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MessagePosté: 07 Aoû 2014, 19:41 
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Un peu la même chose dans le Clouzot, très grosse exposition et caractérisation des personnages, et puis ensuite il n'y a plus que l'action


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MessagePosté: 07 Aoû 2014, 21:50 
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Je n'ai pas du tout été fan. J'aime bien la mise en place mais à partir du moment où ils montent dans les camions, ça m'ennuie profondément.
Ils passent sur des ponts, c'est l'essentiel du film, ça dure trois heures, le scénario fait ce qu'il veut de nous. Le principe du film "qu'ils peuvent sauter à tout moment", c'est un gimmick qui ne me parle pas du tout. Il faut faire un très grand saut de foi et vu que les personnages sont à peine caractérisés, ça n'en vaut peut-être pas la peine. Pas vu l'original.


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MessagePosté: 19 Jan 2015, 09:44 
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Oberkampf Führer
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MessagePosté: 20 Jan 2015, 09:43 
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(*Tu parles d'un* défi Tom Willis 1/12)

Un peu artificielle cette mise en place (géopolique avec attentats à Jérusalem, banquiers parisiens, gangsters US néo-classiques)... C'est assez rigide parfois et pas toujours pertinent dans l'agitation forcée, mais l'inutilité même dans le récit de ces vies antérieures abandonnées reste assez amusante, et je trouve Bruno Crémer excellent, il crève l'écran dans ce film... Le mouvement fataliste final
et ses malfrats de de bazar qui fait revenir le passé de l'un des personnages façon film noir classique est néanmoins biens moins efficace que l'achèvement du film de Clouzot.


La beauté du film tient quand même essentiellement dans la deuxième heure et ses scènes d'obstacles dans la jungle totalement conceptuelles et fascinantes, avec la belle musique Tangerine Dream en arrière plan sonore. Le segment quasi fantastique et franchement abstrait avant la toute fin est aussi très beau... mais un peu court. Bref, le film est un curieux maëlstrom inégal, mais chouette découverte nénamoins.

J'ai trouvé les couleurs très saturées dans la copie HD d'hier, je ne m'y attendais pas et je ne sais pas si c'est du révisionnisme de Friedkin?


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MessagePosté: 20 Juil 2015, 10:49 
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Mr Chow a écrit:
J'ai trouvé les couleurs très saturées dans la copie HD d'hier, je ne m'y attendais pas et je ne sais pas si c'est du révisionnisme de Friedkin?

Révisionnisme en effet. :|


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MessagePosté: 13 Aoû 2015, 12:00 
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Vu au ciné dans sa version restaurée.

Nondidiou, c'était beau. Friedkin, que je ne connais mal (L'exorciste et un vague souvenir de French connection seulement), m'a tout l'air d'un control freak d'un fort beau gabarit. Chaque scène semble réglée au quart de poil, avec un sens du détail et une utilisation des langues locales qui rendent les situations réalistes. Les scènes de rue en particulier, ressemblent à du documentaire, avec ce qu'il faut quand même de gueules cassées (et de passants qui trimballent des têtes de taureaux :shock: ) et de chorégraphie pour y mettre du spectacle.
Et question gueules, c'est un festival, bien que les stars initialement pressenties se soient toutes décommandées pour des raisons diverses. Roy Scheider, Bruno Cremer, Amidou Benmassoud, Francisco Rabal, et d'autres plus anonymes mériteraient de jouer dans un western spaghetti. Ce n'est pas la seule analogie avec le genre d'ailleurs: Friedkin y va tellement à fond dans le badass qu'on frise la caricature, le bon la brute et le truand. Ici aussi chacun est une ordure... Ou rêve tellement de se tirer de ce trou à rats qu'il est capable de tout. Ca se fait bien sûr au détriment de l'identification, mais je trouve ça audacieux et réussi, même si certains dialogues, ou scènes un peu vulgaires, font parfois sourire.
Je pense par exemple à la scène de remplissage où
les 4 fantastiques bricolent des cadavres de camions pour en faire leur tombeaux roulants, elle est à la fois très belle (montage énervé, poésie du métal qui grince,...) et kitsch comme un épisode de l'agence tous risques.
Là aussi, les gueules des camions aux visages grimaçants sont pas piquées des hannetons, comme on disait à l'époque de Clouzot.

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J'imagine que la vision au cinéma compte beaucoup, mais j'ai été cueilli violemment par les scènes spectaculaires (geyser de feu there-will-be-bloodien, explosions, cadavres, pont suce-pendu) comme rarement. Je suis incapable de dire ce qui techniquement rend compte de ce succès artistique, mais par exemple l'image
de la voie libérée de l'arbre par l'explosion, avec sa lumière élyséenne et ses feuilles qui n'en finissent pas de tomber... wah.


