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MessagePosté: 30 Oct 2013, 00:35 
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A été traduit Le Destin à une certaine époque.

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XVIIIe siècle, le jour de la fête des morts. Macario, un bucheron affamé, croise la mort au fond de la forêt, et accepte de partager son repas avec elle. En échange, celle-ci lui donne une eau capable de sauver la vie de certains mourants...


Point de départ ; le film démarre atone, dans une drôle de torpeur défaitiste, autour d'un personnage ahuri d'être pauvre (ahuri comme peut l'être un acteur de burlesque : absent, hébété, en décalage avec le monde qui l'entoure) : un jour, Macario prend conscience qu'il a faim tout le temps, et cette idée lui devient soudain intolérable. Gavaldón installe son nid entre le tableau social d'une misère oppressante (qui va jusqu'à annihiler toute affection au sein de la famille) et l'incongruité presque comique de cet homme simplet qui décide qu'il en a marre d'être pauvre.

Point d'arrivée ; le film se termine dans un déchaînement fantasmagorique où Figueroa s'éclate, traversé de visions féériques et macabres, entre les palais démesurés et les cachots de torture glauques, entre forêts brumeuses et grottes illuminées...

Il n'est évidemment pas si étonnant que Macario, à la manière des contes, parte d'un postulat misérable et terne que le merveilleux va pouvoir transformer. Mais les points communs qu'on peut tracer entre ces deux films aux antipodes est tout ce qui fait la particularité de ce curieux drame.

Je ne sais pas si Macario a été un succès populaire, mais j'y retrouve un réflexe très enfantin qui me semble toujours avoir fait tilt chez le public : s'inventer une intrusion du fantastique dans le quotidien, en offrant à la réalité des moyens inespérés de retourner des situations sans issues. Approche évidemment ludique (le fameux "et si"), qui reste, je vais pas me mentir, la première visée du film (suffit de voir ce que la musique souligne)... Il reste que l'ambiance reste tout de même celle de la fête des morts (qui ouvre le générique), curieusement égale d'un bout à l'autre du film, et que la transition se fait dans cette douceur amère et ambiguë qui semble décidément caractériser le cinéma mexicain classique (ça date de 1960, mais ça n'en a aucunement la gueule, on se croirait dans un film des années 40). Par exemple, lorsque la femme et les enfants sont pour la première fois montrés dans la demeure que Macario a pu offrir à sa famille, Gavaldón ne nous les montre pas émerveillés, mais littéralement perdus (incapables de retrouver leur chemin et leur père). C'est certes pour affirmer un décalage moral (= la richesse ne fait pas le bonheur), mais aussi une façon de faire perdurer le ton si bizarrement terne du début de film (et la gueule ahurie de son héros déconfit) à travers la métamorphose fantastique du récit.

On est souvent un peu frustrés de ne pas voir Gavaldón mieux exploiter cette dimension là, tant la famille et les rapports non-dits qui la définissent (l'absence d'amour donné entre les parents et leurs enfants, l'isolement du père, la compréhension secrète et profonde de la mère pour son mari) constituent la meilleure étrangeté du film. On peut aussi reprocher au film d'être assez peu émouvant : on reste dans une distance un peu abstraite de fable ou de parabole. Mais le glissement progressif de la narration, qui dans l'emballement fantastique trouve plus de déséquilibre et d'absence au monde que d'exploits et de fantaisie, vaut à elle seule le détour, notamment pour le sublime quart d'heure final et sa fin doux-amère.

Détail : on a reproché au film d'avoir été fait pour les occidentaux, sinon. Je ne ressens pas vraiment ça, sinon dans le fait de nous introduire explicitement aux coutumes et à la fête des morts (quoique ça ne vire que très peu au folklore). Mais je ne trouve pas que ça singe particulièrement quelconque cinématographie étrangère (après, faudrait voir le reste de la production mexicaine pour en être certain).


Concernant le DVD : comme tous les films mexicains que j'ai vu des éditions Albarès, c'est malheureusement super moche. Image molle, lissée, verdâtre, floue, interpolée, compression visible dans les mouvements... Y a malheureusement pas d'autre éditions existantes à ma connaissance, et le film vaut le coup d'être vu. En triturant les réglages à fond (via ffdshow par exemple : désentrelacer, contraster, mettre en noir et blanc, générer du grain...), c'est regardable.


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MessagePosté: 30 Oct 2013, 01:33 
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