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MessagePosté: 12 Déc 2016, 12:07 
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Non non, enfin on voit bien que c'est ce chef de la CIA qui a inventé cette situation prostitutionnelle dans une décision collective, dans la mollesse démocratique. L'intoxication démocrate est son alcoolisme, le film est plein de bouteilles de pinard, la bouteille de champagne oubliée dans le bureau de la CIA par Grant, etc.

Ce film irradie de la puissance de vie d'Ingrid Bergman, elle est juste incroyable, surhumaine presque, dans une lutte sur tous les fronts qui l'intoxiquent tous. Je ne crache pas sur les autres performances, celle de Grant ou de Rains, mais quand même dans ce film Bergman est une créature d'un autre monde, même Rossellini ne l'a pas à ce point magnifiée.

(chez Hitchcock elle reviendra alcoolique dans Les amants du Capricorne)


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MessagePosté: 12 Déc 2016, 12:22 
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Situation prostitutionnelle induite par la "Molesse démocratique" peut-être, mais peut-être surtout par Ben Hecht qui semble avoir beaucoup écrit de films avec des femmes partagées entre deux hommes (Gilda, Sérénade à Trois, Autant en Emporte le Vent, la Dame du Vendredi)?


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MessagePosté: 12 Déc 2016, 12:44 
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Ah, les films sont des œuvres collectives, le scénario de Ben Hetch (Hitchcock a toujours un scénariste crédité pour chacun de ses films , quant à savoir la réécriture qu'il opérait...) correspond en effet aux autres films que tu cites, mais qu'essaies-tu de démontrer ? Un film écrit et réalisé par des hommes, oui, qui y mettent leurs thèmes et leur obsession, mais je maintiens que c'est bien la créature de cinéma Ingrid Bergman qui me fascine avant tout dans Notorious / Les enchaînés.


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MessagePosté: 12 Déc 2016, 13:37 
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Je suis pas trop convaincu qu'il y ait un lien automatique entre la "prostitution" de Bergman et le consensus démocratique (représenté par la CIA?). Quand elle reçoit la demande en mariage, elle demande l'avis des espions (il ya un côté gag, elle les consulte comme elle consulterait sa mère: "dois-je accepter?"), et bizarrement ceux-ci n'ont pas tellement anticipé la situation et hésitent. La scène lui permet de dire qu'elle souhaite personnellement la réussite de l'opération : trouver l'origine de l'uranium, ce qu'elle parvient à faire en décodant une situation de séduction d'un des amis de son père, en même temps que l'empoisonnement, alors qu'elle tombe dans les vaps, elle a compris que le nazi a exhibé sans s'en apercevoir ses activités secrètes pour envelopper une avance érotique.
Le lien entre le poison et l'uranium, qui est à l'époque une menace neuve, - et son exploitation minière; est plus fort -mais tout aussi implicite (le film travaille en rendant implicite ce qui au début est évident)- que celui exisant entre le poison et l'idéologie, éventuellement démocrate. L'écriture du scénario réintroduit habilement une certaine indécision, par rapport à ce que tu appelles l'apparition de "la créature de cinéma" que le film a créé.


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MessagePosté: 17 Déc 2016, 13:02 
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C'est pas évident d'échanger avec toi quand même supergontrand. J'ai remonté le fil et c'est toi qui emploies d'abord le terme "démocrate" pour désigner le pôle américain-CIA - que je n'aurais pas employé de moi-même car c'est une terminologie qui peut me poser problème, pas que je sois "anti-démocrate" pour autant.

Plusieurs analyses critiques des films d'Hitchcock sont possibles, heureusement, mais de mon point de vue la créature manipulée dans ce film est bien "Ingrid Bergman", elle est prise dans les rets de déterminismes aussi bien familiaux que politiques, et idéologiques. Les dialogues et la monstration du film sont dans des élisions permanentes; mais le film la montre aussi en lutte permanente contre ces déterminismes, ces intoxications, elle s'élide dans l'intoxication.

Le Poison-Vin-Uranium oui tout à fait, mais qui a lâché Little Boy sur Hiroshima à peine un an avant la sortie de ce film, hum ?

Quant au boss de la CIA, et ce sera ma dernière intervention, il incarne parfaitement ce que d'aucun-e appelle le patriarcat.


