Léo a écrit:
Ça faisait une paye que je n'avais pas assisté à une projection de programme de courts-métrages en salle. Si je devais juger de l'évolution du genre depuis les années où je m'y intéressais (disons 1995-2005) à partir des 3 films de ce programme, je dirais que le niveau technique semble s'être bien amélioré. Evidemment, bande de jeunes, vous n'avez jamais eu à gérer un stock de pellicule, vous n'avez jamais eu à faire un raccord-image au scotch avec une presse, vous n'avez jamais travaillé en double-bande, c'est trop fastoche pour vous !
Ah si, en école de cinéma, tout était encore en pellicule.
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Thématiquement, j'ai trouvé ça déprimant. Effet sans doute renforcé par le fait qu'il s'agissait de 3 films issus de la même boîte de prod. Bon là les gars, Noony et #brotherDemoustier si j'ai bien suivi, il va être temps de vous poser des questions. Quelle noirceur ! Quel désenchantement partout dans les films ! C'était sinistre. Je peux vous dire que le retour en métro après la projection, c'était pas gai. Tu m'étonnes. Personne baise ou se marre dans les films Année Zéro Production... Y'a juste du danger partout. Hey les mecs ! Cinoche, putain !
J'ai bien senti que tout le monde avait un peu reçu un coup de massue à la fin de la séance, avec un enchaînement vers le glauque.
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Attendez... Attardons-nous juste une seconde sur les trois titres... Est-ce qu'on m'a proposé, à moi spectateur, Apogée, Odyssée et La Grande Avenue ? Non, on m'a proposé Temps faible, Errance et La Contre-allée. Wouah, c'est trop !
C'est vraiment dur de trouver un bon titre, sa race.
J'aime bien le titre de mon prochain, je suis content.
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Mais ce qui me chagrine le plus, c'est cette tendance des 3 films à développer leurs récits dans des espaces réduits, foutrement attendus, cette tendance à sicoter toujours la même égratignure pendant 25 minutes, un peu comme un film de festival en fait: je suis là, je m'y tiens, et vous allez voir que c'est pas drôle. Est-ce qu'il y a eu, pendant l'heure et demie de projection, un raccord qui m'a emmené ailleurs, là où je ne m'y attendais pas ? Un raccord de fiction ? Oui, il y a ce raccord au début de Temps faible, quand on passe des plans godardiens (intérieurs, pénombres, sources lumineuses dans le plan, personnage lointain, petit jeu avec les sources sonores), plutôt réussis d'ailleurs, au travelling filé sur les paysages de La Réunion. Oh, surprise ! Où suis-je ? C'est la seule fois. Le reste du temps, on subit un programme assez étriqué, élaboré par le projet du film (des vacances où il ne se passe rien, une nuit d'errance d'un homme dangereux, le "quotidien" d'une prostituée), un projet sans surprise, plus précisément un projet où la "surprise" n'est pas valorisée, bien au contraire. Il faut que ça se passe comme c'était prévu.
C'est sans doute en grande partie dû au format court, non ? Et au budget attenant.
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Le désamour patent pour la fiction qui se dégage de ces trois films (à des degrés divers) m'a sidéré.
C'est fou que tu puisses penser ça ! J'en parlais avec Zad, Jiko et Tiny Tears à la sortie... ils étaient tous les trois agacés par le dernier film, au point de lui coller un 1/6 ou un 0/6. C'est quelque chose que je ne sais pas vraiment faire. Je pars plutôt du principe qu'il y a toujours de bonnes choses à prendre ici et là. Rares sont les films vraiment malhonnêtes ou proprement merdiques (je n'ai pas tellement de 0/6 sur le site de Captain, je m'en rends compte). Je n'arrive jamais à détester un acteur, un réal ou un film. C'est pas dans mon caractère. Aussi je ne fais pas partie des gens qui dézinguent le cinéma français comme on peut le voir sur le forum. Mais je les comprends tout à fait sur certaines bande-annonces ou à la lecture de certains pitchs - et je suis certain que toi aussi.
