Forum de FilmDeCulte

Est-ce parce que le film est plus récent que la tendance au mélodrame de Double destinée s'accompagne ici d'une relative sobriété ? Cela reste à voir. Les deux films partagent bien des points communs : même équipe aux commandes, histoires de meurtre, de veuve et de chantage, cela rend la vision successive encore plus intéressante comme s'il s'agissait de variations sur un même canevas. Double Destinée adoptait le point de vue du personnage féminin victime de chantage de la part d'un ancien amant particulièrement malveillant et antipathique, Les Mains criminelles prend celui du maître-chanteur, désabusé, égoïste mais également profondément humain (au sens de doué de sollicitude pour son prochain). Les deux films se nourrissent l'un l'autre comme pour en éclairer les zones d'ombre. La photographie est ici un peu moins baroque même si les décors - l'officine de voyant du personnage principal, son studio à l'étage, l'appartement de la veuve, le chalet, et à la fin un décor expressionniste, comme dans l'autre, monumental, fantastique - sont toujours exceptionnels -. Une obsession pour le Greco rapproche aussi les deux oeuvres (un tableau du maître greco-espagnol précipite la chute du protagoniste dans le premier, c'est le nom du bar favori de celui du deuxième). Finalement les personnages féminins sont bien plus modernes que celui du cinéma américain de l'époque, entre une femme fatale particulièrement machiavélique et perverse et une compagne dévouée qui s'interdit, tout en le ressentant au plus profond, une jalousie de mauvais aloi.
Un vrai chef d'oeuvre, juste un peu trop long peut-être. Le personnage de mentaliste en fait une espèce de Nightmare Alley à la mexicaine si je comprends bien. Je ne sais pas à quel point la redécouverte Gavaldón est lié à la sortie du Del Toro ou si c'est juste une coïncidence.