J'ai fini Mad Men depuis un bon mois ! J'avais regardé le pilote il y a des années et lâché la série dans la foulée. Malgré l'enthousiasme général, rien ne m'emballait vraiment en dehors de la réalisation soignée (mise en scène, décors, costumes surtout). Je partais avec un sérieux a priori, craignant un premier épisode aussi chiant que celui que ma mémoire voulait bien restituer. Pourtant, cette fois, j'ai plutôt été réceptive à l'histoire et aux talents en présence. Par exemple, Elizabeth Moss : j'avais oublié son rôle et c'est une actrice que j'ai mis du temps à pouvoir blairer (délit de faciès, en majeure partie). Là, elle m'a donné envie de connaître la suite de Peggy chez Cooper-Sterling.
Je ne vais pas épiloguer 150 ans sur le show, que j'ai donc beaucoup aimé et aux nombreuses qualités. Ce qui m'a le plus impressionnée, c'est l'orientation choisie pour cette reconstitution des USA en plein essor économique. Avec sa révolution industrielle et ses évolutions technologiques (comme la télévision, le réfrigérateur, l'ordinateur ou même le premier pas de l'Humain sur la Lune...), le portait de cette période se fait assez exhaustif, la publicité devient un support idéal pour y parvenir. Pourtant les showrunners ne cèdent pas à la facilité d'une relecture plus contemporaine de l'Histoire.
Par exemple, si l'alcoolisme, le tabagisme, l'adultère, le sexisme, le racisme, l'obscurantisme, la corruption etc. sont largement pointés du doigt, ce n'est pas pour autant prétexte à une dénonciation opportuniste de ce que le passé charrie de "pire" avec lui en matière d'us et coutumes. Ça s'inscrit dans la réalité des rapports de forces interpersonnels inhérents à toute époque et société, intrinsèquement liées à des dynamiques socio-économiques très ancrées.
C'est selon moi la plus grande qualité de la série, de se borner à faire évoluer ses personnages dans un monde où le champs des possibles est vaste mais périlleux, où les lignes ne bougent pas tant malgré la promesse alléchante du rêve américain. Pete reste un fils d'entrepreneur de renom, son bagage social prenant le pas sur son caractère plutôt mauvais, il sait comment tirer son épingle du jeu presque en toutes circonstances. Un Don Drapper, aussi rusé et fin soit-il, est finalement rappelé à ses origines sociales de basses conditions et à son passé peu reluisant. Il est manifeste que les qualités humaines et professionnelles de Don sont plus appréciées que celles de Campbell ou d'Avery, pourtant même quand il se glisse dans la peau d'un autre, son passé le rattrape. Et réduit à néant son ascension spectaculaire.
En conclusion, c'était vraiment très plaisant. Je ne regrette pas d'avoir retenté l'expérience et d'avoir été jusqu'au bout de la série qui a tenu ses promesses tout du long. Des trajectoires surprenantes et pourtant en parfaites cohérences avec les éléments placés en amont. Brillant !
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