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MessagePosté: 24 Juin 2021, 21:03 
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The Sparks Brothers est une odyssée musicale qui raconte cinq décennies à la fois étranges et merveilleuses avec les frères/membres du groupe Ron et Russell Mael, qui célèbrent l’héritage inspirant des Sparks : le groupe préféré de votre groupe préféré.

Je n'ai jamais vu un seul des nombreux documentaires musicaux réalisés par Martin Scorsese et j'ai beau aimer Edgar Wright d'amour, je ne comptais pas plus voir le sien, qui plus est sur un groupe dont je n'avais jamais entendu parler jusqu'à il y a 2-3 ans (dans des tweets d'Edgar Wright justement je crois). Et c'est précisément pourquoi je suis content de l'avoir fait. Parce que j'ai passé tout le film à penser "Comment ai-je pu passer à côté de 300 chansons semblablement taillées pour moi?"

Comment? En quelque sorte, ce film en cherche précisément la réponse. Comment un groupe avec 50 ans d'existence durant lesquels ils n'ont jamais été absents plus de 6 ans ne fait pas davantage partie de la culture populaire? Comment un groupe que des musiciens réputés disent citer dès lors qu'ils parlent de musique ne peut être aussi connu qu'eux? L'autre jour, j'ai vu le tweet d'un féru de musique (et compositeur lui-même) qui disait qu'il croyait que le film de Wright était un documenteur à la Spinal Tap sur un groupe fictif ayant eu une influence majeure sur l'histoire de la musique, sorte d'hommage ultime du cinéaste à l'importance de la pop.

Si le film s'attardait à démontrer par A+B, à grands renforts d'extraits comparatifs, comment Sparks a pu inspirer d'autres groupes, il est vrai qu'on aurait flirté avec le délire d'un Forgotten Silver mais ce documentaire n'a pas de programme si vindicatif. Et surtout, il n'a pas besoin de forcer le trait, la réalité dépassant la fiction. S'étalant sur 2h20, qui passent toutefois comme une lettre à la poste, The Sparks Brothers ambitionne de raconter avec exhaustivité la naissance et l'évolution de ce groupe et s'il le fait via des témoignages face caméra et des images d'archives et des reconstitutions animées plutôt scolaires, avec quelques saillies amusantes toutefois, le seul parcours improbable du groupe à travers les années et surtout à travers les genres suffit à porter le film.

A la réflexion, il apparaît comme une évidence que Wright se soit intéressé à l'histoire du groupe, au-delà de son appréciation de leur musique, parce que The Sparks Brothers est, comme tous les films de l'auteur, le récit d'une lutte contre le conformisme. Les zombies comme allégorie du monde adulte des travailleurs dans Shaun of the Dead, les comploteurs de la petite ville de Hot Fuzz qui veulent garder une image de perfection et tuent quiconque détonne, les body snatchers du Dernier pub avant la fin du monde qui favorisent l'esprit de ruche aplanissant tout à l'humanité erratique, chez Edgar Wright, l'ennemi c'est le moule. Même Baby Driver célébrait la musique intérieure qui guide tout un chacun. Et donc Ron & Russel Mael, deux frangins contre le monde, un simili-Marc Bolan au chant et un muet à moustache d'Hitler au clavier, traversent les années en s'aventurant toujours hors de leur zone de confort sur d'autres terrains musicaux, du punk à l'electro en passant par le synthé des années 80, mais sans jamais perdre leur identité ni céder aux concessions commerciales, leur répondant même parfois avec ironie directement par leurs chansons. Leur arme, c'est leur art, la pop même quand elle n'est pas aussi populaire que les autres. De Shaun et Ed se défendant avec des vinyls à Scott Pilgrim qui se bat contre les ex de sa meuf comme dans un jeu vidéo en passant par Nicholas Angel devant s'inspirer de Bad Boys II pour lutter contre les fachos, le cinéma d'Edgar Wright est habité de héros utilisant la pop culture pour combattre une certaine doxa. Les frères de Sparks ne dérogent pas à la règle.

A minima, le film a le mérite indéniable de mettre un coup de projecteur sur un groupe qui gagne à être connu. Pour ma part, je n'ai eu cesse de me dire, à chaque morceau, "hâte de sortir et tout écouter".
Hasard ou zeitgeist, ce même été sort Annette de Léos Carax, comédie musicale au scénario et chansons écrites par Sparks.

