Forum de FilmDeCulte

Et bien j'avais tendance à penser dans un pessimisme passager que La Jeune fille de l'eau allait être le film du vélo qui finit par se casser la gueule...et bien non. Alors que justement c'est certainement son film le plus casse gueule avec Le Village, avec cette façon de faire de l'équilibrisme sur un fil entre sublime et ridicule.

Et SPOILER DE PARTOUT parce que sinon c'est trop dur

A un moment, l'une des répliques d'un personnage est "on ne vous dit jamais qui vous êtes". Tout le cinéma de Shyamalan marche là-dessus, et tout son fantastique aussi. C'est pour ça que je trouve très limité de ne parler que de twists pour son cinéma, c'est juste que le fantastique chez le réalisateur est affaire de point de vue - on s'accroche souvent au point de vue d'un personnage en quête d'une place, d'un rôle, qu'il a en lui mais qu'il ne connait pas (Bruce Willis dans 6e sens et Incassable, Giamatti ici), et les films sont construits vers cette révélation (plutôt que "sur"). Le Village c'est le film qui va le plus loin dans cette démarche d'ailleurs. Et comme dans Le Village, je trouve que Shyamalan parvient maintenant à ajouter à ses histoires quelque chose d'émotionnellement très fort (j'adore 6e sens par exemple mais c'est pas un film qui m'émeut). Alors que tu la vois pas venir cette émotion...mais la scène, vers la fin, de Giamatti qui tient Bryce Dallas Howard dans les bras, est assez bouleversante. Et j'adore cette façon de se servir du surnaturel pour toucher à ce qu'il peut y avoir de plus nu et de plus intime (l'histoire d'amour absolument pure du Village, les blessures du personnages de Giamatti).

L'évolution avec ce dernier est assez nette. Ici on est dans le conte de fées...Le Village aussi mais de façon beaucoup plus ambiguë, sombre, désenchantée. Shyamalan le dit lui-même:

"L'idée de ce film m'est venue en même temps que celle du Village, mais j'étais alors d'humeur bien plus sombre. Le Village est l'expression des questions que je me posais alors. Jusqu'où suis-je prêt à aller pour protéger ma famille? Irais-je jusqu'à fuir la société? Ferais-je des choix douteux? Je n'étais pas encore mûr pour délivrer le message d'espoir de La Jeune fille de l'eau."

La Jeune fille de l'eau marche sur une même idée de communauté fermée artificiellement (la caméra n'en sort d'ailleurs jamais), et se demande texto si "l'homme mérite d'être sauvé", quelques images de guerre à la télévision en pointillé. Et de ce point de vue il y a je trouve aussi une humanité assez désarmante dans le propos et son exécution, dans ce conte qui te pousse à retrouver une âme d'enfant pour comprendre et croire. Pas dans un sens niais avec des oreilles de Mickey, mais une façon de se déshabiller de tout cynisme - un art ici à te faire croire absolument n'importe quoi, les oracles dans les mots croisés ou les céréales, les super héros en short au bord d'une piscine...quelque chose qui renforce encore la richesse du fantastique chez le réalisateur.

Après il y a toute la légende montée que je trouve super excitante car son bestiaire est surprenant et touffu. Toute la scène de fin avec l'apparition des Tarturic est fabuleuse. Et Shyamalan ne perd rien de sa main, c'est sublimement filmé tout le temps, à l'image du plan quasi final dans l'eau, avec l'aigle qui emporte la fée, d'une poésie totale. Tout comme j'adore la liberté totale qui lui permet d'inclure la séquence du critique ciné dans les sous-sols, un truc complètement bouffon entre parenthèse mais qui est très bon (sauf le plan de fin tremblant et moche). Et qui confirme que de rupture de ton équilibriste aux figures fantastiques d'une naïveté absolue, il peut, avec sa maîtrise, se permettre un peu tout ce qu'il veut.

Bref j'oublie des trucs mais le film se construit peu à peu, bien lentement, et c'est vrai qu'on peut se demander à mi chemin si ça va mener quelque part...et ben si. Et c'est magnifique.

5-6/6

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Doll, it's a heartbreaking affair

yeah

et tu ne parles pas de Signes mais cette histoire de chacun trouve sa place/sa foi y est aussi

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Janet

Oui tout à fait, le film se rattache d'ailleurs vraiment à toutes les petites branches des précédents de toute façon, comme une nouvelle pièce à un puzzle très cohérent, à la fois très divers dans ses sujets (à chaque film sa figure fantastique: le fantôme, le super héros, les ET, les bois, la fée, comme dit plus haut par Mon Colonel) avec un discours et un regard qui évolue (du Village à celui-ci par exemple) et qui s'enrichit émotionnellement. Sa filmo c'est vraiment la belle fille idéale.

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Doll, it's a heartbreaking affair

I knew it !

Ca va charcler sur le Forum.

Moi je suis à 5. Objectivement, c'est, et de loin, le plus imparfait des films de Shyamalan. On est plus dans le "grand film malade" à ce stade mais dans le grand film qui a chopé le cancer, le sida et s'est fait écraser par une voiture.

