je me suis rappelé pendant le film de la « polémique » autour de
kung fu zohra sur twitter : les gens issus de la communauté s’acharnaient sans fin (et sans l’avoir vu) sur le film parce qu’il donnait une « mauvaise image » en parlant d’un homme maghrébin violent avec sa femme. Pareille mésaventure est arrivée récemment à nawell madani avec sa série sur netflix.
ici, il n’y aura pas de polémique. l’ambition de ne jamais donner une mauvaise image de quoi que ce soit semble être la principale motivation artistique derrière tous les choix.
l’islam ? ici il est éclairé, spirituel, désireux de s’intégrer, égalitaire et profondément républicain.
l’exceptionnel regain de popularité de l’islam parmi les gens d’origine immigrée ? nul repli identitaire, mais un salutaire et très sain esprit de communauté autour d’une spiritualité partagée.
le parallèle entre un prédicateur et un escroc, la fine limite entre les deux ? pololo, non, du tout,
there will be blood était fort stigmatisant, ici circulez y a rien à voir.
la tentation particulière de l’argent par la délinquance quand on est pauvre dans un pays riche ? pareil, rien de particulier à dire sur le sujet (alors que « c’est la France qui les rend comme ça » est l’explication n°1 des diasporas pour expliquer le comportement délictuel des rejetons concernés, d’où le retour « educatif » au bled).
la manière dont la religion peut se transformer en pur objet capitaliste, que l’on vend bien marketé, bien emballé, avec du fan pandering ? c’est sûrement caché dans le film, mais il en ressort rien à l’écran.
il n’y a même pas la moindre petite scène sur la tartufferie des bigots, et donc du personnage principal, ce qui aurait enrichit et rendu un peu plus troublant les événements au cœur de l’histoire.
et je ne parle même pas de la fin…
bref, absolument tous les thèmes portés naturellement par l’histoire – ou plutôt, par l’anecdote – sont aseptisés et vidés de leur substance.
reste… rien, ou presque. j’aimerais dire que son amour manifeste de la religion et son désir d’avoir une représentation positive de tout le monde l’a conduit à se focaliser sur des aspects que l’on n’aurait pas vu au premier abord, mais non. Il remplace le vide qu’il créé lui-même par : rien. il m’est donc resté le plaisir que j’ai toujours de plonger dans un milieu social qui m’est étranger (et le portrait de la diaspora africaine m’a fait penser à celui de
marchands de sable qui, lui, n’avait pas peur d’explorer la complexité des choses avec beaucoup d’empathie, ce qui n’empêche pas d’avoir un cerveau pour penser des trucs), l’acteur principal très crédible (à part dans les scènes de prêche où il est quand même piètre orateur, en plus du fait qu’elles sont mal écrites), et puis voilà. à noter une écriture particulièrement paresseuse, avec des scènes quasiment torchées, qui laissent le pauvre kim chapiron filmer comme il peut 2 personnages qui récitent des dialogues atroces (« et sinon alors, quoi de neuf en ce moment ? ») en marchouillant pour aller nulle part.
vaut mieux lire un article de l’obs ou de libé sur le thème, franchement.
je vois que le film a fait un très bon démarrage, et un tour sur twitter m'apprend qu'il est soutenu à fond par la communauté car il donne une bonne image de l'islam, donc gloire à kim.
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