Forum de FilmDeCulte

Un documentaire qui sort un peu du tout-venant. Florent Marcie a tourné clandestinement en Tchétchénie, il y a dix ans, en numérique, d'impressionnantes images du chaos qui y régnait. Dix ans plus tard, il a monté sa montagne de rushes pour en tirer ce docu de 2h25 ultra-dense, qui n'est pas sans rappeler les BD gonzos de Joe Sacco.

je vais avoir du mal à en tirer une critique, tant le film est disparate, long et complexe. Il s'y passe tant de choses, on y croise tant de visages, qu'il est difficile de ne pas s'y égarer, sinon de décrocher par moments.

Pour autant, le film est tout à fait passionnant, pour sa construction éclatée, ses impressionnantes scènes de groupe, ses scènes de guerre vécues de l'intérieur, ses belles idées formelles (alternance photos/vidéo, trace dessinnée du voyage, etc.) et sa sincérité tout d'un bloc.

Ce qui frappe, aussi, c'est l'humour des Tchétchènes dans leur pays en ruines. Une séquence hallucinante prend place pendant un bombardement, dans une maison familiale. Là, deux femmes, 50-60 ans, une gamine et un ado, se marrent tandis que les bombes et les mitrailleuses canardent le village. Les carreaux du salon sont brisés? Hilarité. Ecoute, c'est quoi ce bruit? Un mitrailleuse? Ah non, un tank, un tank...

Etonnant film, p-ê trop long et trop plein pour être digéré en une fois. Mais film recommandable cependant.

disons 4/6, mais ça n'a pas de sens, une note, dans ce cas (déjà que ça en a pas des masses d'habitude)...

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Bon, moi j'ai adoré, je le conseille VIVEMENT à tous (notamment à ceux qui ont aimé Les Fils de l'Homme...).

Formellement à la croisée d'un Wang Bing, du home movie et du road movie, ça a une putain de puissance visuelle, émotionnelle, ethnologique, politique et surtout, et c'est ça qui me l'a plus étonné, "humaine". On croise des centaines de visages, et pourtant tous ont leur vie propre, ne sont pas que des pantins au service de la dénonciation du conflit. Le vieil homme dont la maison est bombardée est en cela émouvant au possible, mais c'est si bien monté et filmé que ça ne tombe jamais dans le misérabilisme ou le larmoyant TF1.

Il y a des scènes de guerre d'une puissance folle, avec notamment une utilisation du ralenti absolument tétanisante, où comment un effet de style usé jusqu'à la moëlle remet toute l'horreur de la guerre, son absurde, et la peur qu'elle engendre à un niveau paroxystique. J'avais pas ressenti une telle émotion viscérale, à être cloué sur mon fauteuil, le coeur battant la chamade, depuis le début de La Guerre des mondes.

Après, c'est bourré d'humour, de dignité et d'espoir, mais la distance avec le moment du tournage crée un contraste d'autant plus fort. En cela, les dernières images ne sont pas que le simple constat informatif d'un échec, elles démontrent encore plus l'horreur de ce génocide, et le fait que l'individu (ou le peuple), aussi digne et courageux soit-il, ne peut rien face à la barbarie et la folie des autres.

Bref, très grand documentaire. Je suis admiratif devant le boulot de Marcie, son humilité, son courage (fallait y aller, putain) et son talent de cinéaste.

5+/6

bon, j'y vais, j'adore le gars, un modèle d'intégrité et de journalisme.

ça fait plaisir

tu as pensé quoi de la séquence dans le salon? sacrée séquence, hein? c'est fou, non, cette hilarité dans l'attente de la mort?



Pour l'anecdote, j'ai croisé Marcie à la sortie de la projo (rarissime de croiser des réals en projo). Il confiait que le film n'a jamais été tourné avec l'intention d'être monté et encore moins projeté publiquement. C'était juste le sentiment qu'il fallait filmer tout ça qui n'avait pas le droit de l'être, garder une trace de ce qui devait disparaître. Mais il n'imaginait pas du tout une sortie salles, une diffusion plus large que le cercle de ses amis.

Ca rend la performance filmique d'autant plus bluffante.

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D'où le titre très vendeur.

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tu préfères Je crois que je l'aime?

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Oui, oui! Et le fils : "on est entre la vie et la mort et vous parlez de vitres". Y a une autre séquence géniale : quand ils sont tous dans la cave, et qu'à chaque explosion ou crépitement il insère une photo au milieu du noir global... Ouah putain, l'est vraiment bien ce film.



Alors ça... Je ne dis pas que je le crois pas, mais je conçois malcomment on peut avoir des tonnes de rushes comme ça et ne pas envisager d'en faire un montage, de le diffuser, que ce soit à la télé ou au ciné. Putain, moi, je filme ça, je toque à toutes les portes pour le diffuser! C'est un film extrêmement important, au-delà de ses qualités formelles.

Alors ça c'est hallucinant. Moi je le trouvais très beau ce titre, et assez facile à retenir : Itch - Kérie - Kenti, c'est pas la mort. Mais à la caisse, toutes les personnes étaient là : "une place pour le docu tchétchène, svp". Bref, on s'en fout.

voui, j'aime beaucoup son utilisation de simages fixes... fait chier, je vois trop de films, je bâcle mes critiques...

pour l'histoire des images, bizarrement, je le crois. Même si je pense qu'il se doutait bien qu'il y aurait p-ê quelque chose à faire avec ce qu'il allait filmer. Je pense qu'il est parti bille en tête, en se disant "on verra bien". Il est de toute façon parti sans filet, sans prod, sans budget, sans protection, sans interprête (ça aussi c'est qqch)...

Et le type qui lui dit: "oui, vous pouvez rester, bien sûr... tous ceux qui n'ont pas peur ont le droit de rester"... Faut en avoir, effectivement, du courage, pour rester dans ces conditions.

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Vraiment facile. Il suffit de parler le Tchétchène.

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Et bien vive l'ouverture d'esprit. De toute façon, pour ce genre de films, c'est pas le titre qui fait le nombre d'entrées.

Vil esprit obtus qui n'arrive pas à retenir instantanément deux mots de tchétchène.

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