Et puis, enfin, et justifié par tout ce qui a eu lieu avant, il y a le craquage de slibard de "Juan Dominguez" (j'adore tous ces apatrides qui ont des noms hispaniques alors qu'ils parlent pas espagnol), son décor, la musique étonnamment moderne, les surimpressions qui fonctionnent alors qu'ailleurs c'est souvent cucul, etc...

Sorcerer et Le Salaire de la peur ont en commun la structure bipartite mise en place / enfer de tension, mais le traitement diffère, probablement à la fois à cause des personnalités et des époques différentes. Là ou le Clouzot s'efforce de créer un attachement aux personnages (et y réussit), et monte un pur film de suspense qui échouerait si cette empathie n'existait pas (avec en prime une inversion dominant / dominé), Friedkin semble se foutre de ce qu'on pense de ses personnages, et se concentre sur des aspects plus spectaculaires, et même lyriques, époque psychédélique oblige (globalement d'accord avec le Freak sur ce point de caractérisation, mais moi j'ai envie de croire que c'est volontaire).
L'ajout par WF des quatre scénettes de présentation des pieds-nickelés est aussi à son crédit: elles sont courtes, nerveuses (montage de fou), violentes, et déterminent tout le reste.

Ajoutez à ça un tournage infernal que n'aurait pas renié Herzog, un gros bide commercial que la sortie simultanée de Star Wars n'explique pas à mon avis (voir figure 2), et vous obtenez un mythe en péloche, de quoi faire rêver les ménagères et moi.

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MessagePosté: 24 Jan 2023, 08:57 
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Damn ça fait longtemps que j'avais pas été autant crispé sur mon siège devant une scène d'action. La scène du pont est un monument. Avec ce parti pris hyper couillu et qui fonctionne à plein de cut la fin de la scène (le pont qui craque et le camion qui passe ric-rac) que nombre de réals auraient voulu montrer et glorifier. A chaque victoire, on passe vite à autre chose, si bien que quand ils arrivent à exploser l'énorme tronc qui barre le chemin, j'étais pas bien sûr qu'ils avaient réussi tant les persos font la gueule.

Et puis bien sûr quand on croit que le plus dur est fait, et que d'ailleurs on se dit même "tiens cette nitroglycérine au final elle est pas si sensible", bim on se fait cueillir par un des adieux les plus brutaux à des protagonistes avant même d'être allé au bout de leur arc.

Et j'en viens donc à la remarque de Film Freak qui regrette que le film qui a passé une heure à exposer ses personnages, les expédie en deuxième partie sans utiliser leur caractérisation. C'est je pense le génie du film, ce en quoi il va à rebours de tous les canevas hollywoodiens, qui sont certes efficaces et ont leur avantage, mais ici Friedkin essaie et réussit autre chose: la caractérisation du chaotique combat avec la nature, qui ne tolère aucune émotion, et où le passé est banni.

Je pense tout de même que l'exposition aurait pu être un poil plus courte. D'autant que l'intrigue fait vraiment prétexte: la compagnie pétrolière n'a pas les moyens de faire apporter de la nitro moins usée depuis la civilisation? Mais ça ajoute à l'abstraction du film, fascinante.


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MessagePosté: 14 Mar 2024, 17:23 
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Force est de constater que j'étais passé à côté du film la première fois et le revoir 10 ans plus tard, au sein de cette rétro et après avoir découvert l'original, m'a permis de l'apprécier différemment, les points de divergences avec le Clouzot informant ma lecture du film.

Film Freak a écrit:
Petite déception face à ce film remarquablement symptomatique d'un autre temps (les années 70, sa culture de la tension, du contexte politique, ses zooms) mais que je trouve en deçà de sa réputation (l'inévitable surestimation des "films maudits").

La faute à un scénario qui, après avoir passé CINQUANTE MINUTES (soit près de la moitié de sa durée) à poser les personnages de manière exemplaire (quoiqu'un peu longue sans doute) choisit de ne pas les exploiter une fois l'action (tardive) lancée.

À l'exception de l'excellente séquence mettant en oeuvre l'ingéniosité de l'un d'eux (l'israëlien)

mdr c'est un arabe

Citation:
la caractérisation si soigneusement établie dans la première partie ne mène à rien dans la seconde. C'est un peu dommage de brosser un beau portrait d'équipe composée de protagonistes désespérés pour finalement ne pas profiter de leur potentiel afin d'amplifier les enjeux.

En réalité, plutôt que de découvrir les protagonistes déjà pris dans la ville-purgatoire d'Amérique du Sud, Friedkin leur donne une backstory à chacun et il ne s'agit pas d'un comblage de vide pour se démarquer comme tant de remakes (ou prequels) mais d'une caractérisation qui les condamne d'entrée de jeu à mourir.

