Remarquée sur la Croisette pour son premier long métrage, Red Road, qui avait obtenu le Prix du Jury en 2005, la réalisatrice anglaise confirme les promesses entrevues avec Fish Tank, très beau portrait d'une adolescente en crise.
Sweet Fifteen... En apparence, Andrea Arnold marche sur les traces de son compatriote Ken Loach pour creuser le sillon d'un cinéma social sans afféterie cher aux frères belges Jean-Pierre et Luc Dardenne. Ces derniers donneront d'ailleurs la traditionnelle leçon de cinéma lors du 62e Festival de Cannes. La lecture du synopsis laisse même présager un Rosetta en Essex, une descente en enfer d'une jeune femme confrontée à la crise mondiale. Les apparences sont parfois trompeuses. Si Fish Tank - l'aquarium en français - est bien sûr politique par le choix de son cadre géographique, barres d'immeuble anonymes ou friches industrielles, la réalisatrice s'en tient à son beau sujet d'étude et ne sombre jamais dans la démonstration moralisatrice.
Sur un fil d'équilibriste, le scénario aurait d'ailleurs pu virer dans le pathos, surligner au stabilo la misère sentimentale et sociale dans laquelle se débat la famille de Mia. "Andrea Arnold ne change jamais de point de vue et reste à la hauteur de la jeune femme qui se découvre, c'est remarquable", souligne ainsi Danielle Attali, du Journal du Dimanche, conquise par ce film brut et sans concession au misérabilisme. "La scène finale est magnifique, elle offre une réconciliation possible entre la mère et sa fille. Les rapports humains sont durs, mais il reste quand même de la tendresse". Un prix d'interprétation ?
Pour Alain Spira, de Paris Match, la performance de la jeune actrice, Katie Jarvis, pourrait lui valoir un prix d'interprétation tant elle incarne avec justesse et énergie une jeune adolescente mal dans sa peau, garçon manqué renfrogné qui découvre les premiers émois de la sexualité au contact d'un beau père occasionnel, trop charmant pour être tout à fait irréprochable. L'interprétation est d'ailleurs l'un des points forts du film, avec des dialogues qui claquent au vent comme des coups de fouet, notamment dans la bouche de la petite soeur de Mia, irrésistible diablotin. Après un premier tango chinois quelque peu décevant, Fish Tank lance la compétition sur de bons rails. Point final
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