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MessagePosté: 20 Mai 2010, 16:28 
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Marlo a écrit:
Les meilleurs films de genre français sont cependant pour moi dans la seconde catégorie, ce sont des films auxquels on ne pense pas forcément quand on pense au cinéma de genre à la française, trop étouffé par les générations Starfix et Mad Movies : je pense à "Irréversible", ou aux films de Marina de Van (je sais que "Ne te retourne pas" n'est pas très apprécié, personnellement c'est un des mes films préférés de 2009), des films de genre avoués, dont on sent la nette influence des grands maîtres du genre, mais qui en même temps restent très français, avec cette tendance à l'expérimentation ou à la complexification des choses simples. Les films pensés comme populaires sont souvent ratés, hélas. C'est peut être une question de culture, ça vaut aussi pour la littérature, ou pour la musique.


Bah c'est un peu le problème : est-ce qu'un vrai film d'horreur français (je veux dire par là qui soit pas une tentative de photocopiage maladive de la façon de faire dans le cinéma américain) ne peut ressembler qu'à Trouble Every Day ? J'ai rien contre le film, au contraire j'adore sa proposition, et j'ai vraiment le sentiment de le voir essayer de faire un film d'horreur profondément français, mais j'ai aussi vraiment du mal à concevoir ça comme un "film de genre" : ça me semble être du cinéma "d'auteur" (enfin auteur ils le sons tous, je prend ça dans la définition récente d'auteur : naturaliste, pas accessible...) qui va puiser dans des répertoires inhabituels pour lui. Franju est aussi un cas limite (pas dans le sens pas bon, mais parce qu'il va filmer un sujet fantastique quand même de manière très naturaliste - c'est d'ailleurs ce qui fait sa force), Epstein idem (puisque Usher sert surtout de bases à ses expériences impressionnistes)... bref, à part peut-être Melville dont j'ai pas vu les films (c'était populaire, à l'époque ?), je vois pas trop d'exemples où on a créé en France du ciné de genre vraiment détaché et indépendant de tout ce foutoir national, et qui soit évidemment populaire.

C'est un peu déprimant en fait, quand tu vois que ça pose aucun problème à aucun autre cinéma dans le monde...


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MessagePosté: 20 Mai 2010, 16:36 
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Tom a écrit:
bref, à part peut-être Melville dont j'ai pas vu les films (c'était populaire, à l'époque ?), je vois pas trop d'exemples où on a créé en France du ciné de genre vraiment détaché et indépendant de tout ce foutoir national, et qui soit évidemment populaire.


Hmm, Melville reprend les codes du film noir américain mais en fait quelque chose de très froid, de très épuré, et de très conceptuel à l'arrivée. Je me suis toujours demandé d'où venait le succès populaire du "Cercle Rouge" ou du "Samouraï".

Sinon quand je pense à mes films de SF ou fantastiques français préférés je pense en effet à des films vraiment décalés comme "La jetée" ou "Je t'aime je t'aime". Dans le film d'aventures je vois tout de même Philippe de Broca et son "L'homme de Rio" qui pour le coup n'a rien de concept ou d'expérimental, c'est Tintin au cinéma.


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MessagePosté: 20 Mai 2010, 16:46 
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Marlo a écrit:
Dans le film d'aventures je vois tout de même Philippe de Broca et son "L'homme de Rio" qui pour le coup n'a rien de concept ou d'expérimental, c'est Tintin au cinéma.

Tu as oublié Les aventures d'Adèle Blanc-Sec.

Sinon pas vu (ouais, pas vu 95% des trucs en fait) le deBroca. En fait de manière générale, comme tu dis, la couille en France tient au cinéma populaire avant même d'être lié au cinéma de genre. Je me demande si ça tient pas au fait qu'en France les réals ne circulent pas, ça manque d'ascenceur. Quand tu vois que Jonze réalise Max et les maximonstres aux USA, tu sens qu'il y a quand même, derrière tout ce qui peut y être pénible, l'instinct de producteurs qui se disent "peut-être que si le réal est bon, que le film est bon, ça peut aider à ce qu'il rapporte des sous". A part Jeunet en France, je vois pas tellement cette logique dans le blockbuster, où c'est purement spéculatif (tel élément + tel élément + tel élément = le public va aimer). Enfin bon, je ressasse des trucs surlesquels tout le monde est d'accord ici, j'imagine...
Mais je demande ce qu'attendent les prods français, même les plus butors, pour proposer une comédie pleine de fric à Mouret par exemple, ou un film fantastique ou d'horreur à Des Pallières, avec évidemment l'idée implicite qu'ils doivent y modifier un brin leur cinéma (moins lent, etc.). Je vois de toute façon pas comment ils pourraient merder plus que ce qui se fait actuellement.


