Je ne pense vraiment pas que ce soit dû au fait que j'aie vu le film avant, mais j'ai eu un problème avec le roman. Je l'ai trouvé très poseur. L'auteur se regarde écrire. Son style est trop précieux, trop maniéré, trop pédant. Ce style sur-écrit et intello, elle le prête a deux personnages hautement improbables: une concierge ultra-cultivée qui s'emprisonne dans son antre pour mieux s'abandonner à l'élargissement infini de la connaissance, et une gamine (de l'immeuble) ultra-intelligente qui, à 12 ans, prétend vouloir se suicider, déprimée par la bêtise du monde. Toutes deux étalent leurs états d'âme (et, en passant, leur culture) et se s'accrochent à ces petites choses qui font la beauté de ce monde. Pendant près de 200 pages, ce n'est que ça. Un récit inexistant et des personnages prétextes servent de décor à un prêchi-prêcha de blogueuse qui veut étaler sa culture et sa maîtrise de la langue française. Certes, les observations ou élucubrations sont parfois cocasses et finement tournées, mais on espère toujours qu'il se passe quelque chose. Puis survient le personnage de Monsieur Ozu, homme beau, sage et bon, qui redonnera le goût à la vie de la gamine et tirera la concierge de sa solitude. Et en plus il est Japonais. Ils forment ainsi une espèce d'équipe de super intelligents qui ont tout compris à la beauté de ce monde.
Généralement crispant, le livre comporte quand même de jolis passages, et plusieurs petits "moments de la vie" (ce qui nous émeut, ce qui nous émerveille, ce qui nous désespère) résonneront certainement chez chaque lecteur. Par à coups, je mettais mes critiques de côté et me laissais prendre par ces moments drôles ou émouvants. Malheureusement, sur la fin, Muriel Barbery achève son histoire par un événement larmoyant au possible. Déjà un peu incongru dans le film, on y croit encore moins dans le roman.
En somme, il y a de belles choses, vraiment, mais j'ai trop de réserves pour garder un bon souvenir de ce livre.