Forum de FilmDeCulte

Le tailleur de l'élite panaméenne est soudoyé par un agent secret britannique.

Boorman retente la comédie et c'est une réussite.

Au contraire de Rangoon, Boorman parle de politique internationale de façon cynique, sur cette véritable colonie étasunienne, et signe une adaptation brillante d'un excellent, et très touffu, Le Carré, en collaboration avec l'auteur.

2e James Bond à contre-emploi à l'actif de Boorman (après Connery dans Zardoz, il avait eu pour projet de diriger Craig dans Memoires d'Hadrien ya 10-15 ans), le début du film dans les locaux du MI6 est génial.
Brosnan n'est toujours pas un espion très réaliste mais sûrement plus proche de la vérité. Le reste du casting est à l'avenant avec un grandiose Rush. Gros cast : Jamie Lee Curtis, Brendan Gleeson, Catherine McCormack, David Hayman (et premier film de Radcliffe qui joue surtout à prendre le petit dej).

Quoi de mieux qu'un film d'espionnage se passant dans une construction géopolitique comme le Panama pour parler mensonge, fiction, relation entre l'auteur et ses spectateurs, le besoin de s'évader de sa vie ou de s'y accrocher coûte que coûte ?
Et cette excellente idée de Le Carré de choisir un tailleur de costumes pour évoquer le jeu des apparences.
Propos plus ou moins en filigrane dans tous les Boorman et intéressant de voir qu'après un The General doux-amer, le réal creuse le sillon en insistant sur la farce.

Des petits mensonges qu'on fait aux autres et à soi-même, Rush finit par se perdre dans ceux du grand jeu jusqu'à être pris au sérieux en très haut lieu.
Sous l'influence de Brosnan, véritable Méphistophélès, qui est au stade supérieure de la manipulation permise par le mensonge. Prédateur passant son temps à tenter ses interlocuteurs et à toujours chercher à dominer la situation. Ses poses, ses attitudes, comment il passe son temps à déstabiliser Rush en le mettant dans des situations homo-érotiques, il est on fire.

Dans ce couple formé, il doit aussi y avoir une métaphore de l'auteur et de son producteur.
Il y a en tout cas des allusions très claires au cinéma. Bond donc. Au moins deux fois Casablanca. Clin d'oeil à Folamour. Sourires quand Rush compare en vil flatteur ses clients à Connery ou De Niro. Et quasi le même postulat que Notre Agent à la Havane (qui est aussi un livre avant d'être une adaptation ciné).

Une certaine image aussi d'une Grande-Bretagne minable, dépravée, corrompue, et surtout hypocrite jusqu'à des tropiques qui ne valent pas mieux. Les plus pourris des Brits débarquent à peine au Panama pour y repartir le plus vite possible en profitant au maximum de la corruption locale.

Alors que le Panama représente pour Rush une absolution et se pense presque le seul à avoir un certain patriotisme, une empathie sociale et un sens des valeurs. Même s'il se ment beaucoup à lui-même.
Les rares personnages avec des idéaux, les locaux, sont les premières victimes des autres.

Boorman est définitivement rangé des voitures côté grandiloquence (bon, heureusement, conserve quelques effets qui lui sont propres de ci, de là) mais continue à tracer sa route sur la psyché et les rapports humains dans une mise en scène tirée à 4 épingles et mène son histoire à un rythme enlevé.

Malin aussi quand on constate qu'avant le 9/11 et les bouleversements géopolitiques qu'il engendrera, et l'influence sur les films de ce genre qui auront alors un tropisme vers le Moyen-Orient, les protagonistes s'emballent alors qu'est évoqué ce qui est aujourd'hui l'obsession de l'Occident : la Chine (enfin les deux !) et ses routes commerciales.

Manque malheureusement un peu plus d'ampleur dans le dernier acte pour le rendre haletant. Tout en ayant l'élégance de rappeler les souffrances commises par les dictatures, souffrances trop fortes et complexes pour disparaître au départ du tyran, la toute fin fait bâclée en étant chiche en gravitas et suspens. Manque de souffle sur la durée.

Et si la dernière scène de Brosnan, sans être folle, est excellente, toujours dans la veine comique cynique, le dernier plan du film en mode sitcom familiale (dernier refuge), sur une scène banale, fait très pauvre vu le haut niveau de l'ensemble du film.

Un grand film était à portée. Dommage.

Il faut que je revoie ce film. J'avais pas mal aimé lors de la vison en salle et je n'ai jamais compris le désamour critique autour du film. C'est un des 2 films ou j'apprécie Pierce Brosnan .

J'ai aussi souvenir d'un désamour critique mais il ne se reflète pas dans les notes allocine : la moyenne des spectateurs est bien plus basse. C'est en effet un divertissement de qualité supérieure avec un postulat imparable pompé chez Graham Greene dont le livre de Le Carré est une sorte d'update.

J’adore ce film.

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There is no such thing in life as normal

J'aime vraiment bien ce film. Pas revu depuis le ciné. Tu donnes envie avec ta retro Boorman là!

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Pareil, excellent souvenir d'un truc à la fois indolent et insolent, qui canalise des références cool avec un recul salutaire. Il était dans mon top 2001.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Cool !


Petit avertissement quand même: c'est le seul film de Boorman que je revoie à la baisse, alors que c'est plutôt le contraire sur les autres.
J'avais suradoré à la sortie, c'était limite chef d'oeuvre. Je crois que je m'attendais tellement pas au côté comique que ça m'a fait un gros effet (et peut-être qu'inversement, ça explique que des gens soient déçus).
A la revoyure, la toute fin est quand même faible. Le film aurait peut-être gagné à se terminer sur une pointe dramatique plutôt que de continuer sur la farce.
Mais il resterait sûrement dans mon top 2001.