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MessagePosté: 20 Mai 2010, 17:32 
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Y a plein de choses à dire sur le sujet, je trouve. C'est assez intéressant. Je vais tenter de le défricher avec quelques citations (je me suis constitué un recueil de 2000 citations par thématiques, autant que ça serve :).

Pour ce qui est du petit budget, y a une citation de Scorsese qui rejoint l'avis de Freak : "Le processus de fabrication d’un film est plus important pour moi que le résultat final. S’il n’est pas possible de le faire comme il faut, autant y mettre un terme."

Pour le reste, je pense que c'est plus une question d'ambition que de talent.

Il faut sûrement aborder le film de genre avec sincérité, comme l'est je pense Dahan avec La Horde. Je peux citer par exemple Jeunet : "On fait un film pour soi. Ça me semble une nécessité absolue. Il faut faire le film pour le premier spectateur que l’on est, parce que si on ne se fait pas plaisir à soi-même, on n’a aucune chance de faire plaisir aux autres. On parle souvent de recettes en matière de cinéma, mais la seule recette que je connaisse, c’est la sincérité." ou Friedkin : "Les films que je fais ne sont peut-être pas très bons, mais ils ne sont pas hypocrites."

Cependant, Robert Bresson prévenait des limites de cette démarche : "Il est vain et niais de travailler spécialement pour un public. Je ne puis essayer ce que je fais, au moment où je le fais, que sur moi. Au reste il ne s’agit que de bien faire."

Donc, quand Dahan dit que c'est un film offert aux fans du genre comme lui, c'est à double tranchant et ce n'est pas du tout une garantie de qualité, on le sait bien.

Mais la sincérité dans l'offre de divertissement ne suffit pas. Il faut également proposer quelque chose d'original. Et par original, il faut comprendre à l'intérieur d'un genre, parmi les productions internationales et de toutes les périodes, et pas uniquement dans le contexte du cinéma français actuel. Il faut de l'ambition pour s'attaquer à un genre, mais il en faut davantage pour proposer une vision à l'intérieur de ce genre.

Bruno Dumont propose une piste qui me plait : "J’aime bien détourner ce que je fais. Si je prépare par exemple un film de guerre, c’est que l’idée va me plaire, mais je vais la détourner. Les genres existent, sont codés, on ne peut plus aujourd’hui inventer un genre et je ne pense pas innover dans un genre. Je reste d’ailleurs assez cynique concernant les scénarios. Mais du coup, tout m’intéresse, n’importe quel genre. On me demanderait de réaliser un épisode de Navarro, j’accepterais, étant donné que je n’ai pas d’intention. Je serais même plutôt content de faire de la commande."

Alors que Jean-Pierre Melville justement, était très attaché à un certain classicisme, ou plus exactement à ce respect des ainés jusqu'à se méfier de l'innovation : "Sur mon premier film, j’ai appris beaucoup de choses, entre autres : à être classique, à ne pas vouloir révolutionner le cinéma ! Je n’ai jamais voulu réinventer le cinéma, je continue de détester les inventions régulièrement renouvelées ! Cela dit, les audaces de certains cinéastes ne me gênent pas du tout. Ce qui me déplaît dans toutes ces tentatives, c’est qu’en général, elles partent des amateurs, doués ou pas, jamais de professionnels. Un professionnel, plus il vieillit, plus il devient classique, plus il a envie de respecter la forme. S’il ne le fait pas, c’est que ce n’est pas un professionnel."

Ensuite, Marlo en parle très justement, il y a cette nécessité de lier le genre, par essence pris dans un historique complexe, et la singularité du cinéaste et la société ou le pays dans lequel il évolue. Torreton en parlait de son point de vue de comédien : "Il faut trouver l’actualité de ce que l’on joue, toujours et tout le temps. Le théâtre comme témoignage d’une époque est sans intérêt, c’est du musée Tussaud ou Grévin… et ce n’est pas la tâche du seul metteur en scène." Donc méfiance au film ouvertement clin d'oeil aux 70's par exemple, car il ne doit pas offrir qu'une réminiscence ou un hommage. Il y a une prise de parole nécessaire contemporaine, qui ne sera pas de grossièrement coller un contexte social ou politique vite torché.

Enfin, il y a une citation de Klapisch qui me plait beaucoup : "Le cinéma est toujours lié à la notion de risque et à la notion de pari. On ne sait pas ce qu’on fait. Et si on sait ce qu’on fait, on fait du téléfilm.". Et je crois que cette notion de dépassement, de perdition, ne s'offre que si l'on veut bien se laisser déborder, c'est à dire si l'on fait confiance au genre en lui-même, et que l'on part du principe que peu importe les intentions liées au genre et au film, ce dernier sera de toutes façons englobé de force par le genre, fatalement souverain et dévorant.