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MessagePosté: 18 Déc 2016, 02:39 
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Le lien entre la CIA, le consensus démocratique vainqueur du fascisme et un ordre patricarcal, est bien dans le film, et est explicite dans la scène du tourne-disque (où le complexe démocratie libre-contrôle de la CIA est incarné dans Grant qui remplace le père, en se proposant comme un surmoi qui limite la pulsion suicidaire de la fille ), mais je ne crois pas que le film va jusqu'à en faire le fondement conditionnant de façon déterministe une démarche prostitutionelle du corps de la femmme, une manipulation de la conscience Bergman. Tel que tu le présentes, "Les Enchaînés" est l'histoire d'un complot, où un ordre se maintient et domine le personnage de Bergman. Or, s'il y a bien une machination au début, provenant du camp "démocrate" plutôt que des nazis, mais cette machination s'amenuise finalement en même temps que l'empoisonnement de Bergman s'aggrave, elle est elle-même "malade" et précaire.

Un film de complot, la représentation d'un ordre et d'une idéologie , le film est tout cela au début, mais cesse rapidement de l'être pour se replier vers la représentation d'un enjeu moral finalement plus individuel.

Ce qui est intéresse Hichcock, c'est certes la manière dont un sujet investit une idéologie, et comment cette idéologie est à son tour une ordre qui saisit des corps et leur assigne rôle, mais la caractérisation de cette idéologie ne l'intéresse peu, il n'en fait pas le procès. Elle fonctionne et dysfonctione en même temps, et dans la mesure où elle laisse des traces qui lui échappe (le verre sous l'étagère), elle vaut sans doute mieux que l'osbession des nazis de disparaître eux-même, de se sacrifier et s'invisibiliser, pour affermir leur ordre.
Le film est néanmoins incarné dans l'histoire et la politique. Ce qu'il représente du nazisme est crédible et révèle dune attention très fine , la fuite des anciens nazis en Amérique latine n'était sans doute pas au centre de l'attention politque en 1946, mais a eu un impact énorme que le film anticipe , à la fois dans la construction de la mémoire européenne par un rapport de la conscience historique par l'idée de jugement (Eichmann et Barbie en Argentine ont pu avoir un parcours proche des personnages du film) et dans l'émergence des dictatures d'Amérique latine.

Cette lucidité est présente dans le film, en un élement important, mais n'est en même temps pas centrale. Le film évacue rapidement le procès du père, il part du verdict de la leçon politique et morale que la fille en tire, mais pas des faits: le jugement moral que Bergman en hérite est un motif autonome. Du côté américain, le film pointe aussi habilement une certaine relation entre une forme de domination politique internationale et une vision à la fois policière, technocratique et moralement construite (de façon pas forcément insincère, mais pas sans points aveugles non plus) des relations entre états, de par le comportement des espions et leur attitude condescendante au Brésil. Cette idéologie s'appuie aussi sur une domination des corps et de la féminité.
Cet ordre et cette idéologie sont rendus transparents, mais délaissés, l'irréductibilité du film est ailleurs. Après que Grant l'ait "ferrée", Bergman est finalement pleinement consciente de son rôle et des risques qu'elle prend, et les assume en connaissance de cause, elle n'est pas vraiment manipulée. Tu oublies qu'elle est elle-même devenue un flic, finalement.
Dans le même temps, Cary Grant, censé être le plus professionnel des deux, n'est finalement pas très bon, et est du moins très empoté. C'est sa négligence plus qu'une intention qui expose Bergman à l'empoisonnement (il casse la bouteille de vin et cacher les débris sous l'étagère, ne pas remarquer le rangement des bouteilles par années...). Il laisse des traces qui exposent inévitablement son amour à la violence d'un autre (mais cela n'est pas une faute, c'est mêmen uen sorte de représentation enfantine de l'innocence qui survit jusque dans son métier d'espion). A la limite Bergman est meilleure espionne parce qu'elle est le personnage du film qui a la réflexion politique sur la nazisme la plus articulée , ce que la CIA n'énonce jamais dans le film, ni par Grant, ni son chef. L'institution policière est dans un double rapport de surveillance, mais aussi d'approbation par rapport à Bergman: elle énonce secrètement si bien le fondement moral de leur rôle policier qu'ils n'ont rien à y rajouter.

