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 Sujet du message: Re: House of Cards
MessagePosté: 01 Fév 2013, 15:16 
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Olivier Joyard sur le site des Inrocks :
Citation:
Depuis soixante ans et des poussières, la télévision américaine a toujours reposé, dans son versant fictionnel, sur un paradigme plutôt simple. Face au cinéma, fabriqué dans les mêmes studios, souvent avec les mêmes techniciens, elle imposait sa vitesse et ses propres chefs de chantier, non pas les réalisateurs, mais les scénaristes. Maltraités quand ils écrivaient des films, ces derniers trouvaient dans le petit écran un refuge, certes harassant en termes de somme de travail, mais tout de même désirable car on les y laissait tranquilles. Une tendance vérifiée plus que jamais lors des quinze dernières années, avec l’émergence irrésistible de créateurs stars, de David Chase (Les Soprano) à Matthew Weiner (Mad Men) ou David Simon (The Wire), tous “scribouillards” à la base.

Si la ligne de démarcation semble établie entre un médium de scénaristes d’un côté (la télé) et un médium de réalisateurs de l’autre (le cinéma), quelques petites fissures passionnantes sont apparues récemment dans ce tableau trop net, comme pour brouiller les pistes : Martin Scorsese et Gus Van Sant dirigeant respectivement les pilotes de Boardwalk Empire et de Boss ; Michael Cuesta imposant sa marque dans Homeland. Des fissures qui s’élargissent et crèvent les yeux en voyant les deux premiers épisodes formellement magnifiques de House of Cards, réalisés par David Fincher et écrits par Beau Willimon.

Cette fiction politique que le géant de la VOD Netflix met en ligne le 1er février est l’adaptation d’une minisérie anglaise diffusée en 1990. On y suit le parcours d’un politicien chevronné de Washington, déçu par le nouveau Président qui a renoncé à honorer sa promesse de le nommer secrétaire d’État – l’équivalent du ministre des Affaires étrangères, rôle tenu ces quatre dernières années dans la réalité par Hillary Clinton. Plutôt que de parcourir la planète pour régler les conflits, Francis Underwood (Kevin Spacey, élégant et flippant) reste planté à Washington en tant que membre du Congrès. Son but ? Tout faire pour reconquérir le terrain perdu en influant en sous-main sur la politique du gouvernement. Éliminer ses adversaires un par un. Les regarder mourir.

L’élan shakespearien de House of Cards (Macbeth et Richard III figurent parmi les inspirations directes) pourrait relever d’une certaine banalité sans l’intervention de David Fincher, qui transforme un scénario solide mais attendu en début de série captivant. En grande partie nocturnes, ces deux premiers épisodes rappellent la manière dont les allées et couloirs de Harvard formaient un terrain de jeu idéal pour le Mark Zuckerberg-vampire de The Social Network.

Ce qui intéresse Fincher, c’est le pouvoir comme géographie : alors qu’occuper le terrain s’impose comme le mot d’ordre de son personnage, filmer ce mouvement constant devient la première préoccupation du réalisateur. D’où son choix ici, à contrecourant des usages télévisuels, de ne pas utiliser à outrance les gros plans pour garder toujours une échappée dans le cadre et glisser habilement d’un espace à un autre, d’une conquête à une autre.

Même si elle n’est pas surlignée, la mise en scène des deux premiers épisodes de House of Cards n’a rien d’une simple validation du scénario comme on le croit souvent (à tort) concernant les séries. La crainte demeure que les vingt-quatre autres épisodes commandés ne perdent en intensité sans Fincher aux manettes. Mais le réalisateur de Zodiac, crédité comme producteur exécutif, assure avoir été très impliqué dans la postproduction pour imprimer son style. On ne demande qu’à le croire tant ce qu’il a réussi est impressionnant.

http://www.lesinrocks.com/2013/02/01/ci ... -11348792/


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 Sujet du message: Re: House of Cards
MessagePosté: 01 Fév 2013, 21:55 
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Film Freak a écrit:
Dès que quelqu'un voit passer un lien torrent pour les 13 épisodes, qu'il fasse signe aux autres :)


Ouais, chuis dans le coup aussi.

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 Sujet du message: Re: House of Cards
MessagePosté: 04 Fév 2013, 05:54 
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Me suis enquillé 6 des 7 épisodes trouvables pour le moment (qu'est-ce qu'ils attendent pour les 6 autres?).

C'est de haute tenue.
C'est un peu Profit dans l'univers de The West Wing, et en s'inspirant de deux des meilleures séries au monde - sans doute plus du premier que du second - la série propose une plongée dans les coulisses de l'arène politique défaite du moindre idéalisme capraesque qui pouvait caractériser l’œuvre de Sorkin. Finalement, si ça rappelle le travail, ce serait plutôt The Social Network, ce qui n'est évidemment nullement étonnant étant donné la présence de Fincher comme force majeure derrière le projet.

