Je sais pas, j'ai envie de parler de ce film, alors que ça ne sortira jamais en France, que ça ne nous concerne pas, etc...
Pour commencer je vous propose de mater la bande annonce, histoire de savoir un peu de quoi il en retourne
https://www.youtube.com/watch?v=GVa7qcd5DMEJ'étais tombé sur un des trailers il y a longtemps et j'avais été atterré par le contenu résolument anti-athée de ce "christian drama". Le bande annonce fait bien son boulot et semblait dévoiler l'ensemble des thèmes du film. Et puis le film a cartonné en salles aux Etats-Unis faisant 60 millions de dollars pour un budget de 2 millions. Bon business. Du coup, ma curiosité n'en a été que plus piquée. Et puis avec des acteurs winners comme Kevin Sorbo et Dean Cain reconnaissons que y'avait de quoi voir. Bon point pour le film, plastiquement, le film s'en sort correctement, c'est relativement correctement joué [dans le sens ou surtout dans le standard des films chrétiens, ça peut aller vraiment très très bas], y'a sens relatif du storytelling, probablement aidé par le coté atterrant de la chose. Le spectateur avec un demi cerveau et pas trop abruti par sa religion n'aura de choix que de se demander quelles nouvelles ignominies le film pourra inventer sur les athées, ces créatures des enfers qui semblent avoir été envoyés sur terre pour tourmenter les bons chrétiens.
Parceque le message du film est là, clair et net, sans détour ni interprétation. Tu es athée, tu es condescendant, cruel, tu pense que les croyants sont des crétins qui se bercent d'illusions avec des contes pour enfants [enfin vu certains personnages du film, c'est un peu le cas quand même].
Pour remettre un peu les choses dans leur contexte, il ne faut pas oublier que els Etats-Unis sont dans leur écrasante majorité un pays religieux. Environ 85% des américains croient en dieu, à peu près la moitié vont relativement régulièrement à la messe et la catégorie principale des chrétiens se réclament de la branche évangélique qui, pour résumer, sont plutôt très conservateurs et croient qu'il faut interpréter la bible littéralement. Dans un registre similaire, environ 45% des américains croient que l'évolution est guidée par dieu, 40% ne croient pas en l'évolution et croient que la terre à 6000 ou 10000 ans selon les calculs de la bible et le reste croient en une évolution comme la science la décrit, c'est à dire une évolution
agnostique.
Donc, y'a du terreau pour ce genre de film, par rapport à l'Europe ou les conditions sont quasiment inversées [ou les gens auraient presque honte d'être croyants].
Bref, l'histoire suit celle de Josh Weaton, un jeune neuneu mêchu, à l'université et qui s'inscrit à un court de philo donné par Herc... heu Kevin Sorbo, professeur émérite et totalement athée. Ce dernier, après avoir parlé de grands penseurs athées, ordonne à ses élève de signer sur une feuille de papier que dieu est mort. Là comme ça, tosgra. Sans même d'ailleurs expliquer le contexte de la citation, ni même l'attribuer à Nietzsche. Faut pas déconner, interpréter littéralement ces mots aide trop le propos du film. Mais notre gentil héros refuse car pour lui dieu n'est pas mort. Non non non. Donc le méchant professeur lui propose un marché, il devra défendre l'antithèse, que dieu est encore vivant, en trois sessions. Devant tout le monde. Et ce sera la classe qui rendra le verdict.
A ce moment du récit le scénariste s'est rendu compte qu'avec une intrigue aussi pauvre, il tiendrait à peine 20 minutes, il s'est senti obligé de rajouter des personnage et des intrigues. Donc on nous introduit Amy, jeune bloggueuse "de gauche" super ambitieuse et sans pitié et qui a sur son pare-choc des auto collants comme "Meat is Murder", "I [Heart] Evolution" ou "American Humanist", mais le film la décrit comme une meuf limite hargneuse contre les gens qui ne pensent pas comme elle et impolie au point de ne pas décrocher son nez de son téléphone même quand son médecin lui annonce qu'elle A LE CANCER!
