Très belle affiche.Chiens gigantesques, piano mécanique, requins mangeurs d'hommes ; solitude, séduction, mélancolie... Au centre, on trouve tout.Je n'ai vu nulle part le film défini comme un documentaire donc je m'abstiendrai également de le cataloguer mais il m'a tout de même rappelé
Le Crépuscule (Guillaume Massart, 2010), par sa forme - pas d'intervenants, pas de voix off, contrairement à
Passemerveille et
Les Dragons n'existent pas ou
Découverte d'un principe en case 3 - et plus précisément par sa narration, fausse captation d'un lieu donné, même si on s'éloigne de l'aspect
Strip-tease du précédent volet de ce diptyque levalloisien officieux.
Si
Le Centre m'a rappelé ce prédécesseur, c'est aussi par sa structure qui m'est apparue un peu décousue, mais ce sentiment est sans doute liée à ma perception et donc à l'inégalité que je trouve dans le récit, qui semble proposer par moments une progression linéaire puis semble revenir sur ses pas. Vers le début, il y a cette image du plan du centre qui avance sur un fond noir et l'espace d'un instant, on croirait le plan d'un vaisseau progressant dans l'immensité noire de l'espace et, peu de temps après, on trouve une séquence montrant les employés des magasins s'affairant seuls dans leur boutique, le centre étant visiblement dénué de visiteurs, comme autant d'alvéoles dudit vaisseau. Une séquence qui culmine avec ce moment où une employée traverse le magasin puis s'arrête net, immobile, avant qu'un contre-champ sur un mannequin vienne lui répondre. Est-ce un effet Koulechov (s'est-elle arrêtée face à ce mannequin, filmé de face également?) ou est-ce une transformation (la suite de la séquence filme les magasins vides, peuplés uniquement de mannequins)?
Faisant le lien avec
Pompéi - nouvelle collection (Guillaume Massart, 2010), mettant également en scène des mannequins de vitrine, j'ai cru qu'il s'agissait là du sens qu'il fallait donner aux images (plus tôt, un visiteur se voyait également immortalisé au milieu d'une série de portraits dans une vitrine). Mais par la suite, les visiteurs refont leur apparition et je me rappelle que cette séquence était isolée au milieu d'autres "tranches" de la vie de ce centre, certains plus "anodins", plus dans l'exposition, certains plus étranges et cohérents avec le programme que je prête au film par moments (le piano qui joue tout seul dont la mécanique cristallise à elle seule le fonctionnement cyclique du centre ou ces annonces issues d'un film de SF dystopique).
Cette absence d'une construction plus "lisible" (au-delà du principe de commencer un matin et de finir semblablement 24h plus tard quand le centre rouvre et ce alors qu'il y avait un beau plan de fin plus tôt, avec le visage sur une affiche de pub devant la porte du centre comme un être emprisonné à jamais dans la Phantom Zone de So Ouest) me perd un peu et, par conséquent, je trouve que le film ne s'incarne vraiment que lors des moments où il semble s'attacher à un motif particulier le temps d'une séquence contenue (comme celles des enfants abandonnés par les parents consommateurs).
PS : outre le caractère tristoune qu'elle confère au décor, l'image VHS tend à la neutralité d'une caméra de surveillance mais je m'interroge toutefois sur son utilisation.