Forum de FilmDeCulte

Je me faisais la réflexion lors des élections US que le système a un tour est très dur de tous les côtés. Je m'explique, non seulement ça n'aide pas du tout les petits partis (d'où le bipartisme, bien aidé en plus par les budgets non limités), ni les électeurs a voté en fonction de leurs envies, ça ne donne aucun droit à une erreur d'appréciation de l'élection, et en plus ça donne des résultats où l'abstention fait plus de voix que n'importe lequel des candidats. Alors que le 2è tour, même si on vote à contre-courant de son opinion (genre Sarkozy/Le Pen au 2è tour alors qu'on est de gauche), permet de donner sa voix à un candidat, même si on l'apprécie moins, on valide un choix. Bref, je trouve ça bancal, même si je comprends peu le système américain, donc je pense que j'oublie pas mal de subtilités.

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Delirium Tremens

Il me semble avoir lu quelques parts que le parti démocrate a perdu les voix des jeunes, qui ne se sont pas déplacés vu le pédigrée des deux derniers candidats Clinton/Trump. Vraiment dommage que Bernie n'ait pas pu remporter la primaire (merci les médias qui l'ont descendus en flamme), ça aurait proposé une vraie alternative et probablement attiré pas mal de monde qui se sont finalement abstenus.

Faut pas rêver, jamais Bernie Sanders le socialiste n'aurait pu être élu, Trump a mis le curseur tellement à droite qu'il fallait un candidat centriste face à lui. La vraie responsable de cette défaite, c'est Hillary Clinton, candidate objectivement nullissime.

C'est toujours compliqué de refaire le match, mais bon, ça aurait été intéressant de compter les forces en présence avec une telle polarisation.

Il est quand-même impressionnant de comparer la répartition des votes avec le revenu médian par habitant dans chaque état (d'après Wikipédia). Trump ne remporte que 4 des 21 états au sein desquels la population a un revenu supérieur au salaire médian national, Clinton 1 seul des 30 plus pauvres que la moyenne (le Nevada, qui est au coeur de la problématique du vote des immigrants d'Amérique latine). Significativement le Vermont de Sanders est le deuxième état avec le plus faible revenu remporté par Clinton.

Rank State 2014
1 Maryland $70,004 Clinton
2 New Jersey $69,825 Clinton
3 California $67,458 Clinton
4 Connecticut $65,753 Clinton
District of Columbia $65,124 Clinton
5 Massachusetts $64,859 Clinton
6 New Hampshire $64,712 Clinton
7 Virginia $62,881 Clinton
8 Hawaii $62,814 Clinton
9 Minnesota $61,814 Clinton
10 Alaska $60,287 Trump
11 Delaware $57,954 Clinton
12 Washington $57,835 Clinton
13 Wyoming $56,322 Trump
14 Utah $55,869 Trump
15 Colorado $55,387 Clinton
16 New York $55,246 Clinton
17 Rhode Island $53,636 Clinton
18 Illinois $53,234 Clinton
19 Vermont $52,776 Clinton
20 North Dakota $51,704 Trump
Moyenne United States $50,502
21 Wisconsin $50,395 Trump
22 Nebraska $50,296 Trump
23 Pennsylvania $50,228 Trump
24 Iowa $49,427 Trump
25 Texas $49,392 Trump
26 Kansas $48,964 Trump
27 Nevada $48,927 Clinton
28 South Dakota $48,321 Trump
29 Oregon $46,816 Trump
30 Arizona $46,709 Trump
31 Indiana $46,438 Trump
32 Maine $46,033 Trump
33 Georgia $46,007 Trump
34 Michigan $45,981 Trump
35 Ohio $45,749 Trump
36 Missouri $45,247 Trump
37 Florida $44,299 Trump
38 Montana $44,222 Trump
39 North Carolina $43,916 Trump
40 Idaho $43,341 Trump
41 Oklahoma $43,225 Trump
42 South Carolina $42,367 Trump
43 New Mexico $41,963 Trump
44 Louisiana $41,734 Trump
45 Tennessee $41,693 Trump
46 Alabama $41,415 Trump
47 Kentucky $41,141 Trump
48 Arkansas $38,758 Trump
49 West Virginia $38,482 Trump
50 Mississippi $36,919 Trump

(je ne savais pas que le Maryland était un état riche, la série the Wire donne une impression de désolation totale pour Baltimore, les inégalités locales doivent être énormes)

...

