Tom a écrit:
J'hallucine quand même sur la vision du producteur là... Le prod, c'est un pilier dans le développement artistique d'un film, dans le dialogue avec le réal et son accompagnement. Même (surtout) aux USA !
ça correspond à la réalité des témoignages de certains collègues ayant travaillé là-bas. L'animation coûte cher à cause de réunions inutiles où beaucoup de choses sont retouchés à des fins qui échappent souvent aux créateurs. C'est un peu pareil ici des fois, mais dans des proportions moindres. Et au Japon ça existe quasiment pas. Ou pour des raisons qui n'ont rien à voir.
Tom a écrit:
tu es entrain de me jeter aux orties une bonne moitié du cinéma classique ! Tu prends une réalité floue (la "censure", avec toutes les ambiguïtés qu'elle peut avoir, notamment chez Disney) pour décider que ça va forcément altérer les films. Quand le code Hays tombe au début des années 30, un code tellement plus hard que ce qu'on peut suspecter d'interdits chez Disney, ce n'est pas des petits contournements ingénieux qui se mettent à l'œuvre : c'est l'invention d'un système formel entier, qui va faire l'âge d'or du cinéma américain. Ford, Hawks, Lubitsch, Capra, tout ça c'est du cinéma diminué, auquel on a "nui" ?
Non mais les mecs que tu cites ont un talent infini donc pour eux c'était facile de contrebalancer certaines difficultés techniques. Je ne jettes rien aux orties, à l'époque il était "normal" de ne pas tout montrer, mais aujourd'hui la société n'est plus la même. On le voit bien avec le cinéma de Cronenberg ou de Lynch. Surtout que je ne parle que de l'animation d'aujourd'hui, pas d'autre chose en ce qui concerne la réalité du marché. Si tu crois qu'on a des ford ou des capra à toutes les générations et dans tous les secteurs...
Tom a écrit:
Mais tu sors ça d'où ? Tu décides ça comment ? Qui te dit que le mec venu travaillé de son plein gré chez Disney ne se reconnaît pas dans cette pensée ?
Justement si il se complaît dans la recette actuelle ça prouve bien qu'il ne compte rien apporter de nouveau. ça marche donc au nom de quoi ils voudraient changer ? viser un autre public ? On les laisserai pas faire de toutes façons.
Tom a écrit:
Plusieurs films Disney m'offrent des expériences de cinéma extraordinaires, et je me fiche de savoir si le génie des idées provient d'un jeu vis à vis des normes du studio ou non, vis à vis d'un rapport à un public plus familial ou non - simplement parce que c'est quelque chose que je ne peux pas, et que je ne veux pas calculer, car je finirais indéniablement par y projeter mes préjugés. Ce n'est pas à des questions de production qu'on décidera de la valeur du film.
Oui le résultat compte, et la politique du studio ou du réalisateur influe sur ce résultat. Mais dans l'animation les messages sont souvent répétitifs et pas très intéressants. C'est pour ça que, passé un certain, âge, ça atteint ses limites.
Tom a écrit:
e ne suis peut-être pas assez clair, alors revenons à l'affirmation qui a mis le feu aux poudres pour l'approcher d'un point de vue qui me semble plus sain, c'est à dire débarrassé des suppositions vagues quant à ce que les créateurs peuvent avoir d'interdits sur leur dos (ou dans la tête) : "aucune œuvre américaine d'animation n'arrive au niveau des productions japonaises".
D'une, l'opposition est arbitraire : qu'ont ces films en commun, dans leur style et leur manière de mettre en scène, au-delà de l'animation ? Et quand bien même on se cantonnerait au support, les façons de procéder sont tellement opposées (animation non-stop harmonisant ses différents éléments par des jeux de couleur chez Disney, animation autour d'images-clés fixes vivifiées par de mutiples effets - brumes, diffusion, frémissements - dans beaucoup d'anime japonais) que l'on ne peut sans doute pas tirer grand chose de pertinent en comparent les deux.
Si tu veux. Je ne faisait qu'exprimer mes goûts. C'est juste que je trouve le panel japonais beaucoup plus large, avec tous les thèmes abordés sous toutes les formes, en adaptant systématiquement le livre de départ à la réplique près, sans jamais rien enlever. Dans l'animation américaine je trouve l'interprétation personnelle beaucoup plus limitée, on est guidé du début jusqu'à la fin comme des enfants, et pour cause.
Tom a écrit:
Deuxièmement, c'est faux. Miyazaki et Oshii ont beau faire partie de mes cinéastes préférés, ça ne me viendrait pas une seconde à l'idée de les placer au dessus de certains Disney, Pixar, Fleischer, Avery... Tout cela se vaut dans l'excellence (dois-je rappeler les liens d'estime unissant Miyazaki et Lasseter, au passage ?). Que la manière de faire soit différente, certes, mais il va falloir du talent pour me convaincre que "Fantasia" est inférieur à "Kiki la petite sorcière" - et on est pas obligés de prendre des exemples aussi extrêmes...
Mais Miyazaki pourrait tout à fait bosser chez Disney. ça leur poserait aucun problème. Miyazaki sort du réchauffé depuis Mononoke, ça prouve à quel point il est facile de se reposer sur la feuille de route 6-12 ans. mais j'imagine mal les Ghost in the shell ou d'autres trucs du genre sortir des studio ricains. On a vu un bon film avec wall-E mais sérieusement ça n'a rien à voir, tout est confiné du début à la fin, voilà c'est pour un autre public tout simplement. et encore, ça c'est pas vraiment une excuse.