Forum de FilmDeCulte

Encore un long film, qui se ressent comme tel. Je n'ai pas lu le livre de Kundera, et n'en connaissait pas la substance. J'ai pris le film pour voir Daniel Day Lewis dans un rôle a priori différent, et parce que je suis toujours curieux de voir les films de Kaufman, décidément un cinéaste à la filmo nawakesque, mais du coup intéressante.

Et si le film a réussi une chose, c'est de me donner envie de lire le livre. Le scénario de Carrière semble reprendre pas mal de phrases du livre, littéralement, tant elles sont très belles, très fortes (et très bien dites), et très peu "naturelles", mais ça s'insère assez bien dans le côté hors du temps des rapports entre les personnages.

Le film conte la trajectoire de Tomas (Day Lewis), médecin Tchèque et séducteur invétéré , qui court de femmes en femmes, dont sa plus fidèle maitresse, Sabina (Lena Olin). Un jour, il rencontre Tereza (Binoche) et en tombe amoureux. Il va même jusqu'à l'épouser, tout en la trompant avec d'autres femmes, dans une ville de Prague libérée. Mais le printemps 68 les Russes ré instaurent en Tchécoslovaquie un régime communiste répressif et Tomas est contraint de quitter son pays pour la Suisse, pour finalement y revenir, poussé par Tereza.

Les acteurs sont franchement épatants, et Kaufman parvient à créer ce tissus étrange entre ces personnages désaxés, disputant entre amour et sexe au coeur d'une époque troublée. De même, le réalisateur parvient à rentre la cruauté et l'absurdité de printemps de Prague, en adoptant un noir et blanc très contrasté qui ressemblent à des images d'actualité troublantes, mêlant à ce constat visuel les photographies que fait le personnage de Tereza. Ce sont des séquences réellement impressionnantes, très fortes, même si elles nous éloignent du sujet premier, la relation inter-conjugal du couple et des maîtresses de Tomas.

Et c'est là que le film se gâche. Kaufman n'arrive jamais à créer de lien entre ses deux préoccupations. Le Tomas militant et le Tomas séducteur ne se retrouvent jamais, Kaufman n'arrivant pas à formuler un discours liant les deux aspects du personnage, alors qu'il semble y avoir justement matière. Pire, sur le dernier tiers, l'un des deux disparait totalement ou presque, ne laissant au spectateur qu'une fresque historique un peu fade, alors que toutes les scènes avec Lena Olin (la meilleure, dans le plus beau rôle) étaient un vrai moteur pour l'intrigue. Et ce dernier segment est très long, trop ampoulé, et si Binoche est très bien, le film meurt petit à petit et on se prend des envies d'accélérer le rythme du film, pour voir si Lena ne revient pas, à un moment ou un autre.

Reste de très très fortes scènes, un discours intéressant sur les rapports sentimentaux, et c'est dommage. Du coup, je suis curieux de lire le livre de Kundera, voir comment s'articule le livre sur ces même sujets.

4/6

Alors là, forcement, je ne peux que plussoyer

Et je suis assez d'accord avec toi dans l'ensemble.

(Oui, mon avis ne sert à rien, mais je l'ai vu y'a longtemps ce film, et avoir eu au mur une photo de Lena en Sabina sur le miroir, ça n'est pas revoir le film)

Joli film, mais Kaufman n'est malheureusement pas Milos Forman (à qui ce film aurait du être destiné !) et il lui manque la petite étincelle pour transformer cette adaptation parfois trop plate en chef d'oeuvre faisant jeu égal avec le livre de Kundera. C'est très appliqué, parfois trop, y compris dans la reconstitution historique du Printemps de Prague, et on peine à retrouver la légèreté du titre, malheureusement. Cependant, le film contient quelques très beaux restes (l'invasion des forces du Pacte de Varsovie - je ne me souviens plus si ça apparaît dans le bouquin, d'ailleurs), et les acteurs sont tous très bien. Je suis malgré tout content de l'avoir découvert, depuis le temps...

4/6

Après, Kaufman allait adapter Anais Nin (jamais lu mais il parait que c'est très bien), puis... Crichton. C'est bien, il redescend sur terre.

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J'aime beaucoup Soleil levant, revu récemment et je confirme que c'est du très bon polar, classique, mais qui retranscrit bien la richesse de la description d'un univers par Crichton (ici le LA conquis par les japonais du début des '90s) avec de bons persos, etc.

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Et plus récemment Quills est un superbe film injustement méconnu. Une belle verve sensuelle secoue le film et il n'est pas avare en idées de mise-en-scène.

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CroqAnimement votre

1/6

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Pareil.

Mais ce n'était de toute façon même pas une critique contre Soleil Levant ou Quills. Il y a eu un moment où Kaufman a eu entre les mains deux (trois avec Henry & June ?) très grands sujets, des sujets susceptibles d'intéresser les plus grands. Avec Soleil levant et Quills, qu'on aime ou pas, c'est un peu plus modeste quand même.

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Il me semble qu' Henry and June a assez mauvaise réputation, hormis son classement NC-17 qui fit sa petite sensation à sa sortie USA. En tout cas j'ai toujours eu peur de le voir aimant beaucoup le journal de Nin...
J'aime beaucoup Quills et son Sade façon Hammer films, ça enterre quand même le film de Jacquot. Rush est vraiment jouissif là dedans. Même Twisted a une atmosphère sympa je trouve.

Kaufman a une carrière étrange, débutée dans la relecture du cinéma de genre (films de gangs, westerns, les profanateurs de sépulture, même Indy) avant de se spécialiser dans les adaptations et le panthéon littéraire.
Il vient de réaliser un téléfilm sur Hemingway là, avec Owen, Kidman et un sacré cating de fou:
http://www.imdb.com/title/tt0423455/

J'ai revu des bouts de "L'insoutenable légerté de l'être" l'autre soir et une fois lu le livre et découvert l'univers de Kundera ça fait un peu plan-plan (pourtant j'aimais beaucoup à la base)... Lena Olin reste quand même une parfaite incarnation du personnage de Sabina.

Là on est vraiment dans le vendisme total parce que Twisted c'est quand même un navet digne d'un DTV ou d'un Hollywood Night.

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Je me doutais bien que tu allais réagir au quart de tour C'est un petit truc mais j'avais bien aimé son personnage principal et l'ambiance, ainsi que la zic d'Isham. Ça rattrape suffisamment le scénar pour moi.
Vendisme faut pas éxagérer, je dois mettre que deux 5/6 à Kaufmann, "L'étoffe..." et "Quills" Même ses "profanateurs" je suis pas ultra fan, et "Soleil Levant" j'avais trouvé ça chiant à l'époque.

Je viens de relire quelques passages du livre et effectivement, la scène de l'invasion russe y est résumée en quelques lignes, alors qu'elle occupe vingt bonnes minutes dans le Kaufman (pas forcément un mauvais choix puisqu'elles figurent parmi les meilleurs moments du film). J'aime bien comme le film survole toute cette période sans jamais se poser en oeuvre d'historien, sans même trop donner de date (sait-on à quelle date le film se termine ?), mais je trouve ça bien plus fin dans le livre.
Il faudra par contrer que je vérifie si Kundera a vraiment parlé dans son livre de pays des lâches ("je retourne au pays des lâches") à propos de la Tchécoslovaquie ou bien si c'est un apport de Kaufman et de son scénariste.

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