Si le lien entre le consensus démocratique et l'ordre policier repose sur une certaine coercition et destruction de l'intimité de Bergman (surveillée elle ne peut être que célibataire, espionne récupééer elle est punie de sa liberté en jouant le couple), cette intrusion dans l'intimité n'est pas en elle-même le piège qui force Bergman à collaborer. La CIA (du film) est omnisciente, mais impuissante (elle n'a pas d'yeux pour voir le milieu auquel Bergman a accès), ce mélange de domination et d'impuissance est finalement un rapport de séduction qui vaut de la même manière pour le lien entre Bergman et Grant, mais celui qui la relie à l'institution poltiique et bureaucratique "CIA" (elle a des rapports assez cordiaux avec le chef que le film présente quand-même comme un muffle, sans en être certainement dupe). Dans ce bouble-bind, aucune identité n'est secrète, Grant, comprend qu'il a plus de chance de l'enroler en dévoilant tôt son identité d'espion, elle vit sa vie réelle de noceuse comme un simulacre suicidaire: la police se donne alors comme le réel qu'elle rejoint.

Par ailleurs il est possible qu'elle aime vraiement Sebastian. Si on fait abstraction du contexte policier, Bergman est dans une situation proche que celle de Marlène Dietrich face à son mari dans Angel de Lubitsch, auquel le film ressemble beaucoup. Le personnage de Claude Rains est intéressant, ce n'est0t pas pour rien qu'il a le dernier plan pliuutôt que Bergman, c'est le plus manipulé de tous (mais pas par ceux qui le surveillent, plutôt ceux qui sont surveillés en même temps que lui). Lorsque Bergman renoue avec lui, il apparaît mélancolique et désabusé, il n'a rien dans son discours d'un nazi radical ("beaucoup de choses sont mortes mais nous devons vivre"), c'est en tout cas le moins actif du groupe. Il est complètement effrayé lors de la scène du repas et n'intervient pas quand un de ses collègues est condamné à mort, après avoir maladroitement éventé le truc des bouteilles (scène très forte, que le film n'interpète d'ailleurs pas explicitement, alors qu'elle "suture" le récit), il est alors terrorisé et muet.
La plupart du temps où il était à l'écran, j'ai cru qu'il allait faire comme le policier de Casablanca, se désavouer, surmonter son dégoût de lui-même et voir dans la surveillance de Bergman une opportunité de quitter son milieu et son engagement (ce qui se passe finalement d'un certain côté, mais sans qu'il ne le désire). Mais la faiblesse qui le rend criminel est psychologique, c'est sa mère qui pense et agit pour lui, qui décide de la mort de Bergman. Il aquiesce par jalousie sexuelle (et donc pas pour une raison politique forte ou sauver la couverture des nazis), et souhaite une mort rapide, alors que sa mère le force à tuer sa femme de manière plus "politique" : lente, humiliante et programmée.
Sebastian-Rains croit finalement en son innocence (le "méchant" du film se sent pur, Bergman à l'opposé surmonte la nazisme de son père commme une souillure quasi sexuelle), et cet aveuglement repose sur l'ignorance de ce fait: le meurtre passionnel, violent et imotivé, et le meurtre politque portent sur le même sujet. Rains veut croire en une différence de nature entre les victimes des deux types de situations, n'en perçoit pas l'identité (le film me fait penser un peu à l'analyse du totalitarisme d'Arendt sur ce plan, qui date des mêmes années, mais il faudrait développer). S'il y a une oppostion entre deux régimes et deux ordres, elle est interne àce à quoil le film s'oppose, et non pas entre la CIA et les nazis, le corps féminin de Bergman et le cynisme viril des espiosn . Je crois que Bergman est solidaire des espions, car elle a la même mauvaise conscience politique de ne pas avoir fait plus qu'eux avant et pendant la guerre. Sebastian est plus complexe, il au coeur d'une ambiguïté qui est à la fois collective, politique et sexuelle , personnelle: il vaut à la fois aimer et plaire (ne pas choisir entre sa femme et sa mère, mais aussi ne pas choisir entre sa conscience et sa patrie), tout en hiérarchisant les objets respectifs des deux passions, alors que la conscience démocratique imposerait soit un choix entre ces deux fonctions, soit une sorte de nivellement dans la valeur accordée à leur objet. Je crois que ce qui est au centre du film, c'est une défense de la démocratie, qui s'appuie sur ce qui est sans doute pour Hitchcock, l'attitude psychologique qui la conditionne, plus que la représentation d'un ordre qui la rend ambigue (cet ordre est présent dans le film et fonctionne comme un voile, qui refoule de façon réussie ce qui l'a permis, mais pas comme un sous-texte).
Pour tout dire, je ne suis pas sûr que le film soit très féministe (déjà le personnage de Leopoldine Konstantin en nazie vieille fille à sang froid) mais le jeu d'Ingrid Bergman amène une dimension féministe qui déborde la vision du réalisateur, un personnage à l'autre extrémité de sa carrière comme dans Sonate d'Automne.


