Forum de FilmDeCulte

Sur le chemin qui mène au cimetière du village, une procession de femmes en noir affronte la chaleur du soleil, serrant contre elles les photos de leurs époux, leurs pères ou leurs fils. Certaines portent le voile, d’autres une croix, mais toutes partagent le même deuil, conséquence d’une guerre funeste et inutile. Arrivé à l’entrée du cimetière, le cortège se sépare en deux : l’un musulman, l’autre chrétien.
Avec pour toile de fond un pays déchiré par la guerre, Et maintenant on va où ? raconte la détermination sans faille d’un groupe de femmes de toutes religions, à protéger leur famille et leur village des menaces extérieures.

A Cannes, tout le monde était tombé à bras raccourcis sur le Radu, laissant prospérer le Labaki moins exposé au certain regard mais avec un sujet proche. Pourtant, celui-ci ne vaut guère mieux en adoptant une optique de farce à son conflit hommes-femmes, cette fois-ci couplée à la guerre et au conflit religieux. Les femmes sont douces, maternelles, les hommes de gros lourdauds voués à la castagne et ici elles prennent clairement le pouvoir, usant de milles stratagèmes pour empêcher le village de s'embraser dans la violence. Quelques passages font penser à de l'Almodovar, d'autres chantés peinent à convaincre (overdose du procédé sans doute entre le Honoré et le Donzelli), en tout cas on reste constamment dans l'inoffensif et le bien-pensant.
2-3/6

La bande-annonce m'avait fait sourire mais j'y allais surtout pour accompagner Madame et j'ai été super agréablement surpris.
A partir d'un décor qui aurait pu donner lieu à un traitement lourdement didactique, Labaki offre un film original qui ne propose pas de grandes solutions aux grandes questions qui animent ce village (et par extension le Moyen Orient...et le monde) mais concentre son regard sur ce microcosme coupé du monde à plus d'un titre, où cohabitent chrétiens et musulmans, hommes et femmes, humour et tragédie...

Dans un récit qui fait preuve d'une remarquable abilité à jongler d'un ton à l'autre, avec cette intro qui donne le ton, par le biais d'une marche funèbre transformée en danse, avant d'oser carrément la comédie musicale par moments (les deux premiers laissent dubitatifs mais le troisième est irrésistible), c'est la relative modestie de ce petit univers abordé qui permet d'assoir les recours fantaisistes de ces femmes désespérées dans une réalité tout à fait crédible, mais avant tout enchanteresse, et habitée d'héroïnes aux échanges d'une véracité confondante, tant dans la légèreté de leurs rapports que dans l'émotion des situations malheureusement inéluctables.

Des actrices, toutes authentiques, à l'écriture, malgré ses furtives longueurs, à la mise en scène, discrète mais soignée, ça m'a franchement épaté.

5/6

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