Forum de FilmDeCulte

J'aime beaucoup Carlos Saura dont la carrière est un assombri par son chef-d'oeuvre, Cria Cuervos. Mais il a fait d'autres films vraiment très bon que ce soit La chasse, très moderne et très sombre (qui rappelle La traque découvert récemment) ou Peppermint Candy, (un peu trop) sous influence Hitchcock. Ce Anna et les loups vient remplir le tableau. Ici l'influence qui m'a paru évidente est Bunuel (on pense pas mal à Journal d'une femme de chambre) sans que ça n'étouffe le film.

Ce qui est fascinant c'est à quel point je trouve que c'est un film moderne. A l'heure des films "woke" sur la masculinité toxique, on se rend compte qu'on a pas attendu la génération Twitter pour faire des films où la problématique est littéralement men are trash. Et c'est bien plus passionnant que les merdes qu'on se tape dans le genre (l'affreux récent Promising young woman). Ici c'est une jeune fille au pair (Géraldine Chaplin excellente) qui se retrouve dans une famille de fous entourés par trois frères représentant chacun d'eux une facette de déviance profonde. L'un est obsédé du cul, l'autre est un passionné d'armes et collectionneurs d'uniformes militaires et le troisième est un illuminé religieux.

Le film est un peu lent, manque sans doute d'un peu de rythme ou même de perversion. La mise en scène également est un peu "plate". On sent quand même la différence avec Bunuel de ce point de vue-là. Cependant ce que le film dit reste passionnant. On est dans une espèce métonymie de l'Espagne encore sous la dictature franquiste (qui vit ses dernières heures) avec un pays sclérosé par une frustration sexuelle intense (qui explosera totalement lors de la movida), dirigé par un militaire fou sous une chape de catholicisme mystique (dont le pays ne s'est toujours pas totalement débarrassé), le tout dans un isolationnisme total, comme hors du monde. Le personnage principal est vraiment réussi, se jouant de ces hommes ridicules, de ces pantins pathétiques tous plus médiocres les uns que les autres. Et le tout culmine

Un film passionnant donc, pas du niveau d'un Bunuel mais qui me semble une pierre assez inévitable du cinéma espagnol dans ce qu'il raconte de son pays.

4.5/6

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CroqAnimement votre

J'ai vu qu'il y en avait pleins de dispo sur arte, je vais essayer de découvrir tout ça.

PS: je crois tu voulais parler de Peppermint frappé

En effet .

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CroqAnimement votre

Je vais tenter même si je n'aime pas beaucoup Crias Cuervos

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J'adore Cria Cuervos, mais pas du tout un autre film vu à la même époque et totalement oublié depuis (jusqu'au titre). Je vais essayer de voir ces trois-là.

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Que lire cet hiver ?
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La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Ah ben le film vu et oublié, c’est Anna et les loups justement.
Sinon Peppermint frappé, que je viens de voir, c’est très moyen. Je vais tenter La Chasse et ce sera tout.

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Vu il y a très longtemps, je me souvenais surtout du film comme d’une allégorie de l’Espagne franquiste, comme l’a suggéré Art Core, dont chacun des fondements (famille, religion, armée) est ici raillé.

Vu que cette Espagne n’existe plus depuis longtemps, j’avais peur que le film perde aussi de son intérêt qui était en 1973 de dénoncer un régime conservateur et autoritaire, vivant ses dernières années.

Mais finalement pas tant que ça, la raison, je crois, en revient à la dimension de conte populaire (intemporel) que revêt le film, à commencer par le titre : Anna et les loups où l’en entend comme l’écho de l’histoire du petit chaperon rouge de Perrault.

Un Perrault revisité cependant : la forêt a fait place ici aux paysages arides du centre de l’Espagne et la grand-mère est non plus victime mais complice des loups face à la jeune fille solitaire. Le conte n’en est que plus cruel.

Cette grand-mère sera d’ailleurs au centre de la suite que Saura va donner à Anna et les loups. Le film s’appelle Maman a cent ans, je l’ai vu mais peu de souvenirs si ce n’est que c’était moins réussi que ce film-là.