Mais je met 5 quand même.

C'est encore une fois complètement touché par la grâce, avec des moments de fulgurance magnifiques, des acteurs touchants et des scènes d'une justesse vraiment superbe... avec au milieu de ça des parti-pris tour à tour déconcertans ou étonnants, certains dignes d'un film d'étudiant, parfois ça passe, parfois ça casse.

En tout cas, comme toujours avec Shyamalan, on a jamais le sentiment d'être devant un film réalisé en comité, comme tellement souvent avec les blockbusters.

C'est vraiment un film qui donne envie d'en parler, un film à décortiquer, à critiquer, etc... moi je trouve quand même, malgré d'évidents défauts, que c'est un bijou. Mais bon.

En tout cas le film va avoir des ennemis, et véhéments avec ça !

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Je ne trouve pas que ça l'est, mais par contre c'est un film qui se met plus à nu que LE VILLAGE, moins dans la pose et la retenue.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Non non ça se passe bien à Philadelphie, le mec avec la cage le dit au début.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

ah ouais ça m'a echapé tiens, donc je retire ce que j'ai dit.

Ouais c'est exactement ça. Le mec a confiance en lui et fait ce qu'il veut... C'est vraiment fou. IL Y ARRIVE quoi.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Donc, 5/6 aussi... Shyamalan a le don, la grâce de sauver son film par des scènes de funambule de nudité extrême, de foi absolue en sa mise en scène. Le scénario est un peu lâche par moment, le rythme a ses temps morts....

mais la fin...

Filmo Shymalan expliqué

Sixième sens: 4/6

le genre de film qui ne gagne pas frocéement à être revu. Malgré la beauté de la mise en scène, je trouve l'ensemble trop corseté, trop étudié pour faire mouche

Incassable 5/6

Pour moi son meilleur film. Les deux personnages sont très forts, la mise en scène est sublime...

Signes 4/6

Le film gâché à mon sens par sa fin expédiée et finalement assez "facile". La première heure est extraordinaire.

Le Village 4/6

Là encore la première heure est extraordinaire mais j'ai plus de mal avec la suite que je trouve expédié et assez peu soigné sur le plan narratif.

La Jeune fille de l'eau 5/6

Malgré quelques longueurs et fausses pistes de petit malin pas toujours nécessaire, ce conte de fée pour adulte blessé m'a beaucoup touché. Les dix dernières minutes sont foullalala.

sinon

http://www.apple.com/trailers/wb/ladyin ... large.html

la bande-annonce la plus fausse de l'histoire ?

C'est tenduuuuuuuuuu!!!!

Ah ouais en effet! On dirait presque une fausse bande-annonce genre "SHINING en comédie", tellement c'est mensonger par rapport au ton du film.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

je suis à 4, et je n'avais pas aimé le précédent.

comme le dit liam, le film est malade à crever, bourré de petits défauts de montage, rythmique chelou, narration pleine de trous et d'incohérences... (lorsque tu repenses au film ensuite, tu te rends compte du nombre de couleuvres que tu as avalées... et tu t'énerves un peu)

bizarrement, malgré tout ça, grâce à la grande pureté de la mise en scène, de la foi inconsidérée du conteur Shy envers la force d'une histoire simple et naïve, difficile de ne pas marcher à plein... Il faut dire que c'est p-ê, après The Saddest Music in the world, l'histoire la plus étonnante racontée cette année. La simple jubilation de connaître la suite et de deviner (ou pas) l'enchaînement logique (ou pas) de la narration, saisit immédiatement (d'autant que l'histoire démarre immédiatement ou presque... après une première séquence juste hilarante, qui donne le ton onirico-réaliste -- c'était quoi cette bestiole? -- et une des règles de mise en scène du film, à savoir ne pas faire de spectaculaire, travailler l'imaginaire du hors-champ -- c'était quoi cette bestiole?-bis).

"Shy fait son E.T." a-t-on lancé au McDo, Qui, Karloff et moi. C'est vrai qu'il y a un peu de ça, Shy confirmant son statut de bébé Spielberg en dormance... Ca tient à une certaine pureté dans l'éxécution, qui confine parofois à la maladresse, à l'extrême naïveté, et qui succombe régulièrement à un certain manque de rigueur...

Mais ça fonctionne, c'est un très beau conte, très joliment mis en boîte, que demander de plus?....... Eh bien un peu moins de parlotte et un poil plus d'action (ça cause quand même pas mal, parfois un peu trop).




En fait, j'ai peur qu'il vieillisse mal. Sur le moment, c'est un plaisir, mais quand ça décante, le souci, c'est que les failles du récit deviennent tellement flagrantes qu'elles ternissent le tout...

On n'a toujours pas détrôné Incassable, en tout cas...

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rien n'est difficile à prévoir de toute façon... c'est d'ailleurs l'originalité de ce film par rapport aux précédents Shy: pas de twist de la mort qui tue, on va tout droit, c'est tout.

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