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MessagePosté: 11 Nov 2020, 10:50 
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Je suis de l’avis des conquis et pourtant, à la première vision, le premier trajet en voiture m’a paru bien interminable, comme certains ici, et j’ai failli arrêté là. Mais quelque chose m’a retenu et je n’ai pas regretté le voyage au point d’avoir envie de revoir le film dès qu’il fut terminé.

Je n’ai jamais lu les livres de Deleuze sur le cinéma ("L’image-mouvement" et "L’image-temps"), trop ardus pour moi, mais cette idée d’« image-temps », telle que je me la représente, me semble bien correspondre au projet de Kaufmann, à savoir ne faire un film qu’à partir de plans, de scènes qui semblent abolir tout repère de Temps, où le présent de l’action ne serait qu’une réminiscence du passé, et celui-ci, qu’une anticipation du premier. Chaque image est comme un cristal qui contiendrait la mémoire d’autres images et qu’il suffirait de déplacer par rapport au champ de vision de celui qui la regarde, pour voyager dans le temps.

L’expérience peut laisser perplexe, agacer, les Cahiers par exemple ne sont pas tendres, comme à chaque fois avec Kaufman, traitant en gros le film de jeu de l’esprit un peu vain, mais c’est quand même sacrément stimulant pour le spectateur, un film qui nous perd, nous déconcerte, dans son déroulé erratique, posant plus de questions qu’il n’en résout. D’autant que toute cette construction dessine au final le portrait d’un personnage très émouvant : Jake, un gars manifestement au bout du rouleau (le titre le dit assez, quelque sens qu’on lui donne) mais qui le temps du film, rejoue sa vie, en en fantasmant sûrement une bonne part (exemple : la fille a-t-elle vraiment été sa petite amie ? a-t-elle-même existé ?), avant de tirer sa révérence.

Dans cet exercice, Kaufman fait preuve en plus de pas mal d’humour et excelle à tirer même des éléments les plus angoissants, une drôlerie, certes décalée, mais réelle (je pense, entre autre, à cette histoire de cochon mort qui revient à la fin du film comme un fantôme, sous une forme de… dessin animé), la marque en somme d‘un film qui ne se prend pas trop au sérieux.

Je suis d’autant plus surpris par mon emballement que je n’ai jamais réussi à rentrer dans Synecdoche, New-York qui, par bien des points, ressemble à son dernier film. J’espère en tout cas, comme Art Core, que ce cinéaste pourra, malgré sa singularité, réaliser d’autres projets. Longue vie donc à Charlie Kaufman.


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MessagePosté: 31 Déc 2020, 09:45 
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Inscription: 20 Fév 2008, 19:19
Messages: 9658
Localisation: Ile-de-France
Mon premier Kaufman... Heureusement que j'ai regardé ça hier soir et pas aujourd'hui, parce que je l'ai ressenti comme une ultime longue épreuve de cette satannée 2020.

Déjà quand elle récite son poème sinistre à souhait ça calme, puis les dialogues qui se perdent dans des considérations parfois vaines achèvent d'instiller davantage qu'un spleen, une angoisse.

Quand ils arrivent dans la maison des parents, comme ceux-ci traînent à apparaître on en vient à être pressés qu'ils arrivent pour qu'il y ait plus de deux personnages à l'écran. Et en fait ça devient encore plus sinistre. Tout le passage central dans la maison est incroyable dans son côté glauque, quasiment un film d'horreur. La dépression est palpable à l'écran, c'est poisseux, noir, sans rémission possible. Quel cauchemar. J'imagine même pas ce que ça aurait été en salles. Là je me suis accordé deux petites pauses prétexte.

Puis le retour et ses détours. Je me demande si le film aurait vraiment été moins bon sans
le dernier quart onirique
, qui à mon sens surligne un peu ce qu'on commençait à percevoir:
c'est un film cerveau qui pourrait aussi bien être le point de vue de la femme que de l'homme.

Cependant j'ai adoré la scène de la danse qui opère comme un soudain ensoleillement de ce film si noir... La toute fin
est plus mélancolique que vraiment sombre et je l'ai prise comme une note d'espoir.


Film assez fou et brillant, je suis sur le cul d'avoir manqué Kaufman jusqu'ici, il a un talent pour la création d'atmosphères à partir de pas grand chose, et c'est probablement aussi grâce à lui que les acteurs sont aussi bons (révélation de la fille, perf de l'année pour moi). Mais c'est tellement éprouvant que je ne vais pas non plus me jeter sur ses autres films.


