A savoir que le titre français est identique au titre original sauf qu'il traduit "High Concept" par "Box Office", ce qui n'est pas vraiment la même chose.
Cela dit, l'ouvrage ne fait que traiter assez superficiellement la notion de "high concept", sa quasi-création par Simpson et Bruckheimer dans les années 80, et la manière dont ils répèteront la formule depuis Flashdance jusqu'à The Rock. Ce qui est assez dommage vu que c'est le principal intérêt du livre, du moins son principal attrait à mes yeux.
Dès lors qu'il s'intéresse à la dissection de cette mécanique concoctée par les producteurs des années 80, le bouquin parvient à être assez passionnant, montrant comment la manipulation des enjeux et thématiques les plus basiques, associés à une idée forte, aboutissent à la conception de films à succès. Mais tu sens que l'auteur est limité sur la question, n'arrivant par exemple pas à expliquer pourquoi Jours de tonnerre ne cartonne pas alors que les autres si, à l'exception d'un "le script était pas fini".
Et du coup, il brode à grands renforts de digressions sur la prostitution et la drogue et la chirurgie esthétique, autant de domaines qui caractérisent certes le monstre qu'était Don Simpson - et en cela, le portrait d'un homme incroyablement complexé est plutôt bien décrit et assez informatif - mais trop souvent Fleming se vautre dans du racolage, passant des pages à nous narrer les déviances de son sujet (on apprend donc qu'il existe des vidéos montrant Simpson en train de pisser dans un chiotte d'où boit une pute qui se fait enculer par une autre munie d'un gode-ceinture ; ou encore que Simpson s'était fait injecter de la graisse de son abdomen dans son pénis pour l'élargir avant que cela ne s'infecte et rende sa bite violette ; sans oublier une liste exhaustive de tous les médicaments pris par Simpson), ce qui irait si cela ne s'étalait pas de manière incongrue au milieu des intrigues de studio, et surtout si cela ne s'étendait pas à tout Hollywood (y a presque un chapitre entier sur l'accession au pouvoir d'une maquerelle, Madame Alex Adams, avant son remplacement par la célèbre Heidi Fleiss, avec de longs paragraphes présentant des personnages annexes comme tel ou tel flic chargé de l'affaire).
Et il en va de même donc pour les historiques de désintoxication de plusieurs stars qui occupe une trop importante place dans un livre qui s'éloigne alors de son sujet pour se faire en réalité une peinture de Hollywood comme le lieu de tous les excès ou comment la surenchère extra-diégétique (coke, putes, silicone) n'avait d'égal que celle qui prenait place sur les écrans (plus gros, plus fort, plus con).
En cela, je dois avouer que le propos du bouquin est plutôt bien rendu...
Mais du coup, ça donne un ouvrage qui se disperse constamment, avec beaucoup de redondances (y a des faits qui sont répétés 3 ou 4 fois dans le livre, des citations qui reviennent d'une page à l'autre, on dirait que le bouquin n'a jamais été relu), et qui ne fait qu'effleurer le sujet le plus intéressant : j'en ai pas tant appris finalement sur Hollywood, dont je connaissais déjà les excès, et j'aurai aimé en savoir plus sur Simpson et son travail, notamment son partenariat avec Bruckheimer, qui n'est que trop succinctement évoqué.
Heureusement que les derniers chapitres reviennent un peu là-dessus, m'apprenant notamment que le duo s'était séparé juste avant la mort de Simpson, ce que je ne savais pas, ou revenant sur l'implication de Simpson dans les films qu'il produisait, fournissant des détails comme ses interventions pour faire de The Rock le film qu'il est au final (à la base, Connery jouait juste un ex-taulard et le méchant n'était pas un militaire avec une cause, ça ce sont des apports de Simpson).
En bon fan des coulisses du cinéma hollywoodien, c'est ce genre d'infos qui m'intéresse. Et Fleming n'est malheureusement pas Peter Biskind.
PS : et le mec qui a traduit le bouquin est un gros mauvais. C'est bourré de "faux amis", je pouvais les déceler à la lecture, je devinais les termes originaux employés par l'auteur derrière la traduction foireuse.