Forum de FilmDeCulte

Los Angeles, années 50. Alors que la ville est sujette à une vague de règlements de comptes après la chute du caïd Mickey Cohen, la police criminelle se mobilise toute entière sur l'affaire de L'Oiseau de nuit, un massacre au cours duquel est tombé un ancien flic. Trois inspecteurs au style radicalement différent vont être amenés à coopérer pour démêler les fils d'une histoire plus compliquée qu'il n'y paraît...


Quelle indignité que ce film n’ait pas de topic dédié.

Sans en dire grand-chose, je l’avais pas revu depuis un bail et j’en gardais le souvenir d’un film au scénario bien ficelé articulé autour de révélations et de rebondissements, qui il me semble ont fait la réputation du film… Alors que la peinture sociétale est le cœur du projet (bon je n’ai jamais lu Ellroy donc j’enfonce des portes ouvertes j’imagine) avec une intrigue solide mais somme toute basique.

Et du coup j’ai adoré le revoir avec plus de maturité, parce que le film est bien plus noir que dans mon souvenir. Tout est corrompu dans ce monde, et la police n’est au final qu’un pantin parmi d’autres dont le rôle est de maintenir un semblant de fonctionnement dans le contrat social, mais qui ne pourra jamais interdire la construction d’une autoroute faite pour accéder à l’océan, graisser des pattes et faire des plus-values immobilières.

La vision du journalisme est réduite à la presse à scandale la plus caricaturale possible, mais on comprend bien que le gros trait esquisse une vision du monde dans laquelle tout n’est que compromission, conflit d’intérêt et promotion personnelle. Et ça marche.

Parce qu’il y a aussi une lucidité sur le monde du spectacle et le rôle d’Hollywood, qui broie littéralement les destins (magnifique personnage de l’aspirant acteur Matt Reynolds) et participe à cette illusion. Et parce que le portrait des 3 inspecteurs est magnifique.

Bien qu’archétypale, j’adore l’ambiguïté avec laquelle sont développés les persos principaux, ces caractères, méthodes et éthiques opposées et contradictoires, qui finissent par se rejoindre par la force des choses, même contre leurs volontés mais afin de défendre une cause in fine juste. Mais évidemment le cynisme de la fin redonne de la profondeur au tout.

Pour continuer une conversation fil rouge du forum, il y a un aspect conservateur voir réactionnaire dans ce récit (Ellroy semble s’en réclamer assez clairement), c’est assez fascinant, et c’est d’ailleurs dommage, bien que je loue le travail de Curtis Hanson, que le film ne soit pas encore plus poisseux et puant.

Sinon il y a aussi, évidemment, le plaisir du casting. Guy Pearce a un magnifique balai dans le cul, Russel Crowe fait mieux que quiconque la brute au cou épais, et Spacey en dandy pris de scrupules est un régal. D’ailleurs l’aspect méta du rôle de Spacey est ironiquement assez savoureux (d’ailleurs pensez-vous que Jack Vincennes soit gay ?).

Bref, je l’avais pas vu depuis le lycée je pense et c’est une quasi redécouverte qui fait plaisir.

Ca fait un moment que j'y songe, toujours par hasard, alors que ça fait au moins 15 ans que je l'ai vu. Lu le roman à la même période, qui m'avait passé l'envie de continuer avec Ellroy (c'est un de ceux qu'il a écrit en "style télégraphique" contrairement au Dahlia Noir).



Ca m'a l'air assez établi que toute plongée dans les milieux interlopes au sens large est vectrice d'un durcissement de la pensée et des affects. L'empathie n'est jamais à l'épreuve de tout.

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Looks like meat's back on the menu, boys!

J'ai pas ce souvenir là de L.A. Confidential, c'est largement plus prononcé dans ses derniers romans (d'ailleurs je ne suis pas sûr de vouloir poursuivre l'aventure avec lui, il commence à m'user).

Hmmm oui mais pas que.
Ici c'est aussi l'élargissement du spectre au journalisme (un certain journalisme, OK), à la politique, la justice et au monde du spectacle (c'est pas pour rien qu'il y a l'anecdote sur la relation entre Johnny Stompanato et Lana Turner, que je connaissais pas, tiens) finit d'ne faire une peinture déliquescente de la société.
C'est pas un simple Training Day quoi.

Les 5-6 romans qui viennent de ressortir chez Everyman sont tous très bons. Je sais pas trop si le reste en vaut la peine, par contre.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Justement, c'est pour ça que j'écris "au sens large" : un certain hollywood, un certain show business, une certaine presse, je mets ça dans les milieux interlopes, au même titre que les gangstas et les flics pourris de L.A., la colline du crack, les camps de migrants, les quartiers de Marseille et la psychiatrie.

Je connais mal Ellroy et je sais pas à quel point son regard est uniquement basé sur ses recherches de pré-écriture (ce qui peut suffire quand on sait sur quel sujet se pencher au risque de vriller) ou s'il a mouillé la chemise, mais c'est sûr que son regard n'est pas dû à de la provocation "de droite" : il a compris des choses.

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Looks like meat's back on the menu, boys!

On est d'accord.

Le mec est un ex-camé, ex délinquant, et ex clodo. Et sa mère a été assassinée par un serial killer (mais ça, tu le sais sans doute).

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

ex-nazi surtout.

Le Quatuor de Los Angeles ça fait parti de ce que je préfère dans le polar, toutes époques confondus. Mon préféré, White Jazz.

Ah bon ? T'es sûr ?

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

C'est ce qu'il disait quand il faisait le tour des plateaux TV lors de la sortie de Ma part d'ombre. Je vois que c'est rapidement mentionné sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ma_part_d%27ombre

qui est le summum de son style télégraphique. Les deux premiers tomes de la trilogie Underworld sont très bon. Le second quatuor qu'il vient de débuter avec Perfidia démarre un plus mollement (même si le contexte historique est passionnant), ce qu'annonçait déjà le dernier volume Underworld USA.
Sinon je conseille son premier roman Lune sanglante, très fort et hyper malaisant.

BOn souvenir aussi de lune sanglante mais aussi du tueur sur la route.