La première fois, je n'ai vu que la particularité de chacun, ce qui les différenciait, alors que le but est plutôt de montrer ce qui les rapproche, leurs points communs. Ce sont tous des fuyards. Des criminels de différents domaines (un tueur, un activiste, un banquier, un voleur) qui s'exilent pour échapper à la police ou à la mort. Mais nul n'échappe à la mort.

Le film fait effectivement le choix délibéré de ne pas creuser les relations entre les personnages, à l'inverse du Clouzot qui montrait dans l'action la désillusion de Mario vis-à-vis de son nouveau pote et modèle pour lequel il avait abandonné Luigi, autrement plus débrouillard, altruiste et courageux. Ici, il n'y a pas de rapprochement avant l'épisode de la bombe pour dégager le chemin justement et c'est précisément au moment où deux personnages commencent à se parler...qu'ils crèvent. Cruel.

Parce que si la bourgade est synonyme de limbes, la jungle sera leur enfer.
Aux paysages rocailleux et ensoleillés du film de 1956, Friedkin substitue une jungle luxuriante, bouffant la lumière au même titre que la pluie. Le décor est ici carrément agressif, comme en témoigne ce passage lors de l'incroyable scène du pont où une série de branches semble débarquer de nulle part de façon quasi-surnaturelle pour attaquer Cremer. C'est à croire que l'excursion du cinéaste dans le fantastique avec son précédent film l'a mené à embrasser davantage une imagerie héritée du genre pour caractériser le périple des personnages (le camion qui donne son nom au film tout droit sorti de Fury Road avec son cadran évoquant une dentition monstrueuse, le "climax" dans l'espèce de canyon où Scheider se met presque à halluciner, se remémorant son accident et la question "où je vais?" répétée, laissant limite croire qu'il est mort à ce moment-là).

Citation:
Par conséquent, il ne reste plus que les morceaux de bravoure, fort heureusement exécuté avec brio (le pont, putain), et ce climax cauchemardesque...

Cette fois, j'étais à fond dans les set-pieces, plus même que pour le Clouzot, Friedkin troquant la procédure détaillée de son prédécesseur pour le sensoriel, quitte à user d'ellipses (on ne voit pas le deuxième camion s'engager sur le pont) ou de mystère (on n'explique pas le plan pour faire péter le tronc) ou les deux (Cremer et Hamidou qui apparaissent à pied d'entre les arbres, le spectateur ne sachant alors pas s'ils ont perdu le camion dans l'eau).

Citation:
légèrement amoindri par un épilogue un peu trop dans la "chute".

Comme pour La Salaire de la peur, j'aurais préféré que le film se termine au moment où le dernier survivant livre sa cargaison fatale devant l'imagerie infernale de la colonne de feu mais l'épilogue s'inscrit toutefois dans la démarche de Friedkin : même celui qui s'en est sorti est condamné à mourir. C'est Destination finale le bail.

Revision à la hausse donc.

Hâte de revoir Cruising maintenant.

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MessagePosté: 14 Mar 2024, 20:44 
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Film Freak a écrit:
le "climax" dans l'espèce de canyon où Scheider se met presque à halluciner, se remémorant son accident et la question "où je vais?" répétée, laissant limite croire qu'il est mort à ce moment-là).


Bien, maintenant regarde Le Fils du désert de John Ford.

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MessagePosté: 14 Mar 2024, 20:57 
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Et son docu sur Lang, il pue du cul ?

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MessagePosté: 14 Mar 2024, 21:00 
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JulienLepers a écrit:
Film Freak a écrit:
le "climax" dans l'espèce de canyon où Scheider se met presque à halluciner, se remémorant son accident et la question "où je vais?" répétée, laissant limite croire qu'il est mort à ce moment-là).


Bien, maintenant regarde Le Fils du désert de John Ford.

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Il est pas dans ma liste.

Castorp a écrit:
Et son docu sur Lang, il pue du cul ?

Et alors celui-ci encore moins.

Je fais pas les docs de Friedkin (surtout sur un réal dont j'ai vu que deux films).

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MessagePosté: 14 Mar 2024, 21:03 
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Film Freak a écrit:
surtout sur un réal dont j'ai vu que deux films


Tu sais sur quelle rétro enchaîner.

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MessagePosté: 14 Mar 2024, 21:08 
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MessagePosté: 15 Mar 2024, 00:39 
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Castorp a écrit:
Film Freak a écrit:
surtout sur un réal dont j'ai vu que deux films


Tu sais sur quelle rétro enchaîner.

J'ai dans ma watchlist ses Mabuse ainsi que Moonfleet.

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