Castorp a écrit:
Jerónimo a écrit:
J'ai été profondément marqué par le film étant gamin, je me rappelle avoir demandé à mes parents de le relouer plusieurs fois. Je l'avais revu y'a plus de 10 ans, j'avais étais pas loin de l'indifférence, et je trouvais le film assez vieilli. Mais j'ai très envie de le revoir effectivement, je suis peut-être mieux à même d'accepter les partis pris.
Je me le refais ce WE.
Gamin, j'avais beaucoup aimé. Une deuxième fois, ado, limite rejeté, ça correspondait pas au souvenir que je m'en étais fait même si je trouvais toujours que yavait un truc.
Ya 10-15 ans, ça a été la révélation. Et ya 3 ans, le bonheur de le voir sur grand écran. Merci au multiplex qui s'est servi du déjà ringard, et vulgaire, Ritchie comme occasion pour le diffuser.
Art Core a écrit:
Ah si si, c'est ringard, ça a mal vieilli. C'est même pour moi le mètre étalon d'un style qui aurait vieilli, le plus évident. Mais toutes les années 80 ont mal vieilli ou presque donc à partir de là... Après encore une fois ça m'empêche pas d'aimer beaucoup le film.
Je serais curieux de savoir où se situe chronologiquement Excalibur dans ce type d'imagerie "féérique". Là, les trucs qui me viennent, c'est Legend, Princess Bride ou La Caverne de la Rose d'or. Mais c'est après. Est-ce que le Boorman est fondateur ?
Alors j'ai aucune envie de les revoir pour vérifier, mais ça m'étonnerait pas que les Princess Bride et autres Ladyhawk aient beaucoup plus mal vieillis.
Et rien n'ira vraiment à fond comme le mariage d'Excalibur.
Ce film est tellement excessif qu'on peut pas le voir ringard.
Kitsch, pourquoi pas.
Castorp a écrit:
Oui, c'est typé. Mais je crois pas que "veilli" soit le mot.
Exactement.
Parce qu'en plus de cette esthétique particulière dont, je crois, parle Art Core, yen a une autre : celle barbare qui tranche et donne sa singularité à l'ensemble.
Ca me donne envie de remater la Chair et le Sang, tiens, qu'est bien réaliste lui (avec sa machine de guerre en maquette comme il faut).
Et je verrais bien une touche d'Excalibur dans The Blade de Tsui Hark.
Pour continuer à comparer, je vois pas ce qu'Excalibur a à envier à un autre chef d'oeuvre de l'époque comme Conan le Barbare.
Mais la grosse différence, (enfin, faudrait que je le revois) c'est que Conan est plus facile grâce à un esprit ancré dans le 20e siècle.
Billy Budd a écrit:
Cantal a écrit:
Je trouve aussi qu’à quelques minuscules détail près ça n’a pas vieilli. La lumière est vraiment splendide. Après le film a un côté Presque théâtral Dans la façon dont il est éclairé, conçu.
Oui, très proche d'une mise en scène académique d'opéra.
Exactement.
Sans parler de la narration très clairement en 3 actes.
Le Cow-boy a écrit:
Art Core a écrit:
Il porte les stigmates des années 80 notamment dans la lumière comme beaucoup de films de cette époque. Ca m'avait frappé.
La lumière n'a rien à voir avec les standards de l'époque. Ou alors plus côté téléfilms érotiques.
Le Cow-boy a écrit:
En image, c'est possible. Mais en son, ne pas entendre que la musique fait un fade out digne d'un tube radio en 45 tours parce que la scène est plus courte que Carmina Burana, c'est être sourdingue, vendu, ou les deux.
Le Cow-boy a écrit:
Castorp a écrit:
Ah non, c'est pas un mauvais raccord musical qui va me sortir d'un film. Je m'en branle. Je suis pas aussi anal que toi.
Non mais dans mon souvenir c'est TOUT LE FILM hein. Bref, tant mieux pour toi.
