Il m'est tout aussi difficile de ne pas aimer ce(s) film(s) qu'il m'est difficile de le(s) défendre à 100%.
D'un côté, un film de genre français avec un concept malin et pertinent et marrant, formellement ultra-chiadé, jamais complaisant (pas étonnant de voir que plusieurs membres de l'équipe étaient sur La Horde, avec lequel j'avais déjà été probablement indulgent, pour les mêmes raisons, bien qu'ici ce soit clairement meilleur), de l'autre, un résultat bancal, dans le format, dans la narration, dans la tenue des promesses...
Au-delà du gimmick "foot & zombies" que symbolise bien le titre, l'idée d'utiliser l'univers du foot pour faire un film d'"enragés" (plutôt que des zombies), en exploitant ses travers comme les anabolisants et la violence des supporters, est plutôt intelligente, tout comme le décor banlieusard de La Horde permettait de donner une certaine résonance au genre. Le souci, c'est que Goal of the Dead refait quelque peu la même erreur en n'explorant pas suffisamment ce parallèle.
La faute en revient à un scénario qui paraît bizarrement à la fois précipité et un poil long dans son exposition. La première mi-temps écope de la tâche d'introduire tous les personnages et, à ce niveau, c'est plutôt réussi. Disons-le tout de suite : les acteurs sont super. Grosse surprise pour ma part de découvrir tous ces jeunes talents, notamment le quatuor central : Alban Lenoir ((je regarde pas Lazy Company donc j'avais pas encore eu l'occase de le voir, lui et Alexandre Philip), Charlie Bruneau, Typhaine Daviot et Ahmed Sylla. Eux je vais les suivre, franchement. Ils assurent, on les kiffe de suite et ils y sont beaucoup dans l'humour, leur delivery permettant de réhausser même les punchlines plus faibles.
Mais même sans ça, ils seraient tous quasi-immédiatement attachants, c'est là que l'écriture est efficace. Ils sont très vite définis, avec une annonce d'arc pas trop surfaite. On sent les origines de série TV du projet (initialement conçu comme un 6x26) mais cela se ressent également dans l'incursion expéditive du "fantastique" dans le récit, comme s'il fallait accrocher le spectateur dès le pilote.
Le premier infecté l'est beaucoup trop tôt, bien avant le match, et je peine à comprendre ce qui a pu motiver cette décision vu qu'il est presque complètement sacrifié, réduit à quelques plans de coupe où on le voit courir et attaquer quelques personnes...mais les attaques ne sont même pas montrées. Et après, il arrive au stade pour contaminer tout le monde. Pourquoi ne pas avoir attendu le début du match pour lancer l'infection? Plutôt que de le faire piquer au tout début du film, chez lui, pourquoi ne pas le faire dans les vestiaires juste avant le match? La contamination se serait faite pendant le jeu, ajoutant de la tension et du sens, surtout quand il aurait fini par infecter les supporters chauffés à blanc.
De plus, la contamination et le débordement sont un peu expédiés. Ça sent le remontage sévère par moments (le générique de fin est une compile de plans coupés de certaines séquences, les attaques, la contamination). C'est dommage.
La deuxième mi-temps a la tâche plus aisée de s'amuser avec la situation, avec les personnages séparés dans des lieux différents, tentant de survivre, mais doit également assurer le développement (ou plutôt la conclusion) des arcs amorcés dans la mi-temps précédente et s'en sort plutôt pas trop mal, même si ça reste assez rapide (cf. le personnage du flic) et parfois trop tardif (cf. le personnage de Belvaux).
On regrette tout de même qu'il n'y ait, en fin de compte, pas tant de face à face que ça entre nos héros et les enragés. On voit trois persos s'armer d'un nunchaku, d'une crosse de hockey et d'une batte. Ils ne seront même pas utilisés. Et le climax sur le terrain se fait presque sans accroc. C'est là qu'on sent un peu les limites du budget. Rien de ce qu'il y a dans le film ne fait cheap...c'est plutôt ce qui n'y est pas qui révèle le manque de thunes. Après, ce deuxième épisode reste quand même fun, avec plein d'idées assez trippantes (un ralenti bien gore, un kick en pleine tête, Salomone avec les crampons) et même un générique de début inattendu plutôt original et planant (bonne BO '80s carpenterienne d'ailleurs).
Si Poiraud parvient à se distinguer un peu (plus de ralentis, ce générique), les deux épisodes sont parfaitement homogènes et Rocher n'a rien à envier à son successeur (mon plan préféré, celui du joueur qui mute sur le terrain, se trouve dans sa partie). Esthétiquement, de tout façon, c'est vraiment classe et y a une vraie ambiance. Ça fait plaisir à voir.
Enfin bref, c'est imparfait, inabouti, mais indéniablement sympa et parcouru de bonnes choses.
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