Latium, de Romain Lucazeau
Vraiment hypé par le thème et le succès critique, je confesse une certaine déception. En gros, la première moitié du premier tome est très bonne, à la fois mystérieuse, bien écrite, originale. Par la suite, on alterne entre le bon (l'intrigue sur la machination, les interrogations métaphysiques) et le terriblement banal voire grotesque. En particulier, j'ai vraiment eu beaucoup de mal avec cette idée des hommes-chiens: bien que justifiée à la fin du premier tome, on ne peut se départir d'un sentiment d'absurdité dans la façon de mêler d'un côté une intrigue très sérieuse, métaphysique avec des protagonistes puissants et intelligents, et de l'autre côté ces humanoïdes à tête de labrador (!) et aux préoccupations très terre-à-terre.
En plus, la caractérisation psychologique des différents personnages et les dialogues qui vont avec sont relativement ordinaires. C'est dommage car cela affaiblit beaucoup l'univers qui par ailleurs est bien décrit, entre lyrisme et précision technophile (si l'on excepte l'overdose de "concaténation" et "tubules", des fois on se dit que ça a pas été relu!). J'ai eu du mal à finir le bouquin - il faut dire que mis ensemble, les deux tomes totalisent 1000 pages! C'est trop long pour ce que c'est, si l'on met bout à bout les péripéties, pas toujours passionnantes, on a une trame assez courte. Le mystère du début s'en trouve là aussi affaibli.
Evidemment, Latium a pour lui cette originalité née du mélange de matériaux a priori différents mais très cohérents sous la plume de Lucazeau. Déployer des questionnements qui entourent habituellement les robots - sur l'âme, la liberté et le destin, mais aussi le sens de toute civilisation humaine - dans le cadre de la culture antique, c'est rafraîchissant et très intéressant. Ca m'a donné envie d'approfondir Platon.
Prochain sur ma liste:
Jack Barron et l'Eternité, de Norman Spinrad.