Et cette demoiselle a un petit ami en la personne de Superm... euh Dean Cain, lui aussi totalement athée [bien qu'au début ce ne soit pas dit explicitement], mais lui adule le veau d'or, car c'est un businessman. Il n'a plus de place dans son coeur que pour autre chose que l'argent. D'ailleurs, il est tellement implacable que quand Amy lui annocne qu'elle a le cancer dans un restaurant chic nommé La Rive Gauche [en français dans le texte], il l'a quitte. Comme ça. "J'ai le cancer" - "ok bon ben salut". Parceque Dean Cain a un lourd secret dans son coeur: sa pôvre maman est totalement gâteuse et ne reconnait plus ses enfants. Et lui, il a pas envie d'aller lui rendre visite. Surtout que ça a été une bonne chrétienne toute sa vie. Et que malgré tout, à la fin de sa vie, elle l'a dans le cul parceque son cerveau c'est de la purée. Mais ça ne va pas l'empêcher de citer un passage de la bible fort à propos quand Dean Cain viendra enfin lui rendre visite [genre, c'est le diable qui fait son succès et l'a poussé à se détourner de dieu]. Mais comme Dean Cain est un connard, il va y penser 5 minutes puis oublier car y'a des millions à faire bordel de merde.
Ce même Dean Cain a une soeur, qui elle s'occupe de sa mère, car elle a du coeur, car elle est encore chrétienne. Et il se trouve que c'est aussi la PETITE AMIE D'HERCULE! Enfin Kevin Sorbo, le méchant professeur de philo du début. Surtout qu'il prend un malin plaisir à humilier la pauvre femme, ses croyances primitives et son incapacité à se mouvoir dans le les hauts cercles sociaux qu'il fréquente ou l'on se moque des croyants avec un petit rire mesquin et un verre de vin à la main. Tout se recoupe je vous dis...
A cela s'ajoute la copine de notre héros, probablement un peu chrétienne, mais pas trop, car elle ne veut qu'il s'affronte à son professeur car ça pourrait remettre en cause ses ambitions universitaires. D'ailleurs elle finira par larguer le héros, cette salope, parceque bon, il en faisait qu'à sa tête et que c'est pas si important de "défendre dieu" et que elle a sacrifié ses meilleures universités pour être avec lui et même que sa mère l'avait prévenu à son sujet [on ne sait pas trop ce qu'il y avait à prévenir à son sujet vu que le mec est quand même décrit comme le gars le plus inoffensif du monde].
On retrouve aussi Paul, un étudiant origine de Chine [ou de la République Populaire de Chine], donc forcément athée mais quand même vachement intrigué par cette histoire de dieu. D'ailleurs son père, qui se déplace en limousine fait du gros biz, mais qui est encore un bon coco qui croit que la religion est l'opium du peuple ne veut pas qu'il se convertisse.
Sans oublier l'incroyable sous intrigue de ce prêtre qu'on voit au début converser avec notre héros et qui ensuite va chercher un autre prêtre venu d'Afrique et qui n'a envie que d'une chose, c'est d'aller à Disneyland se faire photographier avec Mickey. S'en suivent des aventures incroyables à base de voitures de locations [3 à la suite!] qui refusent de démarrer alors que 5 minutes avant elles marchaient. Mais tu vois venir le
god has a plan gros comme une maison.
Et puis pour terminer, dernier personnage secondaire, la petite Ayisha, étudiante dans la même fac que notre héros. Comme son nom l'indique, elle vient du pays du couscous et forcément, son père est un homme autoritaire, qui la force à porter le voile, mais elle aussi elle a un lourd secret: elle étudie la bible! Et son père l'apprend [à cause du petit frère cafteur qui avait vu que Ayisha avait un audiobook de la bible sur son ipod] et qu'est-ce qu'il fait le papa? Il l'a fout dehors cette salope d'apostate. Le film ne le dit pas, mais on peut s'imaginer que les auteurs ont du se dire "et encore elle a de la chance, là bas, elle aurait été lapidée". Surtout que juste avant, une étudiante lui dit "qu'elle est si belle sans son voile". Bon je suis pas fan du concept du foulard, m'enfin j'en suis pas rendu au point d'être condescendant avec quiconque le porterait.
