Lohmann a écrit:
Ce n’est pas le COVID qui est en ligne de mire, mais bien le réchauffement climatique. Sinon j’entends bien tes réserves scienezma, c’était d’ailleurs ce que je pouvais principalement reprocher à Joker, mais cet angle me gêne beaucoup moins ici, parce que (on peut s’en désoler, mais le film est déjà tellement touffu qu’y ajouter une strate supplémentaire n’aurait qu’apporté plus de confusions, et de toutes façons ça n'est, à l'inverse de Joker, pas du tout son propos) c’est avant tout une satire qui cible tous les pouvoirs (politique, médiatique et industriel), et que malgré les contraintes dues au genre (les traits grossis pour faire ressortir le grotesque) je l’ai trouvé particulièrement bien senti et finalement beaucoup plus subtil qu'il n'y paraît. Le personnage de Rylance est peut-être ce qu'il y a de plus effrayant dans le film, parce que le plus réaliste, l'ombre des Musk-Bezos-Zuckeberg plane au-dessus de sa composition, l'influence énorme qu'ils peuvent avoir avec les donations monstres qu'ils font pour les candidats à la présidentielle, le programme Starlink, leur côté autiste qui se veut proche des gens alors qu'il n'y a pas plus misanthrope (cela vaut surtout pour Zuckerberg je pense).
Sinon pour en revenir au fait que Streep campe un simili-Trump, mettant dans le même panier Démocrate et Républicain, oui c'est le but je pense, McKay a vraiment opéré la fusion entre Clinton et Trump, on peut déplorer que le système états-uniens se cantonne au bipartisme, mais ce n'est pas de la faute du réal si le système est ce qu'il est.
Je cite parce que le plus réussi dans ce film c'est bien la satire des multimilliardaires des GAFAM - et j'ajoute à la liste Steve Jobs tant il participe du monstre très bien composé par Mark Rylance. Eh oui quant au réchauffement climatique c'est bien l'objet du film, simplifié en comète. Tout dans le personnage dialogue pertinemment avec des mécanismes en cours - et notamment le plus grand consommateur industriel de terres rares ce sont bien les batteries au lithium qui équipent tant nos
smartphones que les encore plus gourmandes Tesla d'Elon Musk.
Aussi entièrement d'accord sur une fusion entre Hillary Clinton et Donald Trump dans le personnage campé par Meryl Streep (d'ailleurs elle se fait harponner dans le film pour avoir nommé un ancien acteur porno et son amant comme juge suprême ce qui n'est pas sans rappeler certains faits politiques américains).
Après malgré son rythme excellent et ses thématiques pertinentes, et son humour au-dessus du panier, on reste en effet dans une tradition hollywoodienne du film choral d'acteurs célèbres pour une comédie noire sur fond de thème politique, qui n'a rien de neuf ni de très radical. Faudra que j'écrive une critique du Contagion de Soderbergh qui se voulait une dystopie, mais qui a été rattrapé par le Covid !