latique a écrit:
Qui-Gon Jinn a écrit:
Sur la fin de son argumentaire je comprend l'idée, mais il fonctionne sur un registre et un champ lexical du bien et du mal, de la pensée juste et de la pensée injuste. C'est ridiculement caricatural et ça montre le pire visage d'une partie de la gauche convaincue de sa supériorité et qui en vient maintenant à refuser le débat. (je parle pas du débat talk show à la C News, je parle du débat d'idées en général)
J'aime pas les phrases tarte à la crème sur la "bien-pensance", mais là on est en plein dedans...
En 2002 (y a pas si longtemps), Chirac avait refusé le débat d'entre-deux tours avec Le Pen, sans être extrêmiste, ni particulièrement de gauche, et sans soulever non plus une tempête d'indignation: ça semblait "normal" qu'il refuse.
Un peu de Jean-Pierre Vernant sur les conditions d'un débat utile:
"Je suis prêt à expérimenter tous les plats, même les plus étrangers à mon goût et à mon régime. Mais on ne discute pas recettes de cuisine avec des anthropophages. Je ne souhaite ni partager leur repas ni les inviter à ma table. Le débat, autant que la commensalité, l'échange des idées comme celui de la nourriture, obéissent à des règles. S'affronter en une libre discussion, pour en revenir à nos Grecs, est de même ordre à leurs yeux que siéger en convive à un banquet commun: il y faut des manières de table"C'est bien. Mais si des gens sont amenés à se reconnaître dans le discours de La Gasnerie, c'est à partir de fractures et formes d'injustice sociales ou de déni de reconnaissance qui existent déjà mais sont prises dans une dynamique complexe.
Mais si le mec s'abrite derrière une posture morale pour se convaincre qu'il peut à la fois les produire (ou produire les tensions qui en résultent, mais il n'y a pas d'écart entre les deux à moins de postuler une injustice en-soi) et les surmonter, il y a comme un douloureux décalage qui ne peut qu'apparaître à un moment ou à un autre.