Encore un épisode excellent oui.
Je suis surpris par la tournure expérimentale que prend peu à peu la série. Auparavant, les arcs scénaristiques se développaient de façon classique tout au long de la saison, avec parfois, mais rarement, une mini-histoire au sein d'un épisode. Aujourd'hui ces arcs scénaristiques globaux sont volontairement mis en retrait, on a l'impression d'être face à des épisodes qui se suffisent à eux-même. Pourtant, les personnages évoluent toujours autant. Autre chose que j'ai remarquée, et qui va dans le même sens : cette sensation d'indépendance des épisodes permet de distendre le temps, de donner une impression de flottement. Ainsi, il est parfois dur de connaître le temps qui sépare deux épisodes, alors qu'il était autrefois bien plus quantifiable, on pouvait par exemple aisément imaginer que deux jours s'étaient passé entre deux épisodes. Dans cette saison 5, c'est comme si chaque épisode était un instantané de l'époque. La plupart des épisodes de cette saison sont bâtis autour d'un personnage (trois personnages dans l'épisode 6) et d'un thème (dans l'épisode 6, la drogue), exploré à la fois de façon très fine et très appuyée, à l'aide de symboles, de gros plans explicatifs, qui participent plutôt à faire naître une ambiance étrange et malsaine. La série n'a jamais été aussi violente finalement, car on se sent face à une représentation de pantins serrés dans leurs costumes trop ajustés et où le marionnettiste est Weiner. Il balance ses personnages contre le mur des conventions et contre celui de la modernité qui arrive. Il cède de plus en plus à l'excès, étirant les situations jusqu'à l'absurde, au totalement improbable ou au grand-guignol (beaucoup d'exemples dans les épisodes 5 et 6), comme s'il testait les réactions de ces personnages, comme s'il leur faisait prendre conscience de ce qu'ils sont vraiment, à savoir des archétypes des années 50-60. Les discussions agissent aussi en tant que révélateurs, elles ne recherchent plus le naturel, elles cherchent à faire la lumière sur cette époque, à dynamiter une reconstitution toujours plus perfectionniste, quasi paranoïaque. Et malgré ce ton volontiers artificiel, la série et les personnages restent, comme par miracle, bouleversants.
Plus spécifiquement à cet épisode, j'aime beaucoup la scène du LSD et encore plus la scène qui suit, au petit matin. J'ai trouvé ça très beau.
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