Forum de FilmDeCulte

Marilyne et Bruno Caron arrivent dans un village de montagne pour emménager dans un chalet qu’ils ont loué à Patrick Castang, promoteur et propriétaire de nombreuses habitations dans la région. Contents de quitter le nord de la France pour démarrer une nouvelle vie, ils acceptent sans sourciller quand Castang leur annonce qu’il va les loger momentanément dans un autre chalet de grand standing car le leur n’est pas terminé. S’ensuivra alors une succession de déconvenues qui va les conduire à déménager de nombreuses fois, avec le sentiment grandissant d’être traités sans aucune considération, alors même que les Castang multiplient patiemment et avec bienveillance les efforts envers eux. Les relations entre les deux familles vont se tendre. Bruno et Marilyne Caron ne supportent plus d’avoir sous leurs yeux le bonheur et l’abondance de biens des Castang. Leur amertume, alimentée par la jalousie, l’envie et la frustration, finira par devenir de la haine.

Sous un héritage chabrolien en plus prolo, voici arrivé avec les giboulées de mars le fait divers de fin d'hiver (inspiré de l'affaire Flactif) dont il ne faut pas attendre une mise en scène zulawskienne. Le quatuor est assez remarquable: si Lamy et Lucien Jean-Baptiste ne forcent pas leur talent en bourges béats de bonheur et plein de bonnes intentions, et que Depardieu fait un peu du Depardieu rejouant la cérémonie, la performance de Rénier, qui a grossi à s'en faire péter la bidoche dans son blouson de beauf avec son bon gros accent du nord, passe bien après les dix minutes nécessaires pour s'y habituer. La monteuse de Polisse a également une nouvelle fois fait du bon boulot, et le parti pris du film de pour une fois ne pas charger les riches mais de montrer la lutte des classes gangrénée par un sentiment de jalousie qui bascule dans la haine la plus froide avec cette détestation de tout ce qu'on envie, s'il est sans doute martelé et dans la droite lignée d'un crescendo de ressentiment, en fait un bon film d'épouvante pour lecteurs du Figaro qui change du pathos social ambiant façon Lioret ou Louise appelle-moi au 8 12 12 Wimmer. Mais voilà, le problème de ce drame du quotidien à la française comme tant d'autres est qu'il ne pousse pas plus loin que sa résolution et qu'il se repose surtout sur sa direction d'acteurs. Un film de fait divers devenu genre en soi somme toute.
3/6

J'ai bien aimé, mon avis est un peu similaire, même si je regrette que les meurtres arrivent un peu trop tard, et que la partie la plus intéressante, quand Hotyat fait le mariole devant les caméras, est un peu esquissée.

Mais sinon oui bons acteurs, j'ai trouvé Lucien Jean-Baptiste vachement bien aussi, et Rénier clairement fait du bon boulot.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Film dur à noter.
J'aime bien l'approche de Guirado qui traite le fait divers à la Simenon et à la Chabrol. Les personnages pourraient être caricaturaux sans l'apport des acteurs tous parfaits qui apportent de la richesse au traitement. Une certaine poésie règne et le film devient réellement fascinant dès le passage à l'acte, après Guirado semble trop accroché au symptome "faits réels" mais son approche non spectaculaire a du bon. Le tout est quand même un peu lisse et ça manque un peu de force dans la première partie. Puis l'approche impartiale du cinéaste se retourne un peu contre lui et ça demeure un peu pauvre d'un point de vue dramatique mais le film tire sa force du soin qu'il tire de sa description psychologique. Dans la continuité de ses rôles à la Dardenne (L'enfant) le personnage de Rénier est fascinant dans son ambiguité et son immaturité. Le film échoue mais au détour de certaines scènes nous fait apparaître le film rêvé qui aurait pu naître. Vu le niveau des scènes après meurtres, on regrette que le film ne commence pas après ces derniers.
Raté mais passionnant. Trop maîtrisé pour être le grand film noir qui apparaît au détour de quelques scènes. Trop lisse et sage pour atteindre le niveau de La cérémonie mais le potentiel est là.

3,5/6