Pour en revenir à ta phrase : moi, ce que j'ai appris très tôt, c'est que lors d'un premier film, fallait partir d'un truc pas trop éloigné de ses connaissances. Et intégrer les contraintes de tournage au pitch lui-même. Comme je bosse au Samu, que je suis parisien et que j'ai étudié pendant plusieurs années les criminels isolés sans mobile apparent envers leur victimes... ben c'est à peu près ce que j'ai fait. Maintenant que c'est réalisé, c'est plus facile je pense de s'éloigner vers autre chose et d'aller "vers le cinéma", si tant est que ça veuille réellement dire quelque chose. Je me suis réfugié dans le factuel, maintenant il s'agit effectivement d'y attacher de la surprise, de l'envie et une certaine texture plus consistante. Je pense avoir déjà passé cette étape en écriture, mais pas encore en mise en scène. Je commence à envisager une évolution possible, et c'est très marrant d'ailleurs de s'en faire la remarque. (bon c'est très abstrait ce que je raconte, mais je me comprends)
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Or, je vois que là, tout le monde s'enthousiasme et félicite Z sur le mode "bravo, vivement la suite".
J'ai eu des réserves sincères, et j'imagine que ceux qui n'aiment pas ne viennent pas me le dire pleine face pour ne pas gâcher la fête. Ce que je traduis surtout de la part de beaucoup de gens, c'est de la bienveillance. Personne ne peut réellement s'enthousiasmer à donf pour un court, j'ai l'impression. Même si ça m'était arrivé pour
Bad Toys II.
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Je trouve que les exigences et les beaux idéaux disparaissent dès qu'il s'agit des copains, c'est quand même dommage. Les trois films qu'on a vus étaient comme un condensé de ce qu'on reproche au cinéma français (goût prononcé pour le lugubre, fiction tuée dans l'œuf, recherche de l'effet impro-naturaliste).
Je suis pas certain que les trois films soient exactement ce que l'on reproche généralement au cinéma français. Mais je peux tout à fait comprendre ce qui peut agacer dans les trois, pris séparément, oui. Ce qui est drôle, c'est que tu es le seul à les envisager d'un seul tenant, comme s'il y avait un projet réfléchi derrière. Je crois que ton message s'adresse davantage à Noony en fait. Je vais lui dire de venir lire tout ça.
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Un autre élément commun: comment est-ce que les films se terminent ? Par ce fameux plan "muet" où l'on s'attarde sur le regard du personnage principal sur le monde, ce "plan-émotion" avant le cut (inévitable) du générique de fin. Si je me souviens bien (mais je peux me tromper):
- Denis Eyriey regardant le paysage assis dans le bus;
- Paul Hamy regardant la bande de filles assis dans le RER ou bus (je ne suis plus très sûr, je mélange les séquences);
- Laure Calamy regardant longuement devant elle dans la rue.
Ce plan, c'est le dernier plan de 50% des courts-métrages (je le constatais encore ce matin en regardant "Extrasystole" d'Alice Douard) mais ce n'est pas très étonnant puisque les films n'emmènent jamais ailleurs, alors on ne peut pas finir autrement.
C'est complètement inhérent au format court ça, j'en suis quasi sûr. C'est l'équivalent de la chute drôle/pas drôle pour le format 5 minutes.
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Les plans sur les immeubles, ça ne marche pas.
C'est du 50/50 apparemment.
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La steadycam dans les escaliers à la sortie du métro, ça ne marche pas.
Moi je trouve que c'est une assez belle signature, mais faut suffisamment aimer le procéder pour apprécier le retrouver ici sans le gravitas qu'offrent des longs-métrages et où c'est mieux utilisé, parce que émotionnellement renforcé.
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Personnellement, je déteste le gros plan sur Paul Hamy avec sa capuche qui dure des heures, je ne comprends pas pourquoi tu fais décrocher ton film comme ça à ce moment-là, Z, ça gâche. Si je t'avais produit, jamais ce plan ne serait dans le film, et j'espère qu'au moins il a été sévèrement remis en cause par ton monteur ou ton producteur.
Là par contre, tu es le premier à me faire une remarque négative. Avant toi, c'était du 100%.
Moi je l'adore (le cadre, Paul Hamy, le personnage, les dizaines d'expressions, la gronde sonore) et comme le dit Freak, le film aurait très bien pu s'arrêter à la fin de ce plan.
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Et puis j'étais content de revoir la fille de
L'Exercice de l'Etat presque toute nue bien sûr.
Héhé. Merci Noony.