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MessagePosté: 24 Juin 2021, 21:19 
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Leurs débuts sont plutôt glam (mouvement plus arty et provocateur aux USA qu'en Angleterre) que punk, et ils sont assez connus pour This town ain't big enough for both us (2 minutes 30 et trois solos de guitare complètement hystériques), et aussi pour leur collaboration avec Gorgio Moroder. Personnellement j'aime bien mais me perds dans leur discographie pléthorique. Leur univers est il est vrai très cinématographique, avec un côté un peu Roger Waters. C'est pas non plus le groupe qui a changé ma vie.
Découvert recemment que la BO de Black Rain de Ridley Scott contenait un titre d'eux avec les Rita Mitsouko (c'était l'époque où les BO participaient pleinement à l'univers du film) avec un bon clip..

Oups le lapsus : John Waters

Ils étaient aussi très connus en France au début des années 80 pour un titre un peu fade (mais agréable) "When I'm with you" qui rappelle un peu Johnny and Mary de Robert Palmer. Pour une raison mystérieuse ces chansons avec un petit gimmick new wave et un texte apparemment con mais en fait cyniquement anodin et résigné fonctionnaient beaucoup mieux en France qu'ailleurs et permettaient de vendre des R18 diesel aux cadres pères de famille de 37 ans. Dans le fond tout se tient. C'étaient la periode où Manchette n'arrivait plus à ecrire mais où ses films étaient adaptés avec Alain Delon. Les R18. Les mainframes et Giscard ou Mitterrand. La fraction des boomers qui décident de réussir économiquement. Toute cette musique est si blanche, c'est vrai.

Les Pet Shop Boys ont un peu piqué le concept du clavier mutique au look évoquant l'extrême droite qui fait des mines à coté d'un chanteur qui fait plus intello de gauche et pas mal de trucs de leur son et attitude.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


Jean-Paul Sartre


Dernière édition par Vieux-Gontrand le 24 Juin 2021, 21:56, édité 16 fois.

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MessagePosté: 24 Juin 2021, 21:23 
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Inscription: 01 Fév 2016, 20:06
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Ok je comprends pourquoi le Very Good Trip de ce soir leur était consacré :
https://www.franceinter.fr/emissions/very-good-trip/very-good-trip-du-jeudi-24-juin-2021

Pas tout écouté mais il a l'air d'y avoir des trucs très cools effectivement.


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MessagePosté: 25 Juin 2021, 09:12 
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C'est quand même très connu Sparks - souvent évoqué comme la version un peu arty de Queen. L'histoire de la pop music regorge d'histoires de ce genre, entre les semi-célébrités qui remplissent des salles importantes à travers le monde, les apprenti-sorciers qui finissent par disjoncter puis faire leur come-back, les groupes qui connaissent brièvement la célébrité mondiale et le vertige du tube... Sparks avait dernièrement fait un album en hommage à Bergman je crois, qui commence à dater un peu, c'était le genre d'albums toujours plébiscité par rock'n'folk, qui reste un truc de niche, certes.
Leurs chansons étaient assez utilisées dans des films commerciaux oubliés des années 80 visiblement (38 credits sur imdb - je m'imagine toujours qu'un groupe de ce style ou même un morceau d'un compositeur classique célèbre en aurait plus quand je checke ce genre de choses sur imdb).


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MessagePosté: 25 Juin 2021, 09:26 
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Jerónimo a écrit:
Ok je comprends pourquoi le Very Good Trip de ce soir leur était consacré :
https://www.franceinter.fr/emissions/very-good-trip/very-good-trip-du-jeudi-24-juin-2021

Pas tout écouté mais il a l'air d'y avoir des trucs très cools effectivement.

Pour le coup je connaissais la chanson avec les Rita Mitsouko.


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MessagePosté: 25 Juin 2021, 09:40 
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Inscription: 27 Déc 2018, 23:08
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Le mec est tellement condescendant qu'il repond quand-même mais à la personne d'à côté. Trop proustien pour Proust lui-même. Lol.

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MessagePosté: 27 Juin 2021, 17:34 
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Titilleur

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Ils ont fait la chanson du mythique Van Damme Knock-Off / Piège à Hong-Kong, je les connaissais surtout pour ça et leur "duo" sous la douche avec les Rita Mitsuko, d'ailleurs un petit hommage en rythme et en plan-séquence à Knock-Off sur leur musique que j'avais fait il y a quelques années :mrgreen: :arrow:

https://www.youtube.com/watch?v=SeTk72kRyp8


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