Jerzy Pericolosospore a écrit:
- J'ai parlé ici d’œdipe en relation avec la tragédie antique et ses mythes tournant autour du fatum et de la prophétie: accomplir son destin en essayant de le fuir ou de le contrecarrer. Et non pas au sens "freudien" restrictif de relations "psycho-pathologiques" entre mère et fils etc. Mais même en ce sens restrictif, il n'y a aucune contradiction ou incompatibilité entre la dimension tragique antique et les probs de psycho-pathologie familiale.
Donc je ne vois pas où tu veux en venir avec ta correction au sujet de l’œdipe.
Je croyais que tu parlais du complexe d'Oedipe. Si tu ne gardes que "pure tragédie païenne et œdipienne à base d'énigmes, d'aveuglements et de yeux finalement ouverts puis crevés" sans évoquer la situation particulière d'Oedipe, je sais pas si c'est bien la peine de convoquer le mythe. Et si tu y veux l'évoquer je vois pas trop le rapport avec la relation entre la mère et le fils (terrifié par celle-ci et absolument pas amoureux de celle-ci).
Citation:
- Que ce que tu appelles des "longueurs" (moi j'ai parlé de "lenteur", c'est pas la même chose ni à tout le moins la même expérience du temps) te fasse chier, c'est ton problème. Mais préciser qu'elles sont chiantes "pour ce type de film", c'est un non-sens: c'est préjuger que ce "type de film" doit progresser selon un rythme déterminé exempt de "lenteur" (ce que tu nommes "longueurs"). Pour moi, le rythme rapide façon dossiers Warren, qui enquille climax sur climax dès l'intro, est la cause fondamentale de l'annulation de toute expérience de l'angoisse, laquelle réclame temps et lenteur (sauf à confondre angoisse et jumpscare). J'ai d'ailleurs tendance à penser que les films d'horreurs "rapides" sont à 99% ratés.
Que tu considères que c'est un non-sens c'est ton problème, etc etc etc... je pense au contraire en effet qu'un film de ce type gagne souvent à être court, mais il est vrai que c'est certainement plus difficile de faire bien avec une durée courte qu'avec une durée longue qui prend tout son temps pour installer et fignoler une ambiance, des personnages, etc., au prix de devenir rasoir si ça tient pas la route, ce qui veut dire si c'est fait complètement n'importe comment, mais aussi si ça se veut trop bien pensé et construit (ce qui est selon moi le cas ici). La peur n'est pas, pour moi, une émotion qui nécessite les fioritures et les falbalas. Mais bon, je vois que tu cites Nolan comme modèle, donc on est clairement pas sur la même longueur d'onde...
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ça aurait pu durer au moins une bonne demi-heure de moins à mon avis si le cinéaste ne se livrait pas à tout un tas d'affèteries inutiles, en plus systématiquement bousillées par du grand-guignol, certes disséminé de manière parcimonieuse...
Faudrait savoir: y a trop de longueurs insupportablement chiantes ou y a un tas d'affèteries systématiquement plombées par des effets grand-guignolesques? Anyway, tu parles d'affèteries inutiles. Pourquoi "inutiles" (et dès lors: pourquoi "affèteries")? On est en droit de se demander si avec toutes ces longueurs chiantes, ton attention n'a pas décliné vers l'endormissement, car si il y a bien quelque chose qu'elles ne sont pas, les "longueurs" autant que les "affèteries", c'est
inutiles.. C'est bien pourquoi j'évoquais ce jeu permanent sur le fatum hyperdéterministe de la prophétie: chaque plan, chaque scène ont un sens, font signe.
oui, oui, tout fait sens, tout a été pensé. Mais rien n'y fait, ça me laisse indifférent, je ne vois qu'un final grand-guignolesque qui ne me donne absolument pas envie de retourner en arrière pour comprendre ce qui faisait sens pour éclairer ou justifier cette tarte à la crème finale énooorme.
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Tout le monde ici a l'air de trouver l'actrice qui joue la mère géniale
Pas moi. Mais "yeux exorbités, rictus cramoisi, voix pleurnicharde...": on n'est pas dans du Robert Bresson. Le jeu de Nicholson dans Shining aussi est outré et caricatural au possible. Est-ce que ça nuit au film?
Probablement encore "les goûts et les couleurs", j'avoue assez bien me laisser saisir par la folie qui suinte du visage Nicholson, et pas du tout par le visage qui joue la folie de l'actrice d'"Hereditary". Il faut dire qu'en face de Nicholson il y avait Shelley Duvall, car la terreur se lit toujours autant dans le visage du bourreau que dans celui de sa victime... Là en face on a un jeune acteur au visage expressif comme une endive et exagérément grimé pour simuler la dépression. On ne va pas revenir sur "Shining" ici, mais c'est loin d'être un film que je considère sans défauts...
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Passons sur la fin qui est complètement débile en nous faisant basculer intégralement du côté du surnaturel (là encore avec une bonne dose d'esthétique grotesque) plutôt que de la pathologie psychiatrique. On n'y croit pas une seconde, et on se dit "tout ça pour ça"...
C'est dommage de passer ainsi sur la fin, surtout si c'est pour en parler quand-même, et surtout si, en en parlant, tu additionnes les syllogismes de la mauvaise foi:
- "complètement débile": c'est ton avis, dans la mesure où ce qui t'aurait plu, à toi, c''est qu'on soit confiné dans de la "pathologie psychiatrique": or basculer intégralement du côté du surnaturel, c'est justement en cela que je trouve cette fin géniale, pour ma part. Elle brise un code narratif qui, à force, est devenu un stéréotype (à la base, surprendre le spectateur en lui suggérant que le "surnaturel" s'explique en fait par le réalisme: les persos sont dingues, etc, ou laisser planer une ambiguïté qui, au final, "crédibilise" le récit).
L'audace, payante, est ici de balayer le psycho-pathologique: du coup, "on n'y croit pas une seconde", dis-tu. Dans un sens plus positif: justement, on n'en croit pas ses yeux, littéralement, et là est toute la sidération, et pour moi la grande réussite de cette fin. D'autant que rien dans cette fin n'est gratuit: vu qu'elle s'annonçait depuis le début, et comme de plus en plus inéluctable (en piégeant, accessoirement, le spectateur, dans le sentiment d'une issue psychopathologique que ruine le dernier tiers).
Attends, cette fin est hyper-caricaturale, vraiment rien de neuf sous le soleil du film d'épouvante quoi dans lequel les sorcières et le Mal ont toujours naturellement existé. J'ai vu un film de ce genre il y a qq temps qui se finissait de la même manière, dans une sorte de délire visuel gratuit comme ça, j'arrive pas à me souvenir de quel film il s'agissait.