bonne nouvelle!
prix révélation de l'année, c'est mérité!
sinon, des lectures récentes:
sauf erreur, personne n'a encore parlé de Joe Sacco ici. Pourtant, c'est un auteur essentiel, qui livre des albums impressionnants, mélangeant un trait très expressif, qui rappelle Crumb pour ses découpages dans tous les sens, avec ses cases qui se cassent la gueule, et sa foison de hachures (je me demande combien Sacco passe de temps par rpage, c'est tellement minutieux...), et une trame documentaire très précise. La rencontre du graphisme outré et de la narration hyper-réaliste produit quelque chose de singulier, qui n'appartient qu'à Sacco. Et puis, politiquement, c'est toujours très costaud.
Je cite Palestine parce que c'est le dernier que j'ai lu, mais ils sont tous recommandables, ses bouquins.
bon ça c'est mon énorme coup de coeur du moment, un graphic novel US ultra-bien écrit, poignant de bout en bout, avec des personnages plus qu'attachants, et servi par un dessin classique dans le meilleur sens du terme, rappelant des gravures de vieux journaux.
Etats-Unis d’Amérique, 1932. La Grande dépression n’en finit pas. Chaque jour, des pans entiers de l’économie s’effondrent et condamnent à la route des centaines de milliers de personnes en quête de pain, de travail. Délaissant parfois femme et enfants. Parmi ces derniers se trouve le jeune Freddie, 12 ans, qui tente de retrouver son père alcoolique parti à Detroit. En compagnie de Sam, le «roi d’Espagne», rencontré au bord d’une voie de chemin de fer dans des conditions difficiles, il va parcourir les contrées les plus oubliées, les rues les plus sombres de cette Amérique à genoux avant le New Deal.
A force de rencontres, de resquilles, de soupes populaires, d’espoirs et de désillusions, Freddie va prendre son destin en main et devenir un homme.
C'est historiquement et sociologiquement passionnant, et humainement bouleversant. Allez, tous à la bibliothèque!
Parce qu'un peu de Tezuka, ça fait toujours du bien. Bon ben encore un bouquin sans faille, congrégat de contes et légendes japonais, servis par une écriture dynamique et drôle, et un dessin hyper-disneyen. Universel, splendide, réjouissant, simple... C'est du tout bon.
Un Sfar de 1998 et franchement pas une réussite. Ecrit par-dessus la jambe, dessin raide, pas vraiment drôle, trop long, souvent facile, et un traitement des personnages féminins (souvent vrai problème chez Sfar, je trouve) à la ramasse.
Faut lire ça avec le recul, se dire que c'est les débuts de l'Asso, et mesurer comme ça le chemin parcouru (détail amusant pour les amateurs du Chat du rabbin: un personnage de Paris-Londres a pour surnom le Malka des lions. Oui, déjà il y a neuf ans...).
Et ça tombe bien, parce qu'en même temps sort ça, qui permet vraiment, vraiment très bien, de se rendre compte de l'évolution:
(existe aussi dans une version de luxe en noir et blanc, avec les esquisses originales illisibles qui font mal aux yeux)
Et bn c'est quelque chose... On peut être réfractaire à Sfar, surtout quand il fait des trucs discutables genre La Vallée des merveilles... Mais le Chat du rabbin, c'est quand même splendide. Ce tome ne dépare pas dans la collection, ne donne pas dans la redite un peu trop ronronnante du tome précédent et s'éclate à partir dans toutes les directions, à se sentir globe-trotteur, polyglotte, mélangeur... Le mélange, c'est le maître-mot de l'album, qui croise cultures, religions, couleurs de peau, langues et sexes avec bonheur. Zlabya m'énerve toujours autant (femme typiquement Sfarienne... ah, les femmes sont tellement terriennes, dans le concret, et les hommes sont tellement dans la représentation du monde, dans l'abstrait... on manque de femmes artistes chez Sfar, elles ne créent rien, elles reçoivent ou donnent, mai n'aspirent jamais au spirituel ou au créatif, c'est bizarre... ça en fait des "pures", des qui bouffent la vie à pleines dents mais qui en même temps font sourire, sont un peu naïves, belles et gentilles... un peu cruchasses et en même temps plus "intelligentes" que les hommes parce qu'elles vont pas se prendre la tête sur des questions de représentation du monde, justement, de politique ou de religion... mais pourquoi les femmes doivent-elles être épargnées de ça? Sfar pense-t-il comme Renaud qu'à part Mme Tatcher, les femmes sont toutes meilleures que les hommes? c'est angélique, d'autant plus que systématique, et ça devient gênant) mais on la voit peu et ça c'est très bien. Elle est évincée à la fin par une black qui dévie pas exactement de la classique femme Sfaresque, mais qui a un tempérament plus complexe que Zlabya (qui en gros claque des portes, ou pleure, ou s'isole) et ça c'est bien.
Le prochain est annoncé comme érotique. Cool. Pour moi, le meilleur bouquin de Sfar reste Pascin. J'aime bien comme Sfar parle de cul, il en parle bien, je trouve.
(pour ceux qui liront le bouquin: la pique à Tintin est très drôle)
Deux bouquins qui donnèrent des films (carton rouge d'ailleurs à Delcourt qui remplace la couve originelle par l'affiche du film... bande de cons).
Avant toute chose; je n'ai pas vu Road to perdition mais j'ai vu History of violence, qui je n'aime pas trop. Je ne sais pas dans quelle mesure le fait d'avoir vu ou pas les films influence mon avis.
Toujours est-il que, si je préfère la BD HoV au film, je lui trouve des défauts similaires. Pourtant, l'histoire n'est pas du tout la même (en gros, à mi-parcours, Cronenberg se détache vraiment de la BD et la fin n'a rien à voir), mais on y trouve une même propension à l'esbroufe sous la rigueur, un côté petit malin (avec une propension à la tarantinade, notamment en fin d'album, que Cronenberg a d'ailleurs bien fait d'éliminer). Le dessin est du même calibre: pas à la hauteur de ses ambitions.
C'est pas que ce soit complètement mauvais, mais ça pète toujours plus haut que son cul... Et on a l'impression qu'il y a une prise de conscience de ça, et que du coup la mule est chargée en éléments "choquants" pour compenser. Ca vire un peu à la complaisance à la longue.
Les sentiers de la perdition par contre, c'est autre chose! Déjà, il faut signaler le dessin, absolument bluffant. Je ne sais pas exactement comment le dessinateur bosse (m'est avis qu'il bosse à partir de photos), mais son noir et blanc est ahurissant: à la foix très réaliste et hyper-stylisé, au final très personnel. Le scénar', quant à lui, sur une base somme toute classique (règlements de compte mafieux), parvient, par la grâce des dialogues et un vrai sens du rythme, à trouver une personnalité bien à lui. Non, vraiment, c'est une réussite. J'hésite du coup à mater le film, maintenant... Mais a priori, le choix de Hanks me laisse trèèèès dubitatif...
Allez, c'est tout pour aujourd'hui (eh, Fluide réédite un vieux Blutch! cool!)