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MessagePosté: 31 Déc 2020, 10:50 
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Sir Flashball
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Inscription: 23 Déc 2013, 01:02
Messages: 23450
Baptiste a écrit:
Mais c'est tellement éprouvant que je ne vais pas non plus me jeter sur ses autres films.


Ses films précédents ne sont pas si éprouvants que ça. C'est noir, mais ça va.

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."


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MessagePosté: 31 Déc 2020, 20:48 
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Inscription: 25 Déc 2008, 02:29
Messages: 13270
Ou alors tu tentes Lloyd Kaufman


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MessagePosté: 06 Sep 2022, 09:45 
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Inscription: 01 Fév 2016, 20:06
Messages: 8306
oeil-de-lynx a écrit:
D'ailleurs dans la tête de qui se passe le film?


Effectivement, je trouve le film plutôt habile dans son brouillage de pistes initial sur ce point.

Art Core a écrit:
Regard également d'une infinie tristesse sur u
ne relation qui n'a pas eu lieu mais qui même si elle avait eu lieu aurait été une relation d'incompréhension sans avenir possible.



Voilà, c'est ça l'idée que je trouve la plus forte, cette tristesse, ce perdu d'avance, et cette exploration de la vie intérieure du perso.

Au final on peut reprocher au film certaines longueurs, mais par exemple la captation du malaise chez les parents, qui sont de véritables freaks que le fils a honte de montrer au monde extérieur, avec ce mélange des âges propres aux souvenirs intimes, fait bien son effet.

De même, cette image du chien, toujours la même, en train de s'ébrouer, illustre ces souvenirs mentaux figés du personnage principal coincé dans sa vie bloquée par la timidité et l'incapacité du rapport aux autres, et qui se rêv(er)ait en intellectuel sensible et finalement reconnu à la fin de sa vie... Le film dégage une certaine beauté sur la richesse intérieure de l'humain, tout en étant sinistre (mais aussi lucide?) sur les incapacités et les limites de la communication interpersonnelle.

Art Core a écrit:
Les seules grosses questions que j'ai sur la fin (et qui n'est pas expliqué dans l'article) c'est la fin
du personnage de l'agent d'entretien. Il monte dans sa camionnette et fait une espèce de crise d'angoisse, se met à poil et part se promener avec le dessin animé du cochon malade. Est-ce que ça veut dire qu'il meurt là dans sa camionnette (en fantasmant toute la fin) ? En tout cas il ne se suicide pas, ce qu'on pouvait pourtant attendre.
Et pareil le dernier plan est très "confusant". C'est la voiture recouverte de neige alors que si l'on suit la logique du film, cette voiture n'existe que dans l'esprit de l'agent d'entretien.


Pour moi
l'agent d'entretien c'est Jake, qui meurt de froid / d'une crise cardiaque / peu importe dans son pick up, et la fin est une hallucination de sa part, cf. le porc en dessin animé.
Et la voiture de fin c'est son pick-up, qui existe bel et bien, et pas la voiture du couple (qui n'existe pas).


Au final ça me semble assez limpide malgré tout, certains pourront même reprocher au film une fausse complexité mais personnellement j'ai marché à fond dans ce "film cerveau", comme l'appelle Baptiste.

Au passage, dans la cascade de name-droppés, je mets en exergue le roman Neige, d'Anna Kavan (qui était héroïnomane et et avait de lourds problèmes psy), que j'ai justement lu en début d'année. Roman pas facile à lire et à aimer, le récit ne distinguant jamais ce que le personnage principal fait, vit, rencontre, ressent, imagine, fantasme ou rêve. Le film fait un peu le malin sur ce type de références mais c'est pas gratuit non plus.

Bref, j'ai kiffé et il faut que je rattrape les autres Kaufman que j'ai pas vu (au moins ses 2 précédents). Et j'ai très envie de revoir Adaptation.

5/6


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MessagePosté: 06 Sep 2022, 10:50 
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Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
Messages: 27864
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Lu 50 pages de Antkind son roman et c'est génial. Le monologue intérieur d'un cinquantenaire blanc et bourgeois, critique de cinéma. C'est hilarant et totalement angoissant à la fois dans la pure continuité de ce film (ça commence de la même manière, dans un trajet en voiture super bizarre).

_________________
CroqAnimement votre


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