Razheem L'insensé a écrit:
Tu aurais des exemples concrets Castorp ?
Deux trucs lus récemment, et de deux époques très différentes (c'est assez frais pour que je détaille un peu) :
Rupture dans le réel, de Peter F. Hamilton : bouquins amusants, aux descriptions enlevées, mais qui ne sont finalement qu'une succession de péripétiés grand-guignolesques où chaque idée, chaque personnage, ne sert qu'à étoffer l'univers auto-référentiel de l'auteur. Au final, ça ne raconte rien du tout.
Les 4 volumes de Cities in Flight, de James Blish, dont le postulat est excellent (des villes transformées en vaisseaux spatiaux), mais dont l'auteur, obsédé par son idée d'asséner sa métaphore empesée sur Spengler (ce qui est l'autre tare de la SF, celle de croire qu'en faisant des métaphores historiques, on raconte quelque chose sur le monde), oublie de raconter autre chose que ça. Les personnages et les péripéties ne sont plus que le véhicule de cette métaphore, et au final, encore une fois, ça ne raconte rien.
La SF, quand elle se cantonne à son genre, est trop souvent soit auto-référentielle à en mourir, soit dans un grand trip métaphorique qui oublie l'humain (et la littérature) au passage. C'est encore plus vrai en fantasy.
(Et je précise que j'aime beaucoup la SF, mais ça ne m'empêche pas d'être confrontré de façon violente à ses limites dès que j'ouvre un bouquin du genre. Heureusement qu'il y a des auteurs qui transcendent ça, car ce qui les intéresse, c'est utiliser une trame de fond SF pour raconter une histoire, pas de raconter une histoire pour faire de la SF.)