Oui, je crois que l'électeur de Trump a voté en connaissance de cause. S'il ya bien une chose qui a été démentie, c'est la croyance que le journalisme extrêmemtn paresseux de "fact checking" brut, commentant l'usage des statistiques par les politiciens sans émettre d'opinion explicite, pouvait influencer le choix des électeurs en renforçant la rationnalité de l'inverse. C'est sans doute au contraire l'inverse, d'une part une opinion n'est pas la même chose qu'une donnée ou même un signal entouré par du "bruit", que l'on critiquerait en le filtrant, de l'autre peut-être que ce type de journalisme désigne involontairement la cible la plus fragile où la recherche du bouc-émissaire peut se projeter avec le moins de risque.

J'ai peu suivi la campagne US mais je suis tombé sur un top qui répertoriait les 10 déclarations les plus drôles ou pires de Trump durant cette campagne. Le best of the best c'est Trump qui conseille à Robert Pattinson de ne pas reprendre Kristen Stewart parce que c'est une bitch et qu'elle le trompera à nouveau. Avec le ton et le style si propres à Donald.

On est souvent moins socialiste en vieillissant
Je pense que beaucoup de ces jeunes deviendront des démocrates bien classiques, surtout qu'avec la victoire de Trump, ils vont certainement se serrer les coudes, s'unifier. C'est la présidence d'Obama qui a permis selon moi au camp démocrate de se diviser. Quand on est dans l'adversité, on s'unit plus facilement.
Ensuite, les USA changent beaucoup démographiquement parlant, et même s'il y avait beaucoup d'hispaniques parmi les jeunes votant pour Sanders, le mouvement était surtout mené par des petits blancs. Petits blancs qui vont devenir de plus en plus minoritaires démographiquement. Les jeunes afro-américains eux ont préféré Clinton. Je pense que c'est un facteur important pour la suite.



Il y a un monde entre voter pour un candidat socialiste et un autre qui parle mal. La preuve, pour beaucoup d'électeurs américains, il était préférable de voter pour un homme qui se comporte mal avec les femmes et insultait des mexicains que pour une femme dont la corruption était avérée et représentait donc un risque pour l'indépendance de l'Etat et la souveraineté. Je pense que l'incompréhension des médias vient de là aussi, on a trop parlé personnalité et pas assez politique durant cette campagne.



Ma théorie est qu'un candidat qui pousse le curseur très à droite, presque dans l'outrance, oblige son concurrent à suivre sous peine d'être délaissé par les médias, de perdre le momentum. Je ne dis pas que c'est systématique, la preuve en France avec Juppé qui a finalement résisté au numéro de cirque de Sarko, mais je pense que ça aurait été confirmé aux USA. Je pense aussi que le système s'auto régule et qu'on ne verra jamais deux candidats "marginaux" en même temps. J'ai vu que Michael Moore essayait déjà de se placer pour 2022, mais à mon avis on aura droit à ce moment-là plutôt à un candidat "normal", comme Hollande face à Sarko en France. Un candidat rassurant, classique, sans outrances, un peu chiant, qui n'aura qu'à se baser sur les probables casseroles de Trump.

Qu'en sera-t-il après un président anti système ?

Justement, Trump ne devait pas être élu, c'est un bug du système auto-régulant.
Mais deux candidats anti-système à la fois ? Ca me parait improbable et l'establishment empêchera toujours ça.

Euh, l'establishment, c'est pas un peu l'inverse de l'auto-régulation du système ?

Mouais je ne pense pas que "l'électeur" de Trump se définisse par un seul profil. Il y a beaucoup d’électeurs républicains bien remontés par 8 ans d'Obama, qui sont prés à donner sa chance à n'importe qui, du moment qu'il n'est pas démocrate (j'en connais). Il ne faut pas oublier que Trump n'a pas fait mieux que Romney en 2012. Je pense que l’élément de surprise vient de la performance désastreuse de Clinton qui n'a juste pas vu le mur arriver.
Le DNC va devoir rebooter, ce qui n'est pas une mauvaise chose.

Je trouve ça chaud de décrire Trump que comme un mec qui se conduit mal. Mais effectivement beaucoup de gens ont l'air de s'en convaincre.

Grave.

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"Je me suis mal exprimé, pardon."