PFOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO.
La violence.
La violence de la sournoiserie avec laquelle cette 3e saison m'aura enfilé le derrière après m'avoir fait croire à une bonne vieille baisse de régime au début.
La violence de tout ce qui s'y passe en réalité, au premier plan, par gros à-coups, en fond, dans un crescendo soigneusement développé...
Je trouve que ça met un petit temps à démarrer, avec la reprise sans transition (de la série, du couple Draper), cette vente de la firme aux anglais qui semblait impacter sur l'aspect professionnel de la série, moins passionnant, et puis l'histoire du père de Betty, que je trouvais un peu relou. Mais il cane vite et cette cohabitation est rapidement évacuée, sans pour autant que le spectre de Gene disparaisse. Au contraire, il rend Betty encore plus tarée (cet enfant qu'elle ne voulait pas, qu'elle prend pour une fille, puis qu'elle baptise d'après son père mort), risquant de rendre la fille tarée aussi (cette relation ne me fascinait pas non plus) et finalement, même calme, elle est toujours aussi paumée. J'adore comme la série oppose ses fantasmes (coucher avec Henry sur son super divan) avec la réalité (tu peux niquer mais fissa sur le bureau, le divorce qui se fera pas forcément comme elle l'entend). Et j'aDORE quand Don lui balance ses 4 vérités sur la fin (même si c'est réellement contre lui-même qu'il est vénère). PS : par contre, le coup du "ah bé j'avais laissé les clés de mon tiroire avec tous mes secrets dans les poches de mon pantalon que Betty a mis dans la machine", c'est vraiment de l'écriture faiblasse. Quoiqu'il en soit, allez, casse-toi maintenant, icy bitch.
Revenons à Don. Cette 3e saison l'aura mis à mal putain. En fait, je crois qu'une des choses qui m'a désarçonné au début sur cette saison 3, c'est que je m'attendais à ce que ce soit - comme pour toute autre série - more of the same. Et à l'inverse, comme toute BONNE série, ça ne cesse d'évoluer. Sans peur. Sans concessions. Ainsi Superman est-il réduit à n'être la plupart du temps que Clark Kent. L'homme qui détournait les juives, qui doigtait les femmes de stars et se tapait des filles de riche français dans des villas californiennes paraît à présent émasculé, flirant avec sa femme tel un étranger et uniquement lors d'un petit séjour rome-antique. Son histoire avec la prof de sa fille en est d'autant plus touchante...la première fois, poétique, lorsqu'il la caresse par le truchement de l'herbe sur laquelle elle danse, il voit en elle un symbole de pureté, une pureté qu'il n'a plus. Evidemment, il se prend un gros bash quand elle crame direct son petit jeu. Mais il lâchera pas l'affaire et même si ça marche, au final, ce sera de courte durée et complètement illusoire. PS : l'épisode avec le frère épileptique de la meuf, c'est bidon par contre.
Et professionnellement, c'est à se demander si ce n'est pire. Enfermé dans un mariage sans avenir duquel il peine à s'extriper par le biais d'escapades nocturnes, le voilà à présent emprisonné par un contrat. Comme je disais, je me méfiais un peu de cette histoire de rachat par les anglais, sans doute parce que du coup Don ne brillait plus lors des brainstorming comme jadis, mais c'était le but finalement. Et outre là aussi quelques abus un peu too much ("alors moi je dis là l'angliche il se fait mutiler le pied par une tondeuse qu'on aurait ramené dans le bureau"), l'évolution semble habilement gérée au final, notamment si l'on aborde les choses du point de vue du personnage de Lane Pryce (Jared Harris).
Parfaitement conscient que l'on attend tous l'inévitable climax à venir avec l'assassinat de Kennedy (la série a géré comme une malade le contexte historique depuis la crise des missiles en fin de saison 2 jusqu'à cette fin de saison 3, en passant par le speech de MLK et autres petits événements en fond pour souligner l'ambiance générale ou l'état d'esprit des personnages), les scénaristes ont passé 11 épisodes à installer tous les éléments qui vont mener les protagonistes à leur perte (Betty qui découvre les secrets de Don et veut divorcer, le contrat, le rachat, le mari de Joan qui est bidong, Pete et Peggy qui ne sont pas estimés, Sterling qui regrette son mariage, etc.) avant de tout faire péter dans les deux derniers épisodes de la saison, d'une surpuissanse absolument ouf.
On les fout plus bas que terre dans l'épisode 12, te faisant sentir la lose de chacun comme si c'était ton papa qui avait été tué par Oswald, et dans l'épisode 13 ça se fait juste complètement jouissif, avec cette dream team qui se crée soudainement. Ce serait un parfait finale. Et un parfait pilote.
Du coup, c'est absolument génial de terminer une saison là-dessus et je suis très curieux de voir où ira la 4, d'autant que l'ellipse est là aussi assez importante.
Enfin bref, il y en aurait des choses à dire sur cette saison, c'est sans doute la plus riche.
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