Une fois de plus, le cinéaste interroge le spectateur en le prenant par la main pour l'inviter à le soutenir un personnage à la morale douteuse dans ses manipulations shakespeariennes pour accéder au trône (bien que son objectif final soit encore flou à ce stade du feuilleton). Le pire étant qu'ici, le "héros" ne semble offrir aucune motivation qui saurait l'excuser. Tyler Durden avait ses valeurs, Mark Zuckerberg avait la Femme...Francis Underwood semble n'avoir que la vengeance et la soif de pouvoir comme justifications à son envie d'intégration et d'ascension dans le monde, stigmates des personnages fincheriens.

Toutefois, Fincher et Beau Willimon - dont Les Marches du pouvoir s'inscrivait déjà sous le sceau de la désillusion au sein d'une campagne - peignent un portrait sans fard, même si hautement fictive (on est plus dans Richard III que dans un Michael Moore), de la corruption qui gangrène le milieu et à laquelle ils nous rendent donc complices.

Par la suite, en développant les personnages secondaires, comme la femme d'Underwood, faisant clairement partie de ce monde donc plus totalement intègre mais semblablement plus pure que son mari qui n'a pas ses limites à elle, ou bien le député, Russo, plus bas dans l'échelle, et donc pas encore complètement vicié, la série enrichit son canevas, ajoute des cartes à ce château fragile fait de magouilles diverses.
L'intégration d'une trame journalistique assure également une descendance 2.0 aux Hommes du Président, faisant des tweets et des textos les armes de ces Machiavels du XXIè siècle.

Il y a quelques très belles choses dans la réa (la dernière scène de l'épisode 2, l'échange de SMS muet et séducteur un soir dans l'épisode 3) en plus de cette noirceur et froideur générale qui parvient à éviter à la série de tomber dans la caricature de la société huppée, et l'écriture est inspirée, détournant certains clichés attendus (les histoires de coucherie désamorcées) et abondant de répliques bien senties.

Le rôle principal est taillé sur mesure pour un Kevin Spacey à mi-chemin entre Swimming with Sharks et LA Confidential et qui peut déjà préparer le place sur sa cheminée pour l'Emmy, tandis que Robin Wright hérite sans doute du plus beau personnage de la série, le plus complexe. Fincher a visiblement décidé de garantir une carrière aux filles Mara en castant, après Rooney, sa soeur Kate, dans un rôle qui n'est évidemment pas sans rappeler la Lisbeth de Millénium (qu'on retrouve également dans celui de Wright).

Je pense pas que ça rencontrera le succès critique de Mad Men ou Breaking Bad ou le succès populaire de Game of Thrones et Homeland mais pour moi, c'est de la très bonne came.

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 Sujet du message: Re: House of Cards
MessagePosté: 04 Fév 2013, 08:28 
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Parfait, parfait, je viens de terminer la saison 3 de Breaking Bad, je vais faire une petite pause avec House of Cards :)


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 Sujet du message: Re: House of Cards
MessagePosté: 04 Fév 2013, 11:10 
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J'ai vu le premier épisode. C'est vraiment super classe, la photo est magnifique et on sent que Fincher est derrière la caméra. Ca fait plaisir de revoir Spacey dans un bon rôle j'avais pressque oublié combien il était précieux. J'aime beaucoup l'astuce de nous rendre en permanence complice du personnage principal à l'aide petits regards en coin. On a l'impression d'être une petite souris qui regarde quelque chose qu'elle n'aurait pas dû voir. C'est vraiment bien vu.
Et même si pour l'instant tout reste un peu opaque et l'on ne voit pas très bien où l'on se dirige ça donne envie de continuer. Ce sera typiquement le genre de série qui fonctionne plus sur sa globalité que par épisodes (enfin j'ai l'impression).

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 Sujet du message: Re: House of Cards
MessagePosté: 05 Fév 2013, 23:48 
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Enquillé le reste hier soir.

Y a un petit coup de mou et de légères redondances une fois que le château de cartes commence à s'écrouler et que les embûches s'accumulent, me faisant dire qu'une saison de 10 épisodes, façon Game of Thrones ou The Newsroom, aurait permis une sorte de mini-série plus compacte en guise de premier arc général, mais ça fonctionne quand même bien sur la longueur et comme ils ont vendu de base la série avec une garantie de 2 saisons minimum, ils ont tranquillement posé leur truc.

Y a d'autres petits trucs que je regrette
(j'aurai préféré qu'Underwood soit juste un manipulateur et non qu'il franchisse le pas vers l'homicide)
mais sinon ce fut assez addictif, avec quelques surprises sur la fin.

PS : pour un mec réputé pour ses génériques, Fincher ne propose rien de très bandant pour le générique ici.

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 Sujet du message: Re: House of Cards
MessagePosté: 05 Fév 2013, 23:53 
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J'ai vu les 4 premiers et j'aime bien mais je suis pas à fond. J'ai l'impression qu'il manque un truc, que c'est un peu mou, que ça avance trop doucement. Je m'attendais à quelque chose de plus corrosif finalement. Comme toi je me dis déjà que 13 épisodes ça va être beaucoup trop long. Et puis je comprends pas du tout le personnage de Robin Wright Penn et toute sa sous-intrigue très énigmatique, cet arc est assez mal géré je trouve. Après c'est très classe, la série est vraiment chouette visuellement, elle a clairement un cachet. Mais contrairement à toi je trouve pas ça addictif du tout (même si je regarderai la suite bien sûr).

