Forum de FilmDeCulte

Joaquim Pinto vit avec le VIH et l’hépatite C depuis près de vingt ans. E Agora? Lembra-me relate une année d’études cliniques sous psychotiques et médicaments toxiques dont la commercialisation n’a pas encore été approuvée. Une réflexion sur la survie au-delà de tous les pronostics mais aussi sur l’amour et l’amitié.

C'est un journal de bord vidéo intimiste de trois heures que Pinto a également entrepris lorsqu'il a débuté une phase de traitements palliatifs expérimentaux contre le sida et l'hépatite C pour prévenir d'éventuels effets secondaires liées à la perte de mémoire (la traduction du titre serait: Et maintenant? Rappelle-moi). La structure n'est pas pensée et montée comme le titanesque Tarnation de Jonathan Caouette, on serait même plus proche du cinéma d'Alain Cavalier, avec un collage au jour le jour de Pinto qui essaie ses médicaments non agréées, sa vie à la campagne avec son compagnon (d'abord récalcitrant à apparaître à l'image, mais qui abandonnera ses réticences jusqu'à une scène de sexe au plus proche des corps) et ses chiens en assistant derrière son écran de télévision aux images de la crise économique qui ravage l'Europe (je rappelle qu'au Portugal, le premier ministre est même allé jusqu'à conseiller aux plus jeunes de se barrer du pays pour espérer faire quelque chose de leur vie). Pinto était ingénieur du son surtout pour Monteiro dont il était proche, mais aussi entre autres pour Ruiz, Oliveira ou Téchiné, et on peut mettre en parallèle son agonie avec celle de l'Europe, d'un de ses chiens mais aussi du cinéma portugais. Pourtant, le film ne manque pas de grâce sans éviter les longueurs (on était douze dans la salle, la moitié s'est barrée), car de fait plus solipsiste qu'extraordinaire. E agora ne s'attarde pas sur la maladie et la douleur, préférant longuement contempler une libellule et toujours croire envers et contre tout dans le cinéma comme un moyen de survie.
4/6