Shigeki vit dans une petite maison de retraite sous le regard bienveillant d'une aide-soignante, Machiko. Sans le savoir, tous deux partagent un lourd secret : la perte d'un être cher. A la suite d'un accident de voiture, Shigeki et Machiko se retrouvent seuls et désemparés. Lorsque le vieil homme s'enfonce dans la forêt voisine, Machiko n'a d'autre choix que de le suivre. C'est là, au coeur de cette nature protectrice, qu'ils vont à nouveau se sentir vivants.
Un peu comme avant de voir le dernier Shyamalan (je précise: les deux films n'ont rien à voir), je me demandais comme Kawase allait tenir le coup de l'équilibre miraculeux tenu par
Suzaku et
Shara (comme Shyamalan auquel je ne mets quasi que du 6 sur ses derniers films). Et finalement...et bien certains ont vraiment des mains en or et c'est tout.
Shara s'ouvrait sur une petite cour ombragée d'un quartier citadin à Nara, sous les chuchotements de deux garçons.
La Forêt de Mogari s'ouvre sur une mer d'arbres, sans autre bruit que celui du souffle du vent qui vient les agiter. Les deux films se rejoignent par le même tintement de clochette comme musique intérieure d'une disparition divine, celle d'un frère jumeau qui regarde la ville de haut dans
Shara, celle d'une épouse à deux doigts de devenir un Boudha dans
Mogari.
Kawase peint la rencontre de l'intime, fragile, éphémère et à genoux, et de la nature, puissante, pérenne et abondante, célèbre la vie et la mort en un même geste, dans un poème animiste plongé dans une forêt sacrée que Kawase magnifie comme le ferait un Malick, baignée dans une atmosphère sonore envoûtante. Ca ne tient à rien mais touche au divin, ça peut te faire mourir d'ennui comme t'enivrer sans pareil, mais il y aura peu de gestes plus beaux cette année que ce bras tendant une boite à musique haut vers le ciel.
Je pense que Kawase pourrait filmer des émissions de jardinage et en faire des chefs d'oeuvre.
6/6
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