Bon je mets ça ici, on déplacera s'il faut.
On a pu assister ce soir à une projection de trois courts produits par Année Zéro, boîte où oeuvre désormais feu Noony, et voici donc mes courts avis sur ceux-ci, dont le court de Z.
Temps faible de Denis Eyriey
Un mec en procédure de divorce part en vacances seul à La Réunion.Pour la dire un peu cliché, ça commence de façon "auteurisante", avec son protagoniste taiseux, ces messages laissés sur répondeur et donc sans réponse, son ambiance sourde, puis ça révèle finalement peu à peu son programme, qui lorgne en fait davantage du côté des
Bronzés, avec son personnage secondaire en mode "on va pécho sur la plage" et donc son humour souvent déjà vu et parfois même un poil facile. Il reste des trucs vaguement absurdes qui s'avèrent assez drôles (les crédits photos, le livre et le plat dans la piscine) et l'acteur principal (également le scénariste et le réalisateur) est très bon et même relativement attachant par conséquent mais l'inévitable conclusion du film ne paraît pas méritée au vu de développement trop rapide/elliptique/épuré/ilsepassepasgrandchose du récit.
Errance de Peter Dourountzis
Un type monte sur Paris pour le week-end, mais personne ne l'attend. Il a une bonne gueule sympathique, il erre au hasard des rues, dort où il peut, vole un peu...Dès le départ, j'ai été hameçonné.
L'intro
in media res, une première confrontation, un premier rejet, et cette tension lorsque le corps de Paul Hamy vient occuper presque tout le cadre, écrasant la jeune fille. Et cette intelligente utilisation du 4/3 qui restera tout le long, qui ne cessera de se focaliser exclusivement sur le protagoniste - incarné à merveille par un Paul Hamy instantanément chelou entre son look de clochard, ses arcades sourcilières menaçantes et sa voix douce en contrepoint - au même titre que ces travellings qui ne lâchent pas les basques du personnage. Ce personnage qui n'est accepté nulle part, pas dans un groupe de gens de son âge, pas dans une boîte, pas dans un regard féminin. Et transgresse de plus en plus...naturellement. Une exposition plus qu'une explication. Pas de jugement.
Malgré le sujet et l'inspiration, et bien que l'on adopte cette subjectivité, jamais le film n'est glauque - il est même drôle (le jeu du "si non") - mais il y a tout de même un choix de mise en scène sur la fin que je trouve un peu dommageable, en rupture avec le point de vue adopté tout le long.
J'aurai trouvé plus cohérent et jusqu'au-boutiste de rester dans la focalisation que le film épouse tout le film durant, culminant dans ce long gros plan fixe et ce son drone qui enfle.
Mais au-delà de ça, c'est une vraie belle réussite, aboutie.
La Contre-allée de Cécile Ducrocq
Le quotidien d'une prostituée qui bosse de chez elle. (je pitche super mal)
La première moitié du film, qui transpose les galères professionnelles universellement reconnaissables au milieu de la prostitution, notamment dans sa dimension "les noirs qui nous volent notre travail", est pas trop mal vue, et ose prendre pour protagoniste un personnage franchement antipathique (la morale faite au client, le harcèlement en anglais des putes en fourgon, la leçon de cunni) mais la seconde moitié, plus programmatique, ne m'a pas convaincu. Ça m'a paru un peu forcé et, par conséquent, je trouve que le film manque de focus et que le propos se limite un peu au pitch susmentionné. À moins qu'il n'y ait quelque chose de pire à comprendre. Un peu en mode "rétribution karmique". Par ailleurs, je n'ai pas trouvé la mise en scène toujours très à propos. Actrice très bien par contre.