Personnellement j'ai trouvé ça vachement bien pour différentes raisons. D'emblée parce que cet univers de geek régressif, qui vit totalement dans son monde, ça me parle carrément. Les films à base de clins d'oeil aux comic books et de références SF, où le langage est cash, l'humour totalement incorrect, je m'y sens bien, je m'y sens chez moi. Ce qui me pousse d'ailleurs à être indulgent (c.f Scott Pilgrim). Mais là je n'ai pas besoin d'être indulgent car le film va bien au-delà de ça.
Comme je l'ai dit à la sortie, j'y ai plus ri que durant ces dix dernières années de comédies françaises. Sincèrement. La construction des gags, les idées de mise en scène, le timing, l'écriture et surtout les regards tout en finesse de Bob (scène des frites absolument énorme), tous ça est vraiment excellent. Y'a du travail derrière, y'a des mecs qui se sont posés des questions sur l'efficacité de leurs scènes, qui ont étudié leurs références et y'a surtout un réel désir de nous faire marrer, une réelle envie d'être drôle, percutant, vif. Bref, tous les trucs qui manquent à la comédie française qui oscille désormais entre le bâclé foireux ou le cynisme mesquin. Ca m'a vraiment fait plaisir de voir ça, ça m'a fait plaisir de voir que ça fonctionne, que c'est possible de faire ça ici, avec peu de moyen et beaucoup de passion. Y'a une énergie très communicative qui en ressort.
Mais ce qu'il y a de mieux encore, ce qu'il y a de plus fort c'est que le film m'a touché (un peu, mais quand même). Pas pour cette histoire d'amitié entre les deux personnages, je trouve ça artificiel. Je parle dans l'absolu, à chaque fois que je vois ce genre de chose au cinéma, je n'y crois pas trop. Je trouve que c'est un faux thème qui sert plus à se détourner du vrai sujet qu'il dissimule en réalité : l'homosexualité. C'est plutôt l'angoisse du perso de Bob qui m'a paru être le propos central, le vrai moteur. Cette peur d'affronter le monde, cette panique qui monte au fur et à mesure qu'ils s'approchent de l'appart (du coup les escaliers fonctionnent pas mal de ce point de vue là), cette appréhension à être vu, jugé et confronté à l'autre, je trouve ça vrai. C'est dans cette micro détresse un peu pathétique que je vois un peu de cinéma dans le film. Et c'est rare de trouver du cinéma dans les court-métrages aujourd'hui.
En ce sens, c'est à mes yeux le travail le plus abouti que j'ai vu de Liam. Paradoxalement, cette démo m'a paru moins une démonstration d'un savoir-faire technique (indéniable) derrière lequel il se réfugiait dans ses précédents films (Minimum Overdrive et Le Portail). Je n'ai pas vu ce qu'a fait Daniel avant mais je suppose que sa collaboration y est pour quelque chose. J'ai vraiment senti ici que la réalisation était motivée par l'envie de raconter quelque chose, de montrer des personnages, leurs univers, leurs émotions. J'ai trouvé les flash-back extrêmement réussis et bien gérés par exemple. Qu'en 6 minutes 30, tout soit installé, prêt à démarrer, c'est pas rien, c'est une petite prouesse...
Alors bien sûr, j'ai envie que le film se fasse parce que ce sont des potes et qu'on voudrait que ça marche pour eux. Evidemment, j'ai envie que ça se fasse parce que j'aimerai savoir la suite, voir l'évolution des persos et me marrer un bon coup. Mais la raison principale pour laquelle je souhaite que ce film existe, c'est parce que je veux que les Yann Moix, Onteniente et compagnie se pissent dessus de honte en le voyant. Je veux qu'ils chialent leur mère en constatant qu'une bande de petits gars sortis de nulle part les enterrent littéralement à TOUS les niveaux. Je veux qu'ils comprennent soudainement à quel point ils sont merdiques et lâches.
P.S : pour moi c'est évident que ce film est destiné au cinéma, je comprends même pas le débat. En faire une série, en faire comme l'a dit Jiko "des personnages sans histoire", ça serait réduire ça à un concept, ça rendrait le tout redondant, inutile. Et franchement, les micros séries pseudo-comiques avec des personnages types, c'est sinistre.
P.P.S : Les questions maintenant : vous avez tourné avec quoi comme caméra ? Comment vous avez négocié le gag de la fille ronde avec l'actrice ? Comment vous lui avez présenté ça ?
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