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MessagePosté: 31 Mai 2020, 11:16 
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Le film m'a séduit depuis son quasi premier plan, avec le journaliste qui épie le verdict à travers les portes du tribunal, mais plus encore avec la présentation du personnage de Cary Grant, de dos et à contre-jour. À bien des égards, la mise en scène m'a paru plus sobre que dans ses films suivants mais incroyablement élégante et racée. Et évidemment sensée, toujours au service de l'histoire.

Et quelle histoire! En choisissant de mettre l'intrigue d'espionnage en arrière-plan/prétexte d'une romance, Hecht et Hitchock font la part belle aux personnages, à cet improbable triangle amoureux. Si le départ précipite un peu les choses en termes de sentiments (ils sont dans l'avion ou tout juste arrivés à Rio et elle lui dit un truc du genre "Tu n'as jamais cru en moi", wesh vous vous connaissez depuis deux jours et dans le premier acte, t'as l'impression qu'ils se mettent une pression monstre l'un envers l'autre alors qu'ils se sont à peine embrassés), il y a tout de même quelque chose de surprenant dans la caractérisation du personnage d'Ingrid Bergman, que l'on pourrait vulgairement et masculinitétoxiquement qualifier de "salope". Du moins, c'est le portrait qu'en font les hommes qui vont manipuler cette femme qui boit beaucoup (lol d'ailleurs pour l'alcool comme symbole du mal, avec la bouteille de pinard pleine d'uranium) et accumule les conquêtes, comme si ces "moeurs légères" justifiaient de la prostituer au nom du patriotisme.

Même si le genre est au second plan du film par rapport à l'histoire d'amour, cela n'empêche aucunement le film d'avoir un propos politique que je n'aurais jamais cru si osé à l'époque. Non seulement la démarche du gouvernement américain est critiquée mais surtout ils le font stout juste un an après la fin de la guerre. Le supérieur de Devlin n'a pas beaucoup plus de scrupules que les collègues de Sebastian, prêt à tuer quiconque pourrait révéler leur véritable identité. Et Sebastian lui-même apparaît comme beaucoup plus sincère, amoureux, humain que Devlin. À ce titre, le dernier plan est d'une cruauté terrible, dans la rectitude de son cadre et sa composition, cet escalier pour l'échafaud, dans la brusquerie de la fin elle-même.

J'aime beaucoup aussi comment les deux grosses scènes de suspense ne sont pas construites autour de "la bombe sous la chaise", pour reprendre le "théorème" de Hitchcock lui-même, mais sur des ressorts qui paraissent dérisoires (quand le champagne viendra-t-il à manquer?) ou humains (la descente surnaturellement longue des escaliers à quatre avec Devlin, Alicia, Sebastian et sa mère émasculatrice #Hitchcock). Et quand ils manquent de se faire gauler, ils doivent cacher une trahison (ce sont des espions) par une autre (ce sont des amants) qui est la vraie trahison aux yeux de Sebastian. Je trouve ça très fort.

Le découpage de ces séquences est exemplaire, tout comme la mise en scène de ce moment qui va du macro au micro, filmant la fête d'en haut et descendant jusqu'à la clé dans la main d'Alicia, décrivant le contexte et l'enjeu dans un même mouvement.

Pour la simplicité de son récit et la complexité de tout ce qu'il charrie, pour son premier degré, c'est sans aucun doute, de tous les Hitchcock que j'ai vu, celui que je préfère.

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MessagePosté: 31 Mai 2020, 12:13 
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Sir Flashball
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Inscription: 23 Déc 2013, 01:02
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C'est aussi mon Hitchock préféré. Toute la scène du manoir est super, aussi.

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MessagePosté: 31 Mai 2020, 12:56 
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Inscription: 25 Oct 2009, 11:34
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Film Freak a écrit:
Non seulement la démarche du gouvernement américain est critiquée mais surtout ils le font stout juste un an après la fin de la guerre.

Hitchcock raconte, dans le bouquin avec Truffaut, qu'il a écrit le scénario en 1944, et que le producteur demandait ce que c'était que ce truc, l'uranium - c'est peut-être une légende mais il raconte aussi qu'il était surveillé par le FBI, parce qu'il interrogeait des savants sur l'uranium et la bombe atomique au moment où c'était évidemment top secret.