Dans ton souvenir, la scène est trop courte pour le O Fortuna (les paroles collent d'ailleurs parfaitement à l'histoire) alors que les deux fois, la scène est largement assez longue pour le caler en entier ou dans un long fondu.
Et dans la 2e utilisation, le cut est dans le fracas des armes alors que juste avant ya eu ce jeu du niveau de la musique avec la distance.
C'est réfléchi et choisi.
Ceci dit, Boorman, c'est pas forcément le réal obsédé par le bon goût et la demi-mesure. Et qui préfère afficher une belle idée même si elle est imparfaite à l'écran, comme l'incrust du fleurissement. Là, ok, ça choque (ça en serait presque une signature les incrusts qui se voient chez Boorman).
Ya d'autres bricoles.
Mais des bricoles.
Pour l'époque, en plus. Dans le genre épopée fantastique, ya que le Dracula de Coppola qu'arrive à être plus beau (10 ans plus tard).
Même un Willow de chez Lucasfilm avec ILM derrière, je lui trouve autant de défauts techniques qui sortent du film.
Excalibur, c'est à la base l'adaptation d'un roman de la fin du Moyen-Âge, le Morte d'Arthur. Une adaptation qui cherche à garder une part de l'esprit de ce temps.
Ca s'entend dans les dialogues sentencieux à base de grandes questions et d'introspections sentimentales. Je fais un parallèle avec Conan le Barbare mais on peut aussi en faire un avec le Perceval le Gallois de Rohmer.
Pour en revenir au visuel, si je ne m'abuse, dans Chrétien de Troyes, quand Perceval croise ses premiers chevaliers, il tombe en prière parce qu'il voit des anges brillants de milles feux.
Quand dans les chaumières on avait rien de clinquant, les yeux de l'époque devaient voir les armures de nos musées briller comme dans Excalibur.
L'IMAX de l'année, c'était le feu de la Saint-Jean.
Les effets glow, notamment le vert, c'est le soleil passant à travers les feuilles se reflétant dans une rivière, c'est le pari de Boorman qui cherche à retranscrire comment on voyait le monde à cette époque.
On peut penser qu'il a perdu ce pari. T'es loin d'être le seul à trouver ça raté.
Mais comparer un film avec des grosses comme ça aux téléfilms érotiques...
Par contre, j'éprouve toujours un peu de frustration avec le manque d'ampleur de la bataille finale. Ya 10 bonhommes qui se battent quoi et ça dure 2mns. Elle dépasse pas assez les autres batailles du film alors que c'est un carnage. A priori, ya qu'un seul survivant.
Heureusement, les compositions de cadres finales déchirent tout.
Vieux-Gontrand a écrit:
(vu le tropisme Breizh de BL, pas étonnant qu'il apprécie particulièrement le film).
C'est pas comme si ce n'était pas le film le plus marquant de Boorman.
Rien que sur ce forum, en une journée il a rattrapé les autres fils consacrés vieux de plusieurs années.
Et je doute que les suivants fassent autant.
Mais il y bien un avantage avec le tropisme Breizh (comme tu dis et le dirait une vulgaire boîte marketing de lardons) : c'est l'ouverture d'esprit qu'il offre sur la complexité des choses.
Ceci dit, quand un sympatoche mais limité Roi Arthur d'Antoine Fuqua insiste bien sur le sentiment patriotique (heureusement, ça parle de pélagianisme), j'apprécie que Boorman parle de "Land" et pas de "Kingdom" et encore moins de "Britain" donnant à cette histoire une portée universelle.
J'imagine que ta Thinkpol à base de tropisme obsessionnelle identitaire n'a pas remarqué ce détail. Mais j'attends avec impatience tes analogies à base de Wagner.
Enfin si jamais tu l'as vu : un film de chevalerie doit être trop suspect pour éveiller ton intérêt. En dehors de Sacré Graal (ça t'épargnera la vanne).