Avec cette dernière sous intrigue le film prend un autre tournant. L'athée n'est plus seul dans le monde des ignobles, le musulman se tient juste à coté.Enfin bon, grosso modo, si t'es pas chrétien, voire protestant, je pense qu'on te vois comme une saleté sans morale, sans valeur et sans codes.
Mais revenons en à notre héros qui doit prouver l'existence de dieu devant sa classe. Bon, EVIDEMMENT, les lois de la narration font que lors de sa première session il se fait démolir le cul par son professeur. Même si les arguments présentés de chaque coté sont ridicules. S'en suit une scène où le professeur confronte l'étudiant qui "aurait tenté de l'humilier alors que lui est dieu dans sa propre salle de classe", scène qui parait hors contexte puisque c'est l'étudiant qui s'est fait rétamer. Alors qu'elle aurait eu bien plus de sens à la suite de la seconde session ou le jeune héros s'en sort beaucoup mieux et met à mal la logique du professeur de philo, haha! On s'en fout d'ailleurs si on réduit l'évolution à Darwin en occultant l'ensemble des travaux qui ont suivit et confirmés les thèses de Darwin [les créationistes sont très forts dans le "pick and choose" des arguments contre l'évolution].
A la suite de cette seconde session, le méchant professeur fait une erreur: il révèle qu'il a perdu sa maman quand il avait 12 ans, malgré ses prières répétées. Et qu'il aurait perdu la foi ainsi, parceque c'est bien connu, on ne peut pas être athée au travers d'une éducation non religieuse, ou au travers d'une réflexion. Non, l'athée est forcément né d'une immense douleur personnelle qui lui a fait perdre la foi. L'athée est donc une figure tragique, perdue, mais qui ne demande qu'à être remise dans le droit chemin.
Ce qui nous amène à la troisième session, qui comme vous l'imaginez, verra notre jeune héros confronter les démons personnels du professeur ou il avouera devant toute la classe qu'il hait dieu. "mais alors", rétorquera le héro, "comment pouvez vous haïr quelque chose en quoi vous ne croyez pas?". TADAAAAAM, l'argument massue. Bien sur il y aura débat sur les valeurs de la morales [qui évidemment ne pourrait découler que de dieu]. Et à la fin, un par un les étudiants, qui ont tous signé le papier comme quoi dieu est mort, se lèvent et disent que... "dieu n'est pas mort". Damn!
Le film se termine par un concert d'un groupe de rock chrétien dont on nous a rabattu les oreilles pendant tout le film. Et la dernière chanson est dédiée à cet étudiant qui a tenu tête au méchant professeur en voulant défendre dieu,
good job buddy... juste avant on aura vu notre bloggueuse de gauche backstage vouloir confronter le groupe et ses opinions religieuses, mais à la fin de la scène elle craque et participe à une prière de groupe.
Et puis dans une pirouette finale, on voit le vilain professeur qui cherche à retrouver sa copine [la soeur de Dean Cain] qui l'a larguée plus tôt dans le film suite à une humiliation de trop. Elle est au concert, frappant des mains comme une demeurée. Une pluie torrentielle. Il traverse la route, une voiture grille un feu rouge, le renverse. Il va mourir. Mais quand je vous disais que dieu à un plan plus tôt, le prêtre américain et le prêtre africain ont ENFIN trouvé une voiture qui démarre et donc ils se trouvent juste là, pour cette âme perdue et le vilain professeur athée accepte Jésus juste avant de mourir, en paix.
Voilà, faut vraiment le voir pour le croire. C'est pas profondément un nanard, c'est juste un des films les plus cons que j'ai jamais vu. Le genre de truc fait pour conforter le chrétien dans sa foi et dans le fait que ceux qui sont extérieurs à sa foi ne sont que des vilains mécréants ou alors des "sand nigger". Y'a pas un cliché qui nous soit épargné. C'est impressionnant.