Film Freak a écrit:
Et quand ils manquent de se faire gauler, ils doivent cacher une trahison (ce sont des espions) par une autre (ce sont des amants) qui est la vraie trahison aux yeux de Sebastian. Je trouve ça très fort.

Oui, cette scène est un coup de génie ! Avec ce tourniquet de vrai et de faux qui fait que c'est par un faux baiser que se révèle et se dissimule en même temps la vérité des deux amants.


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MessagePosté: 31 Mai 2020, 14:26 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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c'est malin, j'ai envie de le revoir. L'un de mes préférés aussi, avec Vertigo et Rebecca.


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MessagePosté: 09 Nov 2021, 22:29 
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Robot in Disguise
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Inscription: 13 Juil 2005, 09:00
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Localisation: Paris
Merci la perspective de la giga-CDM pour me faire découvrir ce Hitchcock que je n'avais pas vu.

Bon, tout a déjà été dit plus haut et mieux par mes camarades. Film étonnamment premier degré, histoire élémentaire et pure, mise en scène fluide mais non spectaculaire, tension permanente mais refus de l'exagération, de la bonne came à tous les niveaux.
Cependant, le calendrier des événements me semble quelque peu précipité: histoire d'amour express entre Grant et Bergman, puis noces précipitées avec Sebastian... Je trouve que le film réussit à être émouvant (extraordinaire fin d'ailleurs où tout se noue, superbe) mais j'aurai préféré que Grant et Bergman soient amoureux mais ne se soient pas encore embrassés avant le début de la mission.

Mais bon bref, très bon film, y a rien à dire.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 12 Juil 2022, 11:36 
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Baptiste, à propos de la fameuse séquence du baiser, a écrit:
ah oui, d'ailleurs il est sublime ce moment, mais ce qui est malin de la part de pervers-hitch est de briser sa continuite regulierement pour faire durer la sequence! :D


Oui, il y a une certaine perversité chez le réalisateur notamment vis-à-vis des acteurs dont il se plait à raconter qu’ils ont détesté tourner cette scène. Sans compter qu’il ne devait pas être mécontent de jouer ainsi un tour pendable au fameux code Hays (pas plus de 3 secondes pour un baiser).

Dans cet extrait des entretiens Hitchcock-Truffaut (https://www.radiofrance.fr/francecultur ... 25-9308047 ) que je viens de découvrir, il revient longuement sur l’origine et l’élaboration de cette scène avec des détails qu’on ne trouve pas dans le livre.

Il y raconte notamment comment l’idée lui en est venu à bord d’un train faisant le trajet Boulogne-Paris (c’est très précis). Lors d’un ralentissement, il aurait vu à l’extérieur un jeune homme en train d’uriner, avec sa fiancée collée, « enchaînée » à lui tout le temps de sa petite affaire. On entend Truffaut et Hélène Scott s’esclaffer lorsque qu’Hitchcock décrit l’attitude de la fille pendant le temps de cette pause : une alternance de regards vers la braguette de son compagnon et de coups d’œil au paysage, avant de conclure qu’il doit en être ainsi d’un véritable amour.

Toujours à propos de cette scène, Hitchcock insiste sur sa volonté de faire vivre au spectateur une expérience, celle de partager les émois du couple Grant-Bergman, de faire de la caméra le troisième larron d’un « ménage à trois » dit-il malicieusement. Comme s’il décrivait une expérience de réalité augmentée, tendance érotique.

Plus généralement sur le film, Truffaut dit un moment que Notorious serait le film d’Hitchcock où les références aux contes de fées sont les plus nombreuses : le rôle des clefs, des portes à ne pas ouvrir (Truffaut pense manifestement à Barbe Bleue) … Il dit aussi qu’Ingrid Bergman est à la fin comme une Belle au bois dormant que son prince Cary Grant vient réveiller. C’est une belle référence.

Sinon, comme chacun au-dessus, toujours autant bluffé par le film. Ah ! ce suspense autour des bouteilles de champagne, pas pour rien qu’on disait de Hitchcock qu’il en était le maître. Cette tension qui naît de la diminution progressive et inéluctable des bouteilles, le réalisateur en inversera le principe dans Les oiseaux lorsque Tippi Hedren est assise devant l’école ; là, c’est le nombre croissant des oiseaux derrière elle qui fera monter l’angoisse. Après la terreur du vide, celle du plein.


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