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Dernière édition par Art Core le 05 Fév 2013, 23:57, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: House of Cards
MessagePosté: 05 Fév 2013, 23:55 
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Pas à fond non plus, c'est ma petite déception aussi. Mais je mets quand même ça dans le haut du panier de la prod actuelle.

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 Sujet du message: Re: House of Cards
MessagePosté: 06 Fév 2013, 02:21 
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Vu le premier, hyper classe, très prenant, je kiffe.
Juste un peu surpris par le papier de la journaliste, en mode "on va taper dessus parce que c'est trop à gauche". Je sais bien qu'on est aux US, mais bon l'éducation, c'est quand même un des trucs qui peut le mieux passer dans l'opinion publique non ? Et la meuf tout de suite en mode requin, qui flingue le gars. Enfin encore une fois je me doute bien qu'aux US c'est comme ça.

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 Sujet du message: Re: House of Cards
MessagePosté: 06 Fév 2013, 02:37 
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D'ailleurs, j'avais oublié de dire que c'était relativement couillu (enfin en tout cas ça change) de faire d'Underwood un démocrate et non un républicain.

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 Sujet du message: Re: House of Cards
MessagePosté: 12 Fév 2013, 16:50 
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Je suis en train de me faire la série de la BBC House of Cards, qui date de 1990-1995, avant de me faire celle-là.

Le thème est le même, mais le rythme est beaucoup plus rapide puisque ce sont des petites saisons de 4x45min, la première étant l'ascension, la deuxième la lutte contre le Roi d'Angleterre, la troisième je ne l'ai pas vue. C'est particulièrement réjouissant, même si la réalisation est assez quelconque, c'est quand même de là que vient le gimmick de faire parler l'acteur directement à la caméra repris dans la version US.
C'est d'un cynisme total tout en restant "so british", ça ne pouvait que me plaire. Bon, je me fais la saison 3 et j'attaque la version US.

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 Sujet du message: Re: House of Cards
MessagePosté: 12 Fév 2013, 17:18 
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Ah bah tu me motives à jeter un oeil. J'en suis au 7e de la version US et je suis accro, c'est brillant.
La relation de couple Spacey-Wright est superbement écrite, j'adore cet aspect du scénario. J'aime bien aussi Peter Russo, son personnage est assez touchant et dramatique.

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 Sujet du message: Re: House of Cards
MessagePosté: 14 Fév 2013, 17:17 
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Fini la saison. C'était vraiment vraiment bien. J'aime comme la fin monte parallèlement le succès et le gros caillou qui arrive dans la chaussure (une saison 2 est prévue ?).
Spacey était génial. Personnage détestable mais dont le charisme et l'intelligence rendent difficile de le détester. Les instants confessions face-caméra ajoutent à l'attachement qu'on ressent pour lui, même si pour qu'il dise des horreurs.
J'ai adoré sa femme aussi, complexe et tout aussi intelligente, froide mais avec encore un soupçon d'âme en elle.
Elle est au courant que la mort de Russo était "programmée" ? Peut être que Franck ne lui a pas dit que c'était directement lui, mais la façon dont elle réagit, je pense qu'elle était au moins au courant du plan "rise and fall"


Par contre la journaliste, elle a beau être une bonnasse, c'est surtout une connasse. Ambitieuse, manipulatrice, opportuniste, sans réelle éthique. Underwood aussi, mais son parcours est compréhensible, son comportement aussi. Pour la meuf, on sait juste pas, elle enchaîne les conneries et les saloperies sans réel but. La palme au coup de l'appartement, qui la fait débarquer chez l'autre type en profitant sans scrupules de lui.

Bref, c'était passionnant, tout le système des manipulations, des lobbys, des syndicats, tout le fonctionnement du pouvoir américain, c'est brillamment montré.

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 Sujet du message: Re: House of Cards
MessagePosté: 19 Fév 2013, 12:20 
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Bon je me suis fait un marathon (enquillé les 13 épisodes dans une journée) et c'est sûr que ça se regarde très, très bien, mais pour moi ça reste inférieur à la version originale, britannique, beaucoup plus tranchée, plus cynique, et tout simplement beaucoup plus courte, ça progresse mieux, quoi.

Et je déteste cette fin. Ca m'énerve les gens qui ne finissent pas pour attendre la saison suivante. Au moins les anglais ne font pas ça.

Mais c'est de la bonne came, quand même, Spacey est parfait.

D'ailleurs ils ont conservé des prénoms et noms entre les deux séries, c'es marrant. En anglais, le héros s'appelle Francis Urqhart (ici Underwood), Stamper est aussi le bras droit mais le prénom change... Ya plein de petits clins d'oeil comme ça.

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 Sujet du message: Re: House of Cards
MessagePosté: 19 Fév 2013, 12:27 
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bon. je vais essayer.

pourquoi pas, hin.

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