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MessagePosté: 20 Mai 2010, 21:52 
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Héhé, la petite Bible !
Plein des choses passionnantes, néanmoins, de toutes ces citations :
Z a écrit:
"Le cinéma est toujours lié à la notion de risque et à la notion de pari. On ne sait pas ce qu’on fait. Et si on sait ce qu’on fait, on fait du téléfilm."

Je pense que c'est sans doute ça le gros du problème pour les films dont on parle. Éviter le coloriage / remplissage de cases.
Après, que Dahan fasse un film pour lui (en tant que fan, lui-même du cinéma de genre), j'en doute pas.


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MessagePosté: 20 Mai 2010, 22:33 
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Z, faut que tu sorte des citations plus souvent !


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MessagePosté: 21 Mai 2010, 09:24 
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A fond, Z très intéressant!

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MessagePosté: 21 Juil 2010, 20:18 
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Je me range plutôt dans le camp des pas convaincus du tout. La tentative Mutants m'a semblé bien plus intéressante même si pas aboutie sur de nombreux points.

Franchement, à part le pitch de départ (et qui n'est pas d'une originalité folle, convenons-en), à savoir des flics et des truands dans le même immeuble assiégés par des zombies (le lieu clos est un des principes de bases du film de zombies, d'où, à mon sens, l'intérêt de la série au long cours Walking Dead, qui casse un peu l'idée), il n'y rien à sauver dans ce film. Le scénario est on ne peut plus basique, les personnages n'ont quasiment aucun intérêt car très peu caractérisés (hors, dans un film où les zombies sont le contexte, tout tient dans la caractérisation et l'évolution des personnages. C'est LE film), la mise en scène, le montage, la musique, la photo sont plus que quelconque et surtout, c'est affreusement mal joué. Deux léger bémol pour Joe Prestia et Yves Pignot qui s'en sortent bien mais les autres, c'est terriblement mauvais.

Pour en revenir à Mutants (autre film français de "genre" zombies), l'interprétation était quand même plus convaincante (pour les deux rôles principaux, Hélène de Fougerolles et Francis Renaud, qui étaient vraiment très bien), et l'exploitation des lieux, des sons, étaient plus originale. Mais peut-être que la différence de budget est conséquente.

Bref, je trouve cette tentative bien décevante et je ne suis pas sûr que ce soit uniquement du au budget...

1/6


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MessagePosté: 24 Juil 2010, 10:28 
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Ouais c'est assez cool, c'est vrai... Tout a déjà été dit et je rejoins la plupart. C'est très sympa, décomplexé, quelques plans et idées badass et ça foire bien dans le jeu - la plupart du temps vraiment horrible, soit trop foiré, soit trop outré genre je me la joue gros dur mais je sais pas faire - et les dialogues qui souffrent un peu de la même chose. Quelques passages sentent le manque de thune, quelques plans truqués foirés. Mais le reste cartonne, la réa est cool, y'a du rythme, y'a même un sadisme totalement jouissif. Bref. Assez cool.

4/6


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MessagePosté: 27 Juil 2010, 11:30 
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Bon, j'ai le DVD (ma boîte la sorti en Belgique - et ce fut un désastre). Le genre zombie n'est pas DU TOUT ma came à la base, mais je suis curieux...

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MessagePosté: 28 Juil 2010, 11:41 
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Arnotte a écrit:
Bon, j'ai le DVD (ma boîte la sorti en Belgique - et ce fut un désastre). Le genre zombie n'est pas DU TOUT ma came à la base, mais je suis curieux...


La prochaine fois que tu viens à Paris, tu pourra nous ramener quelques DVDs gratos ?

(la demande cash)

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MessagePosté: 28 Juil 2010, 11:56 
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Mec qui veut même pas donner un iota de thunes à son producteur :D



t'as raison

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MessagePosté: 28 Juil 2010, 12:09 
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Localisation: 26, Rue du Labrador, Bruxelles
Qui-Gon Jinn a écrit:
La prochaine fois que tu viens à Paris, tu pourra nous ramener quelques DVDs gratos ?

(la demande cash)

File-moi un DVD du PORTAIL et on verra..... :wink:

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MessagePosté: 28 Juil 2010, 14:21 
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No soucis, y'en a pas!


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MessagePosté: 28 Juil 2010, 14:26 
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QGJ, si j'aime pas le film ça me dérange pas du tout de te le refourguer... En échange de ton hospitalité!

GRF entre survivants du forum en automne? :)

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