Forum de FilmDeCulte

Jessica, une cultivatrice d'orchidées va à Bogota rendre visite à sa sœur malade. Elle devient amie avec Agnès, une archéologue chargée de veiller sur la construction interminable d'un tunnel sous la cordillère des Andes ; et elle devient aussi amie avec un musicien, le jeune Hernán. Mais, toutes les nuits, elle est dérangée dans son sommeil par des bruits étranges et inquiétants…


J'ouvre le topic pour que Karloff nous dise pourquoi il s'agit du meilleur film de Cannes avec La fièvre de Petrov. Pour le reste, globalement apprécié même si je suis moins à fond que Boonme ou Tropical malady. Comme toujours chez le cinéaste thaï, il faut s'abandonner au songe et se laisser transporter par le spectacle extrasensoriel qui se déroule à l'écran. J'avais peur de trouver ça trop long mais les 2H15 passent comme une lettre à la poste et j'aurais bien repris du rab sans déplaisir. Par rapport à ses autres oeuvres, Weerasethakul laisse encore plus de liberté au spectateur de faire son propre film et sa propre interprétation. C'est un peu déroutant et c'est clairement ce qui va en rebuter certains. Disons que Memoria est le film du cinéaste le moins accessible.

Concernant l'intrigue, dur d'en parler, c'est un périple mystique en Colombie avec une grosse partie dans la jungle. J'aurais même du mal à parler des thématiques philosophiques du film, je me suis juste laisser emporter par le flot poétique des images. Et au détour, Weerasethakul accouche de quelques scènes magiques comme ce trip magnifique spatial. Bref, c'est du pur Weerasethakul, sorti reposé de la séance zen. Un peu mloins émerveillé que d'habitude, moins de fulgurances, mais ça reste unique et passionnant. Pas choqué que ce cinéma radical et extrasensoriel rafle le prix du jury à Cannes. Par contre, ceux qui n'accrochent pas habituellement à Weerasethakul, ça va être une torture comme séance.

4/6

Joli spoiler en tout cas.

Je l'ai supprimé mais franchement le moment où il apparait est tellement surprenant que ça ne gâche rien. Meilleure scène du film, j'aurais aimé que le film soit aussi généreux avec plus de fulgurances de ce type.

Dans tous les cas tu ne vois pas le truc arriver, donc c'est aussi bien de ne pas en faire mention dans ta critique.

J'ai vu le film mais je ne vois même pas à quel éventuel spoiler vous pensez:

ah ok Pas vraiment un spoiler à mon avis.

J'ai eu plus du mal sur celui-là que sur ses précédents. Impression de m'y être plus ennuyé notamment toute la fin dans la jungle avec Hernan, le film semble volontairement se mettre sur pause (Hernan qui meurt/s'endort). Mais je dois bien reconnaître que c'est un cinéma absolument unique, c'est vraiment le seul cinéaste qui me donne cette impression de ne pas faire du cinéma mais de faire presque autre chose. Et c'est à la fois assez dense et parfois cryptique (la disparition du premier Hernan par exemple) et en même temps d'une simplicité désarmante. A l'image de cette fin qui dit tout, où Tilda Swinton ouvre la fenêtre et se contente de tendre l'oreille comme si elle était enfin prête à accueillir la mémoire des Hommes à travers le temps et l'espace et le tout à travers le son, c'est brillant. Je ne vois aucun cinéaste parvenir à manier ces concepts de la sorte, sans didactisme, sans lourdeur, dans une observation presque à distance des choses.

J'ai préféré ses précédents films notamment Cemetery of Splendor mais ça reste totalement unique.

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CroqAnimement votre

Moi ça m'a beaucoup fait penser à Tsai Ming-Liang, surtout ses derniers films.

Je connais assez mal mais j'ai également pensé aux Chiens Errants.

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CroqAnimement votre

C'est quand même une expérience atypique. Je suis rentré dans le film assez lentement car crevé mais finalement cette torpeur accompagnait bien le rythme.

Ce cinéma prend son temps. Chaque plan est composé de manière formidable, mais ce n'est jamais donné comme impressionnant, maousse, on peut vite se laisser aller à penser que c'est banal - or c'est tout le discours, s'il y en a un: la spiritualité, la magie est pleinement à aller chercher dans la sobriété. Dans le temps donné à chaque plan, parfois plusieurs minutes, il ne s'agit pas de chercher des clés de compréhension du scénario, mais de laisser infuser l'ambiance légèrement étrange.

Un de ces films qui pousse le cinéma dans ses retranchements: dans ce qu'il emprunte à la peinture ou photographie, avec le côté quasi figé de nombreuses scènes; mais aussi du mouvement, via son extrême limite qu'est le frémissement (de l'herbe, de l'eau, de boutons informatiques... de personnages), qui fait mieux résonner la vie au milieu de l'immobilisme.

Ici le travail sur la mémoire du monde est assez ardu à appréhender, je n'ai pas tout compris mais je ne pense pas que ce soit un film à scénario, qui a besoin de ça pour exister.

Trop hâte qu’il sorte en Belgique ! (Janvier )

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Je n'aime pas cette expression mais c'est vraiment un film où tu poses ton cerveau avant de rentrer dans la salle. Pas que le film sopit bête mais c'est un filmù purement sensoriel qui demande vraiment de ne pas réfléchir et de laisser pôrter par le truc.