TOUS COUPABLES ! Collectif aux Editions du Faciès/Les Cochons enragés.
On en a parlé déjà plus haut. Rappel des faits :
Le 18 janvier dernier, le dessinateur Placid, le magistrat/syndicaliste/auteur du texte Clément Schouler et l'éditeur Michel Sitbon ont été condamné pour injure et diffamation. Le délit : un petit livre des éditions L'Esprit Frappeur intitulé Vos Papiers et sous titré "Que faire face à la police".
Ce fut le ministre de l'interieur de l'époque (2001) Daniel Vaillant qui porta plainte, relayé par la suite par les différents ministres (dont deux fois Sarkozy) jusqu'à la conclusion de l'affaire cette année.
Devant ce qu'ils considèrent comme une injustice, un collectif d'une trentaine de maisons d'éditions (Vertige Graphic, Cornélius, Les Requins Marteaux, L'Association...) décident de publier plusieures centaines de dessins et de texte d'auteurs réagissant à l'affaire.
Comme un des points du litige était la ressemblence d'un policier avec un cochon sur le dessin de couverture, il fut décidé que chaque participation au collectif devait tourner autour de l'analogie flic/cochon.
Pièce à conviction n° 1, le dessin incriminé :
Il faut noter que les larges narines sont une constance dans l'oeuvre de Placid, que le personnage soit policier ou non. Et que donc, le personnage n'est pas du tout dessiné en cochon, contrairement aux dires de l'accusation.
On n'est pas à une absurdité près, et on notera que si les médias et les politiques se sont exprimés en faveur de Charlie Hebdo recemment, pas un mot sur cette affaire.
A croire qu'il est plus facile de s'élever contre l'action d'une association de musulman au sujet d'une caricature de Mahomet que contre l'action du ministère de l'intérieur au sujet d'une caricature de flic (à chacun son sacré...)
On notera aussi l'intervention de Sarkozy pour Charlie Hebdo : " Il y a une tradition qui est celle de la caricature et de la critique et je ne suis pas prêt à transiger avec cette tradition [...] Je préfère l'excès de caricature à l'absence de caricature".
Deux poids deux mesures dans ta gueule.
Pour ce qui est de l'auteur du livre condamné, la phrase mis en avant par l'accusation fut "Les contrôles d'identité au faciès, bien que prohibés par la loi, sont non seulement monnaie courante, mais se multiplient"
Alors que des syndicats de police eux même se sont révoltés contre la politique du chiffre qui poussait les agents de police à effectivement pratiquer le contrôle au faciès, alors que plusieurs policiers ont témoigné de la réalité de la remarque, il est aberrant de voir une condamnation pour ce genre d'affirmation.
Accessoirement, Schouler est un syndicaliste qui a été condamné pour avoir exposé une parole syndicale critique sur certaines pratiques de la police nationale.
Vive le débat public, vive la liberté d'expression syndicale.
Enfin, l'éditeur affirme que depuis cette affaire, les contrôles de police se sont multipliés dans les librairies vendant les livres de L'Esprit Frappeur, et que ses commandes sont divisées par quatre depuis trois ans.
On aurait voulu tacler une maison d'édition specialisée dans les textes dissidents et libertaires qu'on s'y serait pas pris autrement.
Pour ce qui est du livre, y'a du bon (Blutch, David B, Baladi, Cizo, Davodeau...) et du très facile. L'objet est à la fois cheap et assez classe, un beau pavé de 400 pages qui se lit très bien.
Plusieurs textes sont ajoutés, comme celui d'un syndicat de la magistrature, celui de Denis Robert, ou la reproduction du communiqué de presse de Le Pen qui se félicite de la condamnation.
L'ensemble fleure bon l'anti-flic primaire. On peut dire que ça limite le propos, on peut dire aussi qu'à un moment ça va bien la modération, et que dans certains cas faut pas se gêner pour taper dans les couilles.
Ce qui se rapproche le plus de la page sexe.