un terrain d'entente. Chaque remarque prise séparément peut effectivement sembler anodine. Mise bout à bout ça donne un tout autre ton au film. La remarque sur le fait qu'il y ait un seul enfant noir dans la classe du héros survient par exemple après un reportage TV où un noir dit qu'il se désintéresse totalement de la conquête spatiale parce qu'à la NASA il n'y a que des blancs. Notre héros de demander confirmation à son père (qui passe globalement pour un réac tout le long), et sa sœur de lui répondre que bien évidemment, cf. le cas de sa classe. La critique de Linklater est bien plus intéressante que celle de Gray, d'une parce qu'elle n'est pas lourdement larmoyante, de deux parce qu'elle est sociétale quand Gray